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Journée internationale: la relance du secteur théier a un goût de réussite

15 décembre 2018, 21:30

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Journée internationale: la relance du secteur théier a un goût de réussite

Bouillonnement dans le secteur théier. Alors que des terres sous culture de thé étaient abandonnées, voici que la relance est sur la bonne voie. Des investisseurs étrangers flairent l’odeur du succès tandis que des mesures prises par le gouvernement marchent. En marge de la Journée internationale du thé observée ce samedi 15 décembre, le point sur ce secteur en pleine expansion.

Le thé mauricien a une réputation qui lui est propre, il est reconnu pour sa saveur et il est non pollué, indique d’emblée un préposé du ministère de l’Agro-industrie. «Cela encourage des investisseurs à venir ici et nous ne pouvons pas leur fermer la porte. Mauristea Investment Co Ltd s’est déjà implantée et opère à partir de l’ancienne usine de Dubreuil. Il en y a un deuxième qui nous soumettra son projet incessamment ; les prometteurs sont déjà sur place», explique-t-il.

Selon le préposé du ministère, un troisième investisseur est à Maurice actuellement pour une visite de prospection. «Il y a des opportunités pour le développement de ce secteur. Dommage que, dans le passé, des champs de thé avaient été rasés pour planter la canne à sucre. Même des terres marginales – là où la canne n’a pas de bon rendement – ont été replantées sous culture de la canne», déclare-t-il.

Lors de son intervention budgétaire, le Premier ministre avait soutenu son engouement pour la relance du secteur théier dans l’île. Selon notre source au ministère de l’Agro-industrie, une série de mesures ont été prises afin de relancer ce secteur. «Une pépinière pour la production des plantules de thé est en place à La Brasserie. Elle pourra fournir ceux qui se lancent dans la plantation. Les plantules sont produites à partir des boutures de thé et des graines qui sont mises en bottes pour qu’elles germent.»

Notre interlocuteur ajoute qu’une fois que les plantes sont prêtes, elles sont transplantées dans les terres identifiées à cet effet. «Aussi, on a déjà offert en cadeau des cisailles spéciales (pruning shears) pour la cueillette des feuilles de thé à quelque 1 200 planteursmétayers. Sans compter les fertilisants et les conseils techniques.»

Beaucoup de cultivateurs de thé se plaignent des mois hivernaux, plus particulièrement de juillet à septembre, pendant lesquels la vie est dure pour les quelque 1 200 planteurs enregistrés. Il y a une baisse du volume de feuilles de thé récoltées, ce qui fait que leur revenu provenant de la vente est réduit. Pour compenser cette perte, le gouvernement leur a accordé une assistance financière de 75 sous par kilo de feuilles cueillies.

 «Nous voyons que les petits planteurs reviennent vers cette industrie.»

Pour Balram Bagha, retraité de 62 ans qui est petit planteur de thé depuis 1976, cette mesure a changé sa vie. «En hiver, on ne récolte que 15 à 20 % de feuilles de thé et nous subissons de grosses pertes. Donc, cette mesure mise en place par le gouvernement nous est vraiment favorable.»

Même son de cloche du côté de Manilall Dhoboj, le secrétaire de la Tea Federation de Grand-Port/ Savanne et secrétaire de la Cooperative Tea Marketing Society de Nouvelle-France. Il affirme que le gouvernement actuel a adopté des mesures bénéfiques à la relance du secteur théier et que cela encourage les planteurs à revenir vers la culture de thé.

«Même s’il faut cinq ans pour que l’on puisse cueillir des feuilles de thé dans une plantation qui vient d’être lancée, nous voyons que les petits agriculteurs reviennent vers cette industrie. Car les mesures sont excellentes», affirme cet ancien fonctionnaire qui est aussi planteur de thé.

Du côté des grandes industries théières comme La Chartreuse, la plus jeune usine de thé, Ashvin Bokhoree, Managing Director de l’entreprise, souligne que ces mesures créent une balance entre l’agriculture et les autres activités économiques. «Le gouvernement montre vraiment de l’intérêt pour cette industrie. Il a réalisé que c’est un secteur qu’il faut faire revivre car il rapporte plus d’argent que le secteur des légumes par exemple», fait-il ressortir.

 

Un métier pour les retraités

<p style="text-align: justify;">Même si le secteur théier est en pleine expansion, selon nos interlocuteurs ce n&rsquo;est pas un domaine qui attire les jeunes et cela amène à un manque de main-d&rsquo;œuvre. Pour Balram Balgha, la raison est que le métier ne rapporte pas beaucoup d&rsquo;argent. &laquo;<em>Li pa enn métié ki ou kapav fer unikman pou roul enn lakwizinn</em>.&raquo;</p>

<p style="text-align: justify;">En revanche, Manilall Dhoboj et Ashvin Bokhoree sont d&rsquo;avis que c&rsquo;est parce que les jeunes dorénavant n&rsquo;ont pas ce courage des retraités. &laquo;<em>Ils ne veulent pas travailler à des heures supplémentaires ou au lever du soleil par exemple. De plus, c&rsquo;est un métier qui demande beaucoup d&rsquo;énergie. L&rsquo;on doit bouger et non pas rester derrière un bureau et ce sont les retraités qui sont plus aptes à le faire</em>&raquo;, avance le premier.</p>

<h3 style="text-align: justify;"><strong>Le processus pour obtenir le thé</strong></h3>

<p style="text-align: justify;">Nous sommes allés à l&rsquo;usine de Bois Chéri. Afin d&rsquo;obtenir le thé que l&rsquo;on consomme, il y a plusieurs étapes. La première, c&rsquo;est la cueillette, ensuite on fait enlever l&rsquo;humidité à une température de 25 à 30 degrés. Puis les feuilles sont canalisées vers la broyeuse. Après le broyage, on avance ces feuilles transformées (&laquo;la paille&raquo;) de thé tout doucement sur un tapis roulant. Le processus dure une heure et trente minutes afin que la fermentation ait lieu. Puis place au nettoyage pour enlever les tiges, les nervures et les branches. Ce processus se fait en deux parties : d&rsquo;abord une personne fait le tri, puis on envoie ce qui reste dans la machine pour passer dans des rouleaux avec électricité statique. La dernière étape est le tamisage pour séparer le thé qui doit être consommé dans la théière et celui qui doit être mis dans des sachets. Ensuite, le thé est stocké dans des silos pendant trois mois pour créer un arôme naturel.</p>