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Kentis Sooriamoorthy: «Il y a déjà un mécanisme de contrôle, pourquoi en rajouter ?»

20 mai 2019, 20:00

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Kentis Sooriamoorthy: «Il y a déjà un mécanisme de contrôle, pourquoi en rajouter ?»

Les nouveaux règlements imposés par le ministère de la Santé aux pharmaciens sur la vente des psychotropes font grincer desdents. Ils verront la livraison de ces médicaments limitée à quatre fois la semaine et devront estampiller les «requisitions form» en personne. Le pharmacien Kentis Sooriamoorthy déplore que ces mesures aient été communiquées à la hâte, sans consultation.

Le ministère de la Santé a émis une circulaire sur les nouvelles réglementations sur la vente des psychotropes. Quelle est votre réaction ?
C’est une bonne chose de vouloir mettre de l’ordre dans le système. Mais il faut aller au fond des choses, comme la sécurité lors des livraisons, le système de sécurité des livreurs. Ces mesures auraient pu être appliquées autrement. Je comprends qu’il y ait une hâte pour appliquer les recommandations du rapport de la commission d’enquête sur la drogue de Paul Lam Shang Leen. Cependant, il existe déjà un mécanisme de contrôle, pourquoi en rajouter ?

Pourtant, le rapport parle de mesures de contrôle strictes. Ce n’est pas déjà le cas ?
Le système actuel marche très bien. Les registres sont vérifiables ainsi que les documents y relatifs. Il faut faire ressortir qu’il y a eu des cas de fraude et de falsification détectés. Donc, le système de contrôle marche déjà. Mais peut-être y a-t-il des pressions pour appliquer les mesures du rapport de la commission drogue. D’ailleurs, ce document préconisait un système informatique pour contrôler les données envoyées par les pharmacies.

Une des mesures est de limiter la livraison des psychotropes à quatre fois par mois. Estce une bonne décision ?
Il y a plusieurs implications dans cette mesure. Se faire fournir quatre fois le mois aura des conséquences sur les pharmacies, qui seront obligées d’overstock ou understock dans certains cas. Il se pourrait que des médicaments expirent aussi. Surtout, il y a des risques que des personnes surveillent le rythme des livraisons et attaquent le véhicule de marchandise ou la pharmacie.

Parmi ces nouvelles mesures, il y a le «requisition form», que les pharmaciens enregistrés doivent estampiller. Estce là où le bât blesse ?
Les pharmaciens trouvent cela déplacé de devoir se rendre au ministère de la Santé en personne avec le requisition form et les registres. Le ministère a trouvé cette solution pour faire estampiller le document, sans penser aux implications pratiques. La plupart des pharmaciens ne sont pas propriétaires de leur officine. Ils doivent laisser leur poste pour se rendre au ministère. C’est une bonne mesure, mais faite sans qu’il n’y ait de provisions pour envoyer une autre personne. Aussi, chacun à une façon de classifier ses bons de commande. Comment avoir un contrôle sur ces registres qu’il faut remettre en main propre ? Autre exemple, la livraison de médicaments doit se faire en présence d’un pharmacien. Mais s’il n’est pas là à ce moment-là ? Il fallait informatiser et offrir un logiciel aux pharmacies pour un contrôle rigoureux. Mais peut-être que c’est le meilleur moyen que le ministère a trouvé pour avoir un meilleur contrôle.

Mais cela a provoqué un tollé…
Je pense que c’est la manière de faire qui est décriée, car tous les acteurs n’ont pas été consultés. Je crois comprendre qu’il y a eu des pressions pour appliquer les mesures.