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Réforme électorale: le report du vote, une porte ouverte pour des koz-kozé avec le MMM?

12 décembre 2018, 08:44

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Réforme électorale: le report du vote, une porte ouverte pour des koz-kozé avec le MMM?

What next après le renvoi du vote, mardi 11 décembre au Parlement, sur le projet de loi sur la réforme électorale ? La suite logique, au niveau de l’hôtel du gouvernement, c’est de rallier un maximum de soutien avant d’annoncer la date du vote. Surtout les voix du MMM.

À ce jour, le seul point de discorde qui sépare le MSM des Mauves demeure les sièges alloués à la proportionnelle. L’alliance MSM-ML propose 12 parlementaires au niveau de la proportionnelle et 6 autres qui seront choisis par le leader du parti. Tandis que le MMM est en faveur de 14 issus de la proportionnelle et 6 choisis par le leader. 

«Il y a une grande possibilité de concilier les positions», indique-t-on dans les milieux bien informés. Le Premier ministre, qui a refusé jusqu’ici d’assouplir sa position, fera-t-il un geste envers les Mauves ? En revanche, pas de recul sur l’abolition du Best Loser System (BLS) ni quant à la désignation des «Additional seats» par les leaders politiques.

Occasion propice

Pour Xavier-Luc Duval et Shakeel Mohamed, le report du vote du Constitution (Amendment) Bill ouvre effectivement la porte à des «koz-kozé» avec le MMM. Selon le leader de l’opposition, «c’est une excuse de commencer une nouvelle campagne de koz- kozé» avec les Mauves. 

Du reste, il est d’avis que c’est parce que des membres du gouvernement n’étaient pas en faveur de la disparition du BLS que le vote a été renvoyé. Pour Xavier-Luc Duval, il s’agit ni plus ni moins que d’«une fuite en avant».

«L’occasion est propice pour de nouveaux koz-kozé en vue d’une alliance entre le MMM et le MSM», affirme, pour sa part, le député travailliste Shakeel Mohamed. Il estime que «certains au gouvernement ont fait preuve d’arrogance». D’autant que, «un consensus s’obtient après consultations».

Ce qui lui fait dire que le report du vote «est une claque magistrale au gouvernement. Un manque d’égard et de respect envers la population et tout le personnel de l’Assemblée nationale qui a travaillé jusqu’à fort tard alors que depuis le premier jour des débats, le gouvernement savait pertinemment bien, surtout après le discours de Paul Bérenger, que la réforme n’allait pas passer». 

Péché par optimisme

De son côté, au Parlement hier, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a reconnu qu’il n’a pu réunir les 52 voix nécessaires pour faire adopter le Constitution (Amendment) Bill. Du coup, après son summing-up, il a renoncé à soumettre le projet de loi au vote après avoir exprimé son «profond regret» et sa «déception» devant la tournure des événements. 

Le chef du gouvernement avance avoir péché par optimisme.  «Oui, j’ai été trop optimiste de penser que la classe politique était prête pour le changement. Je me suis trompé», a concédé Pravind Jugnauth. Il n’a pas manqué d’égratigner l’opposition qui n’a pas plébiscité ce changement majeur de notre système électoral pour la première fois depuis l’Indépendance. «Je m’attendais à ce que les membres de l’Assemblée réfléchissent au-delà de leur partisanerie et ne cèdent pas aux lobbys aux vues étroites.» 

Pour que cette réforme constitutionnelle passe, le gouvernement aurait eu besoin de 52 députés sur les 69. À hier soir, la majorité, selon Pravind Jugnauth, disposait de 45 députés. Les partis de l’opposition, notamment le MMM et les deux députés indépendants, Kavy Ramano et Danielle Selvon, ayant précisé leur intention de voter contre, le  gouvernement n’a pu récolter les sept voix nécessaires. Tandis que le PMSD, le PTr et le MP y avaient déjà mis leur veto. 

Quand interviendra le vote?

Après avoir concédé les voix manquantes au compteur, le chef du gouvernement a proposé que le «committee  stage be taken at a later sitting», soit que le passage au vote ait  lieu ultérieurement. N’empêche, Pravind Jugnauth n’a pas révisé sa copie malgré les réserves et propositions d’amendements faites par les partis politiques. 

En clôturant les débats, le Premier ministre a néanmoins rappelé les enjeux : l’avis du Comité des droits de l’Homme des Nations unies et le Constitutional case de Rezistans ek Alternativ devant la Cour suprême. D’où le fait que la réforme proposée préconise l’élimination du BLS car «il n’est pas possible de continuer à nommer des députés correctifs en fonction des chiffres du recensement de 1972», a-t-il soutenu.

Reste une question : quand aura lieu le vote ? Aucune indication n’a transpiré du gouvernement sur la tenue de cet exercice. Tout porte à croire que le vote n’interviendra pas avant la fin de l’année.