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Terres de la SIFB: les dessous de la vente des six arpents

8 décembre 2018, 20:30

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Terres de la SIFB: les dessous de la vente des six arpents

C’est une transaction qui a soulevé un tollé et qui a coûté son poste au Chief Executive Officer du Sugar Insurance Fund Board (SIFB) Rajun Jugurnath. Le conseil d’administration de la SIFB a avalisé la décision de l’achat des six arpents de terre, le 28 février 2017. Le but était de construire un «bâtiment intelligent». Il se trouve que les directeurs du SIFB avaient reçu une offre de la société Elova Properties. Il s’agit des terres de la Société de Glasgow.              

Interrogé, le directeur de la Société de Glasgow, Eric Piat, nous explique comment la transaction s’est concrétisée. «J’avais besoin de liquidités, j’ai décidé de vendre trois arpents de mes terres qui se trouvent à Trianon. Je n’avais pas du tout l’intention d’en vendre six», nous avance Eric Piat. Il poursuit en précisant qu’il a proposé le prix de Rs 18 millions par arpent et que c’est son courtier, un dénommé Raj Sooriah, qui l’a mis en relation avec la société Elova Properties Ltd. Cette dernière, sise à Quatre-Bornes, s’est alors occupée de vendre ces terres contre une commission dont nous ignorons le montant pour le moment.

Nous avons tenté d’avoir la version de Raj Sooriah mais une préposée de sa société a répondu qu’il n’était pas joignable. Idem au niveau d’Elova Properties. Nos tentatives d’entrer en contact avec une tierce personne se sont avérées vaines.

«Il y a un an, j’ai vendu des terres à côté de celles qui ont intéressé le SIFB pour Rs 14 millions l’arpent. J’en ai vendu deux arpents et demi. On m’avait dit que la route qui passe à côté avait donné de la valeur à ces terres. Du coup, j’ai augmenté le prix. Le SIFB a dit oui. Ils ont pris le lot qui se trouvait à l’arrière des deux arpents et demi déjà vendus un an avant. Ils m’ont un peu forcé la main mais c’était une occasion à saisir pour moi. Donc au lieu de trois arpents, j’en ai vendu six», soutient Eric Piat. D’ajouter qu’«ils voulaient précisément ces terres. Ils me l’ont proposé eux-mêmes et j’ai dit oui».

Pourquoi ces terres ? Une source proche du dossier nous explique qu’elles finissent à la frontière de la ville de Quatre-Bornes. «La mairie de Quatre-Bornes accorde plus facilement des permis de développement», affirme notre source.

Ce serait donc la Terre-Rouge-Verdun Link Road qui aurait pesé lourd dans la balance ? Selon un évaluateur contacté par l’express, le critère principal à prendre en considération lors d’une évaluation c’est justement le positionnement du terrain. «Mais il y a aussi la taille, l’environnement, le climat, l’accessibilité, le type de terrain et ce qui se trouve sur le site qui pourrait empêcher ou faciliter le développement.»

Lors de la Private Notice Question, toutefois, Xavier-Luc Duval a affirmé que l’«internal valuation » reposerait sur des transactions fictives. En effet, le «Decision Paper BD2018/2/4» du SIFB cite deux achats pour justifier le choix de payer Rs 18 M par arpent pour des terres dans la région. Une compagnie textile et un individu auraient chacun payé cette même somme en mars 2015. Sauf que, selon le leader de l’opposition, ces ventes n’auraient jamais eu lieu. Des recherches au Registrar General’s Office n’ont rien donné non plus.

Le leader de l’opposition a aussi révélé que le ministre de la Santé, Anwar Husnoo, a acheté un lopin de terre dans la même rue que les autres terrains appartenant au SIFD, à Rs 5 millions par arpent. D’autres documents démontrent que des parcelles de «prime land», proches de l’autoroute Terre-Rouge-Verdun, connectées à l’eau courante et à l’électricité ont, elles, coûté Rs 13 millions l’arpent.

Sans compter qu’il existe un autre facteur qui, selon Xavier-Luc Duval, aurait dû faire baisser la valeur des terres achetées. Il s’agit d’une ligne de haute tension du Central Electricity Board qui traverse ces terres. Selon la loi, une distance de 13 mètres de chaque côté de cette ligne doit être conservée. Ce qui incommode les acheteurs et fait baisser la valeur des terrains. La réponse d’Eric Piat : «La ligne de haute tension se trouve très loin. Il faut aller sur place pour le constater.»