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Agro-industrie, recyclage d’huiles usées: le manque de sensibilisation fait tache

9 février 2019, 03:31

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Agro-industrie, recyclage d’huiles usées: le manque de sensibilisation fait tache

Supermarchés, centres commerciaux et écoles seront bientôt pour- vus de bacs de récupération d’huile alimentaire pour du recyclage. Mais cette démarche peine à rentrer dans la culture des citoyens. Pourquoi ? Et qu’en est-il des huiles de moteur ? En quoi sont-elles retransformées ?

Au collège Lorette de Curepipe, le couloir est truffé d’élèves et d’enseignantes. Bidons en main, elles les insèrent dans une grosse boîte rouge. Le conteneur, gorgé d’huile de cuisson usée, sera vidé pour son prochain cycle de vie : le recyclage.

«Beaucoup de gens déversent leurs huiles dans l’évier. C’est dangereux pour l’environnement. Ces substances se déversent en mer et affectent les animaux aquatiques», déclare Emmanuelle Rambert, 16 ans. Pour Reeya Purusram, 15 ans, une autre collégienne, la collecte se fait au-delà de l’école : «Chez moi, je dis à mes parents qu’il faut recycler l’huile de cuisson usée. Là, j’ai pu en ramener un demi-litre et je compte continuer.»

Selon Zaahirah Koheeallee, responsable du département de chimie et Eco School coordinator, le bac de collecte a été aménagé depuis septembre. Une dizaine d’enseignants – les Eco mentors – encadrent les élèves pour les encourager dans cette initiative. «Nous récupérons l’huile de cuisson après les cours de food and nutrition. Il est important d’inculquer ces pratiques aux élèves et, par extension, aux parents pour qu’ils aient ce réflexe. Le souci est qu’il faut changer la culture», déclare-t-elle. Plusieurs initiatives vertes ont aussi été entreprises pour la conscientisation. Celle du recyclage d’huile de cuisson revient à Bioil, qui pratique cette activité depuis 2012.

D’abord concentrée sur la récupération de ces produits auprès des professionnels de la restauration et de l’hôtellerie, la collecte s’étend maintenant aux consommateurs individuels. Un défi colossal à relever, estime Anh Nguyen, la directrice de cette société : «Les particuliers ne sont pas encore habitués au recyclage des huiles. La plupart d’entre eux les jettent encore dans l’évier, les égouts ou à la poubelle. Ce qui provoque la pollution des sols, des rivières et lagons, l’obstruction des égouts et les mauvaises odeurs.» Selon elle, un litre d’huile pollue 1 000 m² d’espace.

Prise de conscience

La prise de conscience prendra du temps, dit-elle. D’où le fait que l’entreprise mette les bouchées doubles actuellement avec l’installation des «Bioilbox» dans des lieux stratégiques. Cet aménagement s’étendra à une ligne de supermarchés et d’autres points de collecte, ajoute-t-elle. Actuellement, une vingtaine de points de collecte professionnels et individuels sont en opération, dont un collège et une école primaire.

Outre l’huile comestible, celle de moteur est également recyclée. «Nous récupérons l’huile de vidange, hydraulique et de compression, etc., auprès des individuels, des garagistes, des concessionnaires et des usines. La collecte se fait sur une base régionale, suivant les appels des particuliers», confie Nalini Boodhoo, Environmental Manager d’Ecofuel Ltée, qui a démarré ses activités en 2007. L’huile de moteur usagée est achetée à Rs 2 le litre auprès des clients.

Qu’advient-il de ces produits collectés ou achetés ? Chez Bioil, d’une part, l’huile alimentaire est une alternative au carburant local. D’autre part, elle est transformée en biocarburant en Europe. Quant à la version conventionnelle, elle est recyclée en fuel pour les chaudières. Toutefois, cette activité est sujette à plusieurs difficultés. Premièrement, comme pour le cas de l’huile alimentaire, le manque de participation et de conscientisation du public est décrié.

Deuxième difficulté : le braconnage. «À nos débuts, nous collections 1,5 million de litres par an. Désormais, ce taux annuel n’est que de 400 000 litres en moyenne. Cette baisse résulte de l’opération des braconniers qui collectent les huiles, les vendent directement aux propriétaires de chaudières ou vont les déverser, ce qui rajoute à la pollution.» Les huiles de moteur doivent être transportées dans des véhicules autorisés et traitées par des opérateurs détenteurs d’un waste oil permit, comme prévu par les Environment Protection Regulations 2006.

De plus, prévient Nalini Boodhoo, ces huiles usagées non-traitées sont nuisibles à la santé et à l’environnement, puisqu’elles sont vendues pour être brûlées. Nous avons essayé d’avoir une déclaration des autorités concernées à ce sujet, en vain.

 

En chiffres

<p style="text-align: justify;">Annuellement, environ 350 000 litres d&rsquo;huile de moteur sont recyclés. Le reste est stocké pour du <em>&laquo;rerafinnage&raquo;,</em> indique-t-on à <em>Ecofuel Ltée.</em> Chez <em>Bioil</em>, une moyenne de 50 000 à 60 000 litres d&rsquo;huiles alimentaires usagées est collectée mensuellement.</p>