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Pédophilie: Michel de Ravel confie avoir lui-même été victime d’abus sexuel

8 novembre 2018, 18:27

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Pédophilie: Michel de Ravel confie avoir lui-même été victime d’abus sexuel

«J’ai été abusé à l’âge de 9 ou 10 ans par le fils de la bonne à la maison.» Déclaration fracassante de Michel de Ravel de l’Argentière. C’était en cour intermédiaire, ce jeudi 8 novembre, devant la magistrate Niroshni Ramsoondar, dans le cadre des plaidoiries. 

L’homme d’affaires de 58 ans a été reconnu coupable sous 21 accusations formelles d’attentat à la pudeur sur des filles âgées entre 4 et 6 ans. Délits commis entre 1990 et 2006, à son domicile à Morcellement Carlos, Tamarin. Ce n’est que plusieurs années après, soit en 2012, que huit des victimes ont porté plainte contre Michel de Ravel de L’Argentière au Central Criminal Investigation Department. Elles avaient raconté que lorsqu’elles fréquentaient la maison de l’accusé, qui était l’ami de leurs parents, il leur aurait fait subir des attouchements. 

Ce jeudi, Michel de Ravel de L’Argentière a été appelé à la barre. Interrogé par son avocat, Me Gavin Glover, SC, assisté de Me Ludovic Balancy, il s’est étalé sur sa vie. «J’avais une compagnie. Celle-ci n’existe plus depuis l’éclatement de cette affaire.»

Le quinquagénaire s’est attardé sur les années menant à son arrestation en 2012. «Les parents de certaines victimes étaient venus me voir en 2001 pour me dire qu’elles n’allaient pas bien. Ma réaction vis-à-vis d’eux était de m’excuser. À ce moment, ma femme n’était au courant de rien.» 

Michel de Ravel de l’Argentière soutient que cela a été difficile pour lui de se confier à son épouse. «J’ai ressenti de la honte, de la peur mais sur le coup, on n’a pas réalisé la portée des événements. J’ai été arrêté peu après que ma belle-sœur m’a informé que l’affaire allait être rapportée à la police et au public. Dans une telle situation, je ne pouvais être qu’au plus mal devant ma femme, mes deux enfants et les victimes. J’ai reconnu le mal causé par mes faits et gestes.»

L’éclatement de cette affaire et son arrestation subséquente ont fini par briser sa vie professionnelle ; clients et fournisseurs lui ayant tourné le dos. «C’est pour cette raison que j’ai dit à la Cour que ma compagnie ne marche pas.»

«C’est comme s’il y avait une épée de Damoclès au-dessus de ma tête. Je ne sais pas si je vais sortir du tunnel ou pas.»

Au dire de Michel de Ravel de l’Argentière, dans le sillage de ce scandale, il a dû se terrer chez lui. «Je ne peux pas aller au supermarché. Certains de mes amis m’ont délaissé et ma vie a été anéantie.» Il déplore, dans la foulée, que la vie de sa fille aînée a été affectée. De raconter qu’elle a dû mettre un terme à ses études pour rentrer à Maurice. Qui plus est, «son mariage a été annulé l’année dernière».

Le quinquagénaire dit regretter ce qu’il a fait. Il demande pardon aux victimes ainsi qu’à leurs familles. «C’est comme s’il y avait une épée de Damoclès au-dessus de ma tête. Je ne sais pas si je vais sortir du tunnel ou pas.»

«L’idée de quitter mon mari ne m’est pas venue, même si notre famille a été couverte de honte. C’était très difficile de sortir, même pour aller faire les courses. Nous n’avons pas eu grand monde pour nous épauler.»

Sophie de Ravel, son épouse, a également été appelée à témoigner. Elle confie que lorsque son mari lui a tout raconté, elle a senti son monde s’effondrer. «Mais l’idée de quitter mon mari ne m’est pas venue, même si notre famille a été couverte de honte. C’était très difficile de sortir, même pour aller faire les courses. Nous n’avons pas eu grand monde pour nous épauler.»

Certes son époux a fauté, lâche Sophie de Ravel. Elle insiste toutefois sur le fait qu’«il a droit à une seconde chance». Une seconde chance, poursuit-elle, que «la société devrait lui donner. Cela fait six ans qu’il ne vit pas», plaide-t-elle. 

Autre témoin appelé par Me Gavin Glover, une femme pasteur. Selon elle, Michel de Ravel de l’Argentière s’était confié à elle, à la suite de quoi elle aurait tenté de l’aider à venir à bout de ses tendances pédophiles. Elle est également d’avis qu’il mérite une seconde chance.

Mes Gavin Glover, SC, de la défense et Me Roshan Santokhee, du bureau du Directeur des poursuites publiques, présenteront leurs plaidoiries le 23 novembre.