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Nawshad Maudhoo, CI de l’ADSU: «Nous n’attendons pas le gouvernement pour agir»

30 juin 2019, 19:30

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Nawshad Maudhoo, CI de l’ADSU: «Nous n’attendons pas le gouvernement pour agir»

Il se passe rarement un jour sans qu’on n’entende parler d’une quelconque saisie de drogue. Pourquoi cette efficacité accrue ? Est-ce grâce à de nouveaux équipements ? Les limiers de l’ADSU ont-ils pris un produit dopant ?

Comment expliquez-vous le nombre croissant de saisies?
L’explication est simple. Deux ans de cela, l’ADSU comptait 220 personnes. Aujourd’hui, il a 425 officiers constamment sur le terrain. C’est cela qui explique l’efficacité. Puis, il est logique que plus de personnel permette de faire plus d’opérations.

Peut-être aussi un peu de pression de la part du gouvernement ?
Le gouvernement a adopté la politique zéro tolérance face à la drogue. Mais nous n’attendons pas l’aval du gouvernement pour passer à l’action. L’ADSU est une unité proactive.

Comment se passe une opération érigée et dirigée par l’ADSU ?
Les paramètres pour une opération ne sont jamais rigides. Il y a différentes manières de procéder. Par exemple, nos officiers peuvent récolter des informations anonymement. Ou encore, il y a la collaboration avec le public. Si nous constatons que plusieurs plaintes émanent d’un même endroit, nous prenons cela très au sérieux. Concernant les cas sensibles, un officier est même disposé à rencontrer l’informateur. Évidemment, il va de soi que son identité sera protégée. Il est même arrivé qu’un officier de l’équipe reste discrètement dans les environs afin que la personne ne soit à risque. Mais notre source d’information la plus importante reste le travail abattu sur le terrain. Par exemple, un policier peut se faire passer pour un consommateur et piéger un dealer.

Toutes les données sont analysées avant que nous montions l’opération. Nous faisons appel à d’autres unités, comme le Groupement d’intervention de la police mauricienne (GIPM), la Special Supporting Unit (SSU), Special Mobile Force (SMF) ou la Marine Commando Force (MARCOSS). Après, vous avez des cellules, comme celle de l’aéroport, qui peut déclencher une opération à n’importe quelle heure.

Cela dit, je tiens à préciser que ce n’est pas la taille de l’opération qui compte. Des fois, les petites sont plus fructueuses que celles où nous sommes à plusieurs.

Et combien cela coûte aux contribuables ?
Ah ça, je ne peux pas vous le dire…

Est-ce qu’il y a des endroits qui méritent plus d’attention que d’autres ?
Non. Nous opérons à travers l’Île. Toutefois, dans les lieux les plus sensibles, il y a des patrouilles régulières.

Sinon, qui peut être membre de l’ADSU ?
La règle d’or est l’intégrité. Pour intégrer l’équipe, il faut aussi avoir la volonté de faire avancer les choses et être un enquêteur méticuleux. Idéalement, il faut une personne qui a passé au moins cinq années au sein de la force policière, mais encore une fois, ce n’est pas une règle rigide. Le Commissaire de police peut intervenir et quelqu’un avec moins d’expérience peut être membre. Bon, après, ce n’est pas un métier sans risque, raison pour laquelle l’officier doit être fort, que ce soit physiquement ou mentalement.

On présume qu’il y a une formation spéciale ?
Évidemment. La formation de base est le combat contre la drogue dans toutes ses formes. Cet encadrement dure deux mois. Puis, ils sont dispersés sur le terrain. Mais ne croyez pas qu’ils ont carte blanche, il y a un suivi constant de chaque membre de l’équipe.

Vos hommes sont-ils armés ?
Cela dépend des opérations. Il le faut, surtout pour assurer leur sécurité. Dans les cas de légitime défense, ils peuvent en faire usage. Les hommes sont aussi formés au combat. Cela leur est utile, dépendant des cas…

Une anecdote ? Quelque chose qui vous a marqué dans votre carrière à l’ADSU ?
(Rires) Ah, il y en a eu tellement ! Mais je n’ai toujours pas oublié cette opération dans le nord de l’ile. Nous avions perquisitionné la maison d’un trafiquant et avions découvert Rs 5 millions en pièces de Rs 5 et de Rs 10. C’était la preuve que sa clientèle était composée de jeunes. Et comme il y avait une école à côté... Ah, il y a cette autre fois où lors d’une descente, nous avions pris en flagrant délit des suspects qui emballaient 10,5 kg d’héroïne dans des sachets.

 

Les statistiques

<p style="text-align: justify;"><em>L&rsquo;Anti Drug &amp; Smuggling Unit</em> (ADSU) a du pain sur la planche. Entre les opérations organisées qui sont souvent fructueuses et les arrestations des &laquo;<em>petits dealers&raquo;</em> sur une base presque quotidienne, la quantité de drogue saisie impressionne.</p>

<p style="text-align: justify;">Les chiffres parlent d&rsquo;eux-mêmes. De janvier à juin de cette année, la valeur des drogues, toutes catégories confondues, s&rsquo;élève à Rs 364 millions. &laquo;<em>En 2016, ce chiffre était de Rs 329 millions pour toute une année. Et nous avons encore six mois à travailler...&raquo;</em> avance une source au sein de l&rsquo;unité. D&rsquo;ailleurs, les limiers de la brigade antidrogue affirment qu&rsquo;ils doivent toujours être en alerte, car les trafiquants rivalisent d&rsquo;ingéniosité pour faire pénétrer les substances illicites à Maurice. S&rsquo;ils se fient à ceux qui transportent des boulettes d&rsquo;héroïne dans leurs estomacs, certains n&rsquo;ont pas caché leur surprise lorsque, le 11 mai dernier, <a href="https://www.lexpress.mu/article/352921/saisie-subutex-enfants-mules-avaient-fete-leur-anniversaire-paris">deux enfants âgés de 6 et 9 ans</a> avaient été utilisés comme passeurs pour faire entrer 2 310 cachets de Subutex à Maurice.</p>

<p style="text-align: justify;">&nbsp;Pas plus tard que la semaine dernière, 1,55 kg d&rsquo;héroïne, valant un peu plus de Rs 23 millions, a été découvert sur le navire &laquo;<em><a href="https://www.lexpress.mu/article/355573/saisie-dheroine-resultats-adn-lequipage-msc-agata-attendus">MSC Agata</a></em><em>&raquo;. </em>La veille, c&rsquo;est lors d&rsquo;une descente chez un barman de 24 ans, habitant Résidence Richelieu, que la drogue avait été découverte. La valeur marchande était de Rs 4,9 millions.</p>

<p style="text-align: justify;">Rien que pour cette année, 15,4 kg d&rsquo;héroïne ont été saisies. <em>&laquo;Ou koné komié lavi ti pou perdi akoz sa ? Ou koné komié zanfan ti pou mor ?&raquo;</em> se demande un autre membre de l&rsquo;équipe. Ce dernier avance que ces derniers temps, non seulement plus d&rsquo;enquêteurs descendent sur le terrain, mais d&rsquo;autres unités de la police mettent aussi la main à la pâte.</p>

 

 

 

En chiffres…

<p style="text-align: justify;">&nbsp;Le montant des saisies (toutes drogues confondues)</p>

<p style="text-align: justify;">2016 : Rs 329 millions</p>

<p style="text-align: justify;">&nbsp;2017 : Rs 2,7 milliards</p>

<p style="text-align: justify;">&nbsp;2018 : Rs 2,2 milliards</p>

Janvier à juin 2019 : Rs 364 millions

<p style="text-align: justify;">Cannabis : 5,4 kg, Rs 3.2 millions</p>

<p style="text-align: justify;">&nbsp;Héroïne :15,4 kg, Rs 231 millions</p>

<p style="text-align: justify;">&nbsp;Drogue synthétique (simik local) : 700 grammes, Rs 1 million</p>

<p style="text-align: justify;">Drogue synthétique (importé) : 1 kg, Rs 15 millions</p>

<p style="text-align: justify;">&nbsp;Haschisch : 32 kg, Rs 97 millions</p>

<p style="text-align: justify;">&nbsp;Sédatif (psychotropes) : environ 3 000 cachets, Rs 465 000</p>

<p style="text-align: justify;">&nbsp;Subutex : environ 2 300 cachets, Rs 5,5 millions</p>

<p style="text-align: justify;">&nbsp;Métaphétamine : 220 grammes, Rs 33 000</p>

<p style="text-align: justify;">&nbsp;Ecstasy 100 cachets, Rs 150 000</p>