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Saahir Goolfee : «C’est ma grande gueule qui m’attire beaucoup de problèmes»

10 février 2019, 18:15

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Saahir Goolfee : «C’est ma grande gueule qui m’attire beaucoup de problèmes»

Il n’est plus étudiant à l’Université de Maurice (UoM). C’est la raison pour laquelle Saahir Goolfee, ancien président de la student union, a été déchu de son poste de représentant des étudiants au sein du conseil de l’UoM, dix jours après son élection. Le jeune homme, qui doit «graduate» en avril, a eu recours à la justice pour renverser cette décision et stopper l’élection, prévue les 26 et 27 février, d’un nouveau représentant.

Pourquoi tenez-vous autant à être sur le conseil de l’Université de Maurice (UoM) ?

J’ai été représentant de la faculté des sciences, ensuite j’ai complété deux mandats en tant que président de l’union des étudiants. J’avais presque terminé mon Mastère, je partais, mais ce sont les étudiants de l’UoM qui m’ont demandé d’être de nouveau candidat.

Pourquoi alors ne pas avoir accepté la décision de l’UoM en décembre ?

C’est parce que j’ai été élu pour un mandat et je veux le compléter car c’est ce que veulent les étudiants de l’UoM. On a encore beaucoup de choses à accomplir au sein de l’université.

Vous voulez donc compléter ce que vous n’avez pas pu accomplir au sein de l’union des étudiants ?

Non, on a à chaque fois respecté nos promesses électorales faites lors des campagnes à l’université. Toutes les années, notre bilan a été très encourageant. Nous avons pu changer des choses à l’université de Maurice.

Pensez-vous que la décision de vous évincer du conseil vient justement du travail accompli durant vos années au sein de l’union des étudiants ?

Certainement. Je pense qu’il y a une certaine vendetta contre moi à l’université de Maurice. Ce n’est pas exactement une vendetta politique, mais ce n’est pas normal que quand c’est mon tour, on me mette à la porte en moins de dix jours alors que dans d’autres cas, les candidats qui n’étaient plus étudiants à l’UoM ont eu jusqu’à trois mois sur le conseil.

Y a-t-il des lobbies politiques ou sectaires lors des élections à l’UoM ?

 Ni l’un ni l’autre. Déjà, je suis issu d’une minorité à l’UoM et malgré cela, j’ai obtenu 85 % des votes. Quant à la politique, aucun membre de l’union des étudiants n’est affilié à un quelconque parti. Par ailleurs, des partis m’ont approché mais cela ne m’intéresse pas. Je trouve qu’il faut un renouveau en politique. Mais cela ne m’intéresse pas.

«selon mes informations, je suis sur la liste noire de la national Security Service…»

Qu’est-ce qui explique la baisse de niveau dans le secteur de l’éducation à Maurice ?

 C’est ce changement constant de système. Il n’y a pas de stabilité. Leçons particulières tous les jours, pression constante, les élèves ne peuvent pas gérer. Mais, je dois dire que le niveau à UoM n’a pas baissé. Elle a toujours produit de très bons éléments. L’Université de Maurice est sans conteste la meilleure institution tertiaire du pays.

Vous aviez les cinq «credits» requis en SC, vous ?

Oui, ce n’est pas difficile d’avoir cinq credits. Je ne pense pas que ce soit une mauvaise chose de maintenir ce niveau. En même temps, même avec trois credits et deux A-levels, des élèves peuvent très bien faire à l’UoM. Je connais même une étudiante qui a obtenu un «first class» après.

Vous êtes souvent au centre de polémiques liées à l’université. Estce tellement difficile de faire bouger les choses à l’UoM ?

 Il y a une barrière entre les étudiants et les «dirigeants». C’est comme s’ils étaient des «gran palto» et nous, étudiants, le petit peuple. À chaque fois qu’on demande une réunion ou qu’on revendique quelque chose, on nous renvoie au registrar. On n’a d’autre recours que d’aller vers les médias.

Ce n’est également pas la première fois que vous menacez de traîner l’université en justice…

Mais c’est la première fois que je vais de l’avant car avant, tout avait pu être réglé avant de faire appel à la justice.

 Le chantage c’est votre monnaie de change ?

Ce n’est pas comme si on avait le choix… Si on veut faire bouger les choses, il faut agir.

Est-ce que la situation est aussi mal en point à l’Université de Maurice ?

Oui, il y a des problèmes à plusieurs niveaux. L’infrastructure n’a pas connu d’amélioration depuis longtemps. Un étudiant en Mastère m’a dit que ce sont les mêmes depuis 1998, il y a les mêmes chaises et tables. De plus, il y a une mauvaise gestion de l’argent. Ce n’est pas comme si l’université n’en avait pas ! Par exemple, si on analyse le bilan financier, moins de la moitié de l’argent destiné à la bibliothèque est utilisée pour cet item. Le plus gros de l’argent est plutôt utilisé pour faire le salaire des employés. Il y a aussi des pertes d’argent comme avec la location des locaux à EON Reality, ou encore depuis l’ouverture de la nouvelle cafétéria, le gérant ne s’étant jamais acquitté des frais de location.

La situation ne va pas se dégrader avec l’université gratuite ?

Non, car l’université est déjà quasiment gratuite. L’argent qui ira à l’université ne va pas diminuer. De plus, ce sont surtout les cours post-graduate qui coûtent le plus. Par exemple, j’ai contracté un prêt étudiant pour financer mon Mastère. Et là j’ai «apply» pour un PhD car je n’ai pas encore eu un emploi.

Vouz avez déjà postulé ?

J’ai postulé pour plusieurs emplois au sein de la fonction publique ou des corps parapublics. Même si je suis qualifié, on m’appelle pour une interview, ensuite rien. Certains jobs ne demandent qu’un Higher School Certificate et moi j’ai un diplôme. Mais même là, rien. Selon mes informations, je suis sur la liste noire de la NSS (NdlR : National Security Service)…

C’est grave, ce que vous dites. Pourquoi seriez-vous sur une liste noire ?

 C’est ma grande gueule qui m’attire beaucoup de problèmes…

Entre être une grande gueule à l’université et être sur la liste noire de la NIU, il y a quand même un gouffre

C’est parce que je suis perçu comme un «anti-gouvernement». Alors que ce n’est pas le cas. Je dis simplement haut et fort ce que je trouve est mauvais.