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Amar Deerpalsing: «Il faut qu’il y ait une compensation salariale sur une base sectorielle»

9 décembre 2018, 00:00

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Amar Deerpalsing: «Il faut qu’il y ait une compensation salariale sur une base sectorielle»

Quelle a été votre réaction à l’annonce du montant de la compensation salariale ?
Le secteur des PME est divisé en plusieurs sous-secteurs d’activités. Notamment la construction, le tourisme, le secteur manufacturier, le textile et l’agriculture. Chaque secteur a ses spécificités, ses difficultés et sa capacity to pay. Plusieurs secteurs sont porteurs de croissance, tandis que d’autres sont en difficulté avant même l’annonce de la compensation salariale. Il aurait fallu faire un exercice de compensation par secteur. Ce qui aurait été plus judicieux.                             

Quel impact la compensation salariale de Rs 400 aura-telle sur les PME ?
Cela dépend des segments. Les Rs 400 viennent s’ajouter au salaire minimal qui a été appliqué avec ses difficultés dans divers secteurs, dont le sucre et le textile. Or, cette compensation salariale nationale est une moyenne. Dans certains secteurs, ils auraient pu payer davantage. Certains vont pouvoir honorer leurs engagements, alors que d’autres vont devoir augmenter leurs prix et, du coup, être moins compétitifs face à la concurrence.

Il y a aussi la baisse des exportations ou encore la baisse de l’investissement privé. À savoir que nous importons 83 % des produits. Vous voyez bien qu’il y a une baisse dans le secteur sucre, dans le secteur agricole et dans celui de la production locale de lait.

Qu’est-ce qui devrait changer ?
Le Central Electricity Board, la Central Water Authority, Mauritius Telecom et Airmate ont accordé une augmentation salariale de 10 %. Pourquoi maintenir la tripartite ? Déterminer une moyenne peut pénaliser les travailleurs. Les tripartites n’existent pas dans certains pays.

Quand il y a le rapport du Pay Research Bureau, personne ne hausse la voix. Seuls les fonctionnaires en bénéficient. Surtout que la productivité est en recul sur le plan national. Il faut qu’il y ait une compensation salariale sur une base sectorielle.

Le salaire minimal pèse-t-il aussi lourd dans la balance ?
Nous avons tous vu la conséquence du salaire minimal. Certaines usines ont eu du mal à payer les salaires des employés. Certains employés ne bénéficient plus de meal allowance, ne reçoivent pas de salaire ou encore n’ont plus de place pour dormir… Nous avons été sommés de débourser l’argent, au risque d’être poursuivis en justice.

Comment remédier à une telle situation ?
Si c’était des négociations sectorielles, il aurait pu y avoir une mobilité de la main-d’oeuvre. En d’autres termes, les employés auraient pu se reconvertir et rejoindre les secteurs porteurs. C’est ainsi que cela fonctionne à l’étranger.

Les PME en chiffres?
Quelque 124 000. C’est le nombre de PME recensées à Maurice, selon le SME 10-Year Masterplan, rendu public en mars 2017. Elles emploient environ 300 000 personnes. Les petites entreprises ont un chiffre d’affaires de moins de Rs 10 millions ; alors que les moyennes entreprises génèrent un chiffre d’affaires oscillant entre Rs 10 millions et Rs 50 millions. Actuellement, les PME contribuent à 40 % du produit intérieur brut de Maurice. Et emploient 55 % des employés du pays, ce qui représente 66 % des emplois du secteur privé. En outre, les PME représentent 3 % des exportations nationales. La valeur ajoutée est, elle, de Rs 175 millions par an.