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Découverte à Chebel: les grottes pas considérées comme patrimoine

19 mars 2019, 22:08

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Découverte à Chebel: les grottes pas considérées comme patrimoine

Leur grand âge n’y change rien. Du haut de leurs milliers d’années, grottes ou tunnels de lave ne sont pas officiellement classés comme patrimoine national. Ces structures ne relèvent pas du National Heritage Fund (NHF).

Après la découverte du «trou» à Chebel, un technicien de Larsen & Toubro avait indiqué la semaine dernière : «Le National Heritage Fund ne nous a pas signalé la présence d’une quelconque icône patrimoniale, comme cela a été le cas pour le pont de Grande-Rivière-Nord-Ouest et l’Aapravasi Ghat : deux sites qui ne peuvent être endommagés.» Ce que le ministère des Arts et de la culture confirme (le NHF relève de ce ministère). «Avant le début des travaux, nous avons fourni une liste du patrimoine, de Rose-Hill à Port-Louis.» Cette liste comprend le bureau de poste de Rose-Hill, le Plaza bien sûr, deux tombes à Beau-Bassin et l’une à Chebel, l’ancienne gare Victoria entre autres.

Sauf que les grottes n’en font pas partie. Pourquoi ? «Les cavernes ne relèvent pas du NHF», dit-on simplement au ministère. En dehors des statues, tombes et édifices, les éléments naturels inscrits au patrimoine national sont les ossements de dodo et la montagne du Morne.

Pour Thierry Le Breton, responsable de l’ONG SOS Patrimoine en péril et membre du conseil d’administration du NHF, «c’est vrai que cela ne relève pas du NHF, vu le cadre légal existant. Mais l’institution n’a pas le droit de se déresponsabiliser de cette question». Il reconnaît que ce corps paraétatique «n’a pas les moyens de faire un travail préventif. Il ne fait que du fire fighting, de la gestion de crise». Comme la géologie ne relève pas du NHF, il n’y a pas de spécialiste de la question auprès de l’institution.

Thierry Le Breton explique que lors de discussions autour d’amendements à la National Heritage Act, «il y a eu un grand débat. Est-ce que le patrimoine naturel doit y être inclus ?» Les méthodes d’intervention et de conservation pour ces différents types de patrimoines ne sont pas les mêmes. «La réversibilité de l’état de ces patrimoines doit aussi être prise en compte.» Des amendements à cette loi sont attendus de longue date. «À l’époque, il avait été décidé de ne pas inclure des éléments naturels dans la nouvelle loi.»

Ce qui, selon Thierry, n’empêche pas «un patrimoine naturel d’avoir une valeur culturelle». Il cite le cas de la montagne du Morne, classé patrimoine mondial de l’Unesco, comme «paysage culturel». Ce qui ramène à la valeur culturelle de ce qui a été (re)découvert à Chebel. «Est-ce que cela a une valeur anthropologique ? Une valeur pour les habitants ? Est-ce que des rites étaient pratiqués à cet endroit ?» Autant de facteurs qui expliquent pourquoi Thierry le Breton martèle : «Les cavernes ne relèvent pas directement du NHF mais on doit se sentir concerné.»