Vendredi, 10 heures à Résidence Atlee. La circulation est fluide, la voie n’est pas obstruée, les pierres sont rangées dans un coin de la rue, l’odeur de caoutchouc brulé s’est évaporée depuis samedi dernier. Jour où des «émeutes» ont éclaté à cause des robinets qui étaient à sec depuis plusieurs jours... 

C’était décidément la goutte de trop. 

Antonia Hovas, un habitant de la région, attend l’autobus pour se rendre au travail. L’eau coule désormais, avoue-t-il, soulagé. Même si la hantise des toilettes qui débordent, des assiettes et des vêtements sales, faute d’eau, est toujours là. «On ne sait pas à quoi s’attendre à l’avenir...»

À ses côtés, une de ses voisines, Frances Sandian. L’eau coule certes, mais elle a une sale tête. «Hier gramatin ti gayn délo malang mé apré inn ré korek. Mo espéré pa pou gagn problem la santé ek sa...»

En attendant l’arrivée – ou pas – des microbes, ces Curepipiens s’accordent à dire qu’ils ne sont pas prêts d’oublier les incidents de la semaine dernière. Non, ils ne regrettent pas les pneus brûlés, les cris de colère. Car ils étaient à bout. «Nou fier nounn lévé, nou tou ti solider. Si pa ti fer sa, pa ti pou gagn delo !»

Quelques mètres plus loin, un homme, casquette bleue vissée sur la tête. Jean-Paul Beeharry nous invite chez lui. L’eau ne coule plus depuis quelques minutes mais heureusement pour lui, il a son réservoir. «Il faut être paré à toute éventualité. La pression d’eau varie au courant de la journée mais au moins il y en a.»

Brigitte, elle, s’active à «bross sali». Elle fait part de son soulagement après les épisodes de la semaine dernière. «Dilo pé koul gro.» Son voisin, Denis Euphrasie, retraité, souhaite que l’incident serve de leçon aux politiciens. 

Sont-ils prêts à redescendre dans la rue si besoin est ? «Mo pa krwar pou ré éna sa. Eleksyon pré la...» Une déclaration ponctuée d’un sourire narquois..