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Le sauvetage de Fond-du-Sac et Cottage n’aura pas lieu… de sitôt

11 avril 2019, 22:16

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Le sauvetage de Fond-du-Sac et Cottage n’aura pas lieu… de sitôt

La frayeur que ressentent les habitants à chaque grosse pluie ne devrait pas s’estomper de sitôt. Ce n’est, en effet, pas avant 18 à 24 mois que les travaux d’aménagement de drains seront achevés.

Munie d’un balai, elle tente tant bien que mal de retirer la boue qui a infiltré sa maison suivant la rapide montée des eaux à Fond-du-Sac. C’est d’ailleurs dans la rue que Melina Naiko, son bébé de six mois sur les bras, a passé la nuit de mardi. «Nous n’avons plus le courage de nous battre et nous relever», lâche-t-elle. Plusieurs autres sinistrés – on compte 125 maisons inondées – disent avoir été «assommés».

Pourtant, du courage, il leur en faudra. Ce n’est pas avant deux ans que les villages du Fond-du-Sac et de Cottage, connus pour être des flood prone areas, seront dotés de drains. Un projet annoncé en 2013, puis annulé avant d’être relancé en 2016. Sauf que l’attente se fait longue pour les habitants. Il nous revient que la procédure d’appel d’offres pour l’aménagement des drains à Fond-du-Sac n’a pas encore été lancé. Qui plus est, les travaux, au coût de Rs 300 millions à Rs 350 millions, devraient durer environ deux ans…

À en croire Sunael Purgus, président du conseil de district de Pamplemousses, d’ici trois mois, les travaux pour l’aménagement de drains devra débuter. Il concède toutefois que la procédure pour l’acquisition obligatoire des terrains pourra retarder quelque peu le projet. «Pli enn dimounn pa pou lé donn so térin, plis prosédir pou long.»

Ce que confirme Sudesh Rughoobur, sollicité par l’express. Le député de la circonscription n°6, Grand-Baie–Poudre-d’Or, qui se trouve actuellement à l’étranger, concède que le chantier principal, qui inclut l’aménagement de drains, n’a pas encore démarré à Fond-du-Sac en raison des complications liées à l’acquisition de terrains. Les terrains en question appartiennent à une cinquantaine de planteurs. «Pandan pré trw zan, nou’nn bizin al rod propriéter enn par enn. J’ai moi-même présidé de nombreuses réunions depuis 2015. Cet exercice vient d’être complété, le plan de conception est en voie de finalisation. Il nous reste à lancer l’appel d’offres d’ici trois mois.»

Les travaux, poursuit Sudesh Rughoobur, devraient durer entre 18 à 24 mois. Il regrette qu’en attendant, les conseils de district du Nord ne «fonctionnent pas comme il faut» dans les moments de détresse. «Mardi, ti kapav éna mort d’homme. Le Disaster Risk Reduction and Management Centre semble être dépassé sur le plan régional.» Et s’il est vrai qu’une loi a été votée en 2016, dit-il, encore faut-il «qu’il y ait des personnes compétentes pour gérer en attendant les travaux car il y aura encore de la pluie et encore des inondations. Zordi sé enn fiasco total».

Ellayah Prembhoodas, le président du conseil de district de Rivière-du-Rempart, ne l’entend toutefois pas de cette oreille. «Il (NdlR, Sudesh Rughoobur) est un lâche. C’est une honte d’avoir un tel député!» Pour lui, il est faux de dire que la gestion des inondations n’est pas faite de manière professionnelle. «Il y a des réunions, chaque deux semaines, avec toutes les parties prenantes. Li pa kone ki li pe dir.» Les habitants de la région soutiennent également que le président du conseil de Pamplemousses, Sunael Purgus, était sur le terrain pour apporter son aide mardi soir.

Toujours est-il que les habitants de la région disent vivre dans la peur. «Sak fwa lapli tonbé nou éna sa frayer-la dan nou», confie Deviani Nawosah. Sa maison a été complétement submergée par la montée des eaux mardi. «Si les pompiers n’étaient pas intervenus pour nous faire sortir de la maison, ma fille et moi, nous serions mortes…»

Idem pour Sona Shewhorak, 79 ans, qui a assisté, impuissant, à l’inondation de Fond-du-Sac. «Délo finn ariv presk kot dal. Pa’nn kav sap nanyé, mo finn bizin sové al kot vwazin», raconte-t-il. Dans la matinée d’hier, il regardait avec intérêt, les faits et gestes des éléments de la Special Mobile Force qui nettoyaient sa maison. «Sé bondié ki finn désid sa non,ki mo pou kav fer ?»

Outre les maisons, des commerces, tels que boutiques, bijouteries et magasins ont été largement touchés. Une question revient sans cesse : «Nou fi’nn perdi tou… tou finn alé…gouvernma pou ranboursé sa ?»