Publicité

Aken Wong: «La lutte contre le communautarisme a connu un recul»

16 février 2019, 15:29

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Aken Wong: «La lutte contre le communautarisme a connu un recul»

Aken Wong. Ce nom n’évoquera, sans doute, pas grand-chose aux membres actuels du Mouvement militant mauricien (MMM). Cependant, les retrouvailles de ce militant des années de braise avec ses camarades d’antan sont toujours chaleureuses.

Comme la semaine dernière, lors du vernissage de l’exposition, à l’Institut Français de Maurice, des dessins réalisés en prison par feu Hervé Masson. Aken Wong et ses anciens compagnons de lutte, Amédée Darga, Rajen Dyalah et Alain Laridon, prenaient plaisir à évoquer des souvenirs de la période épique des années 70.

Nous posons tout de suite l’inévitable question : comment trouvez-vous le MMM d’aujourd’hui ? «Je suis triste que le parti ait fait autant de compromis, mais c’était sans doute inévitable.» Aken Wong s’empresse de préciser avec force : «En dépit de tout, je reste toujours fidèle au MMM

L’ex-habitant de Belle-Rose, rentré au pays après plus de trois décennies passées à l’étranger, ne peut pas comprendre l’attitude de nombreux compatriotes. Lui qui rêvait d’une vraie nation mauricienne et qui y croit toujours, se dit plutôt déçu. L’anti-communautariste engagé n’a pas trouvé une situation sociale conforme à ses attentes. «La lutte contre le communautarisme a connu un recul», avance Aken Wong, qui est resté un militant acharné du mauricianisme.

Aujourd’hui, qu’il court sur ses 71 ans, le retraité ne sort pas beaucoup. Dans sa demeure dans le village de Cascavelle, il goûte à ses plaisirs : la littérature, la musique classique, l’art en général. Le septuagénaire suit avec intérêt la vie artistique mauricienne et demeure attentif à l’évolution sociale du pays.

Ce penchant d’Aken pour le social date de sa jeunesse. Il a tout juste 20 ans quand il va assister à un forum, à la mairie de Quatre-Bornes. Le militant s’en souvient : «Ce jour-là, on discute de «La place de Maurice dans le monde». Les protagonistes du débat sont, d’un côté, Maurice Lesage, Kher Jagatsingh et Harry Saminden et, de l’autre, trois jeunes : Paul Bérenger, Jooneed Jeeroburkhan et Dev Virahsawmy.»

Manifestations et emprisonnement

Dès ce moment, Aken Wong rejoint les premiers animateurs du Club des étudiants, notamment Amédée Darga et Sushil Kushiram. Ils se retrouvent avec d’autres camarades dans des manifestations : contre la guerre au Vietnam, lors de Tyfaite, une foire agricole organisée pour l’association Young Farmers, contre la venue de la princesse Alexandra, à Saint-Jean, contre le gouvernement de coalition PTr-PMSD, la veille de l’élection de Dev Virahsawmy à Triolet-Pamplemousses.

C’est lors d’une de ces manifestations qu’Aken Wong sera arrêté et jeté en prison. Il y passera près d’une semaine. Par la suite, il se retrouve au journal Le Militant, dirigé, alors, par Hervé Masson. Quand l’organe du MMM est mis sous scellés, Aken prend de l’emploi aux Casinos de Maurice avant de s’envoler pour l’étranger.

Après un court séjour en Angleterre, le jeune Mauricien se rend en France et s’inscrit à l’université de Vincenne. Puis, Aken Wong s’en va en Chine. Il est prof de français dans un établissement d’enseignement supérieur à Pékin.

 Le militant de gauche découvre la réalité d’un régime communiste. Là-bas, à cette époque, les professionnels devaient accepter l’interventionnisme du parti. Toutefois, pour l’enseignant mauricien, les années passées en Chine sont déterminantes. «Je dois à cette période de ma vie tout ce que je suis aujourd’hui.»

 Par la suite, c’est le retour en France. Grâce à son expérience et à sa compréhension des réalités asiatiques, Aken Wong entre à la direction internationale d’Alcatel, l’importante société française de téléphonie. Il y passe 22 ans. À sa retraite, le militant qui, très jeune, avait été contraint d’émigrer pour assurer son avenir, décide de rentrer au pays. L’adversaire du «communalisme» s’est installé à Cascavelle et continue à espérer une vraie entente entre tous ses compatriotes.