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Alison Virassamy: la misère n’arrête pas les «A»…

24 février 2019, 16:42

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Alison Virassamy: la misère n’arrête pas les «A»…

L’organisation non gouvernementale SOS Village d’Enfants ne se contente pas de regrouper dans des maisons des enfants vulnérables. L’ONG applique aussi d’autres programmes dans la communauté dont le Renforcement de la Famille. Alison Virassamy, une des bénéficiaires dudit programme, en a pleinement profité, comme l’en attestent ses résultats de Form VI.

A en Business, A en Français, E en Mathématiques, C en General Paper et C en Anglais. On peut dire que ce résultat de Higher School Certificate (HSC) d’Alison Virassamy est bon, et ce, même si sa note en mathématiques est limite. «Koumadir matématik-la pa tro mo kamwad», reconnaîtelle. «Mais j’ai tout de même réussi à ne pas échouer dans cette matière.»

Si aujourd’hui, cette jeune fille de 18 ans, habitant Camp Lejuge à Curepipe, se sent nettement plus en confiance, tel n’a pas toujours été le cas. Alison Virassamy est issue d’une cellule familiale brisée. Elle a trois jeunes frères, âgés respectivement de 17, 11 et huit ans. Sa mère travaille comme employée de maison. Alison Virassamy ne se rappelle pas la dernière fois qu’elle a vu son père biologique tant cela remonte à loin. Elle a un beau-père qui travaille actuellement pour la Waste Water Management Authority mais il a longtemps galéré avant de trouver un emploi fixe.

C’est à travers sa mère, qui donne un petit coup de main à SOS Village d’Enfants, organisation qui a une antenne à Curepipe, que l’ONG s’est intéressée à Alison Virassamy et aux siens. À l’époque, Alison n’était encore qu’une enfant et était scolarisée en Standard V à la Cité Atlee Governement School. C’est Nathalie Edoo, travailleuse sociale dans le programme Renforcement de la Famille dans la zone s’étendant de la Cité Anoska jusqu’aux cités de Curepipe, incluant le centre-ville, qui a repéré l’enfant et sondé les besoins de sa famille. C’est ainsi que les Virassamy ont bénéficié de coupons alimentaires trimestriels auprès de Winners. L’instituteur d’Alison Virassamy ayant réalisé qu’elle a du potentiel lui a donné des leçons particulières gratuites le samedi.

Un coup de pouce payant puisqu’elle a obtenu 22 unités au Certificate of Primary Education, devenant la première élève de cette école à offrir un tel résultat à l’établissement. «L’année précédant mon résultat, un garçon avait obtenu 24 unités. L’année suivante, ça a été moi avec deux unités de moins que lui. L’école était très fière de moi.»

Un résultat qui lui a ouvert les portes du Lorette de Curepipe. SOS Villages d’Enfants Maurice, à travers son programme Renforcement de la Famille, lui a régulièrement offert du matériel scolaire et lui a payé des cours particuliers en mathématiques et en Add Maths. «Le fait de prendre ces leçons deux fois la semaine m’a grandement aidée», raconte la jeune fille.

Grâce à SOS Villages d’Enfants, elle a également intégré le Youth Employability Programme, qui a lieu durant les vacances au centre de vacances et de loisirs de Trou-aux-Biches. Pendant deux jours, des activités sont proposées à une vingtaine de jeunes garçons et de filles de 14 à 16 ans. Encadrement financé par la banque HSBC et qui leur apprend tout ce qu’un jeune doit savoir par rapport à l’embauche. Mais ils ont aussi eu droit à des loisirs. Ce programme s’échelonne sur deux ans.

Cet encadrement de SOS Villages d’Enfants à son égard l’a fait s’épanouir. «Je ne suis plus aussi réservée qu’autrefois. C’est même l’inverse, je suis devenue extravertie. J’ai gagné en confiance et je suis capable de m’exprimer en public.» L’an dernier, toujours grâce à l’ONG, elle a pu participer au Youth Parliament et aller s’asseoir au sein de l’hémicycle et se mettre dans la peau de nos vrais parlementaires. «Nous devions nous exprimer par rapport aux objectifs de développement durable et ma participation m’a permis de comprendre comment fonctionne cette institution qu’est le Parlement.»

Elle est aussi une des plus fidèles participantes des camps organisés par SOS Villages d’Enfants Maurice où les jeunes sont sensibilisés aux dangers guettant la jeunesse comme les grossesses précoces, les infections sexuellement transmissibles et les drogues synthétiques. «Dans ma localité, il y a des jeunes qui ont été happés par la drogue. J’en connais. Certains ont le même âge que moi. C’est triste.» Par l’entremise de l’ONG, elle a aussi pu participer au Forum du Children’s Bill organisé l’an dernier par Rita Venkatasamy, Ombudsperson for Children, dont l’objectif était d’inciter les jeunes à livrer leurs suggestions par rapport au Children’s Bill. Maintenant qu’Alison Virassamy a réussi à obtenir son HSC, elle veut faire des études supérieures en Bus ine s s communication ou en Management, à moins qu’elle n’opte pour un Bachelor of Science (BSc) en Ressources humaines. «Ma matière préférée est le business. Il faudra que je voie ce que propose l’université de Maurice à cet effet. Je me vois davantage travaillant dans un bureau qu’enseignant par exemple. Mais qui sait, je peux peutêtre changer d’avis.»

Alison Virassamy est ravie de la gratuité des études supérieures. Pour ce qui est des frais administratifs obligatoires de Rs 10 000, Alison Virassamy sait pouvoir compter sur SOS Villages d’Enfants. «Mon enseignante de Business, Shevika Teepoo, m’a conseillé de faire un double BSc. J’y songe sérieusement.»

Le programme Renforcement de la Famille implique toute la famille. Ainsi, Emilien, le frère d’Alison Virassamy, qui a 17 ans et qui est intéressé par l’hôtellerie, obtiendra un financement pour suivre un cours auprès de l’École hôtelière. Tout comme le programme Renforcement de la Famille de SOS Villages d’Enfants ne compte pas lâcher Alison. «Bien qu’elle vole de plus en plus de ses propres ailes, nous continuerons à la suivre», raconte Nathalie Edoo. «Si elle a besoin de stage, nous la prendrons soit au SOS Villages d’Enfants, soit nous essaierons de lui trouver un placement auprès de DHL, qui comme la banque HSBC, nous aide énormément.»

Alison Virassamy s’estime chanceuse de tout ce qu’elle a reçu à travers le programme Renforcement de la Famille. «Je crois que ma plus grande réussite est au niveau de ma personnalité. Je me suis affirmée. Je n’ai pas peur de parler en public, de poser des questions, de m’exprimer. J’ai été transformée…»

 

 

658 bénéficiaires sous le programme de Renforcement de la Famille

<p style="text-align: justify;">Le programme de <em>Renforcement</em> de la Famille de SOS Villages d&rsquo;Enfants a bénéficié à 658 personnes en 2017. L&rsquo;objectif de ce programme est de soutenir les enfants et subvenir aux besoins de la famille afin que celle-ci devienne autonome.</p>

<p style="text-align: justify;">Le SOS village d&rsquo;Enfants de Beau-Bassin, incluant les maisons intégrées dans la communauté, a pris en charge 62 enfants abandonnés ou négligés en 2017 et celui de Bambous 60 enfants dans le même cas durant la même période. Cinquante-trois jeunes adultes, qui sont passés par le SOS Villages d&rsquo;Enfants Maurice, ont réintégré leur famille et bénéficient d&rsquo;un suivi des travailleurs sociaux de cette ONG.</p>