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Martin Magembe joue le rôle de sa vie

7 octobre 2018, 14:44

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Martin Magembe joue le rôle de sa vie

Le réalisateur Martin Magembe s’apprête à frapper un grand coup avec le tournage prochain de son premier long-métrage intitulé «Quand je re-grandirai», une comédie familiale qui sera tournée en grande partie à Maurice et ayant pour tête d’affiche l’enfant-star français Kamil Majestic.

Ma parole, ça doit tenir de ses dents de la chance. Car autrement comment expliquer que Martin Magembe, à moitié mauricien par sa mère et à moitié tanzanien par son père, détenteur d’un diplôme en cinématographie de l’université de Pretoria, en Afrique du Sud, et qui n’a jusqu’ici à son actif qu’une demi-douzaine de courts-métrages et un documentaire social de 52 minutes, soit parvenu rien que sur la base de son synopsis et de sa bandeannonce, à avoir l’acceptation de Kamil Majestic ?

Ce nom ne vous dit rien ? Mais si, souvenez-vous de ce petit Français de 11 ans, qui s’est fait remarquer par ses talents de rappeur dans The Voice Kids en 2017. S’il n’a pas gagné ce concours, sa côte de popularité est montée en flèche lorsqu’il a chanté avec quelques pointures de la chanson française comme Alonzo, L’Artiste ou encore Black M dans l’émission La France a un incroyable talent. Depuis, le gamin dont les parents possèdent le label Majestic Studio, a tourné dans deux films, de même que plusieurs clips.

Martin Magembe qui s’est installé à Maurice depuis l’enfance et a effectué ses études primaires et secondaires ici, ne se destinait d’abord pas au cinéma. À la fin de son cycle secondaire, il prend de l’emploi dans une firme d’expertscomptables où il fait des études de marché. Et pour étoffer ses connaissances en management, il décide d’aller étudier cette matière à l’université de Pretoria, en Afrique du Sud. Là-bas, il se lie d’amitié avec d’autres étudiants et presque tous font des études en Picture Motion. Il les accompagne lorsqu’ils vont tourner leurs courts-métrages. Et là, il a comme une révélation. «Ce frottement a réveillé en moi l’artiste qui sommeillait», confie-t-il.

«J'ai rencontré des difficultés à lever des fonds mais je comprends leurs réticences… j’en suis encore à faire mes preuves.»

N’écoutant que son cœur, il décide de changer son fusil d’épaule. Il laisse tomber ses études en management au profit d’un cours menant au diplôme en cinématographie. Et réussit. Il regagne le pays et cherche du boulot. Sauf qu’il ne trouve pas d’emploi dans une industrie locale du cinéma qui en est encore à ses premiers balbutiements. C’était il y a dix ans. Pour des raisons alimentaires, il est obligé d’accepter d’autres emplois. C’est ainsi que pendant cinq ans, il gagne sa vie comme enseignant en ligne et apprend l’anglais à des Français. Lorsqu’il a eu suffisamment d’argent, il ouvre sa société de logiciels de facturation et d’application web appelée QuickMedia Ltd. «C’était et c’est toujours mon gagne-pain», dit-il.

L’homme providentiel pour lui est Rajesh Callicharan, directeur de Mont Ida Films et propriétaire de plusieurs salles de cinéma dont Mciné à Trianon. «J’ai appris énormément de choses sur le cinéma de lui. C’est un homme d’une grande culture.» Rajesh Callicharan l’encourage à tourner des courts-métrages. Films qui sont projetés lors de festivals de la Mauritius Film Development Corporation (MFDC) et dans le circuit des salles de Mont Ida Films.

Mais Martin Magembe voit plus grand. Il veut faire un long-métrage. À force de côtoyer ses neveux et nièces qui sont encore en bas âge mais qui s’expriment parfois comme des adultes, il a dans l’idée d’écrire un scénario axé sur un chef d’entreprise despotique et cruel envers les enfants à qui l’on jette un sort. Cet homme se retrouve alors prisonnier dans un corps d’enfant mais tout en conservant son cerveau d’adulte. Ce qui donne lieu à des situations cocasses et marrantes. Et pour porter cette comédie familiale très loin, il se cherche une tête d’affiche.

Kamil Majestic qu’il voit dans The Voice Kids lui tape dans l’œil. Il écrit au producteur du gamin et lui propose le premier rôle dans son film qu’il intitule Quand je re-grandirai et à sa grande surprise, les parents de Kamil Majestic acceptent. Le petit garçon va même interpréter la bande originale du film. Martin Magembe doit toutefois suivre des procédures strictes.

Contacté par mél vendredi, Kamil Majestic est emballé de venir à Maurice. «J’aime les défis et avoir un rôle principal dans un film, ce n’est pas donné à tout le monde. C’est un rôle qui me colle à la peau. Je suis petit de taille par rapport à mon jumeau. À l’école, bon nombre d’enfants me traitent de nain alors que les adultes trouvent que j’ai un dialogue d’adulte. Du coup, le scénario tombe bien.» Il trouve «trop cool de partir aussi loin. Je vais partir loin sera d’ailleurs le titre de mon troisième album». Il est très excité de prendre l’avion pour la première fois.

Il ne restait à Martin Magembe qu’à se trouver des financiers pour faire aboutir son projet de film. Il a toutes les peines du monde. Mais il ne trouve pas ça étrange. «Oui, j’ai rencontré des difficultés à lever des fonds mais en même temps, je comprends les réticences des uns et des autres car j’en suis encore à faire mes preuves.» Il finit par convaincre un investisseur, même s’il doit revoir son budget à la baisse. Voulant travailler avec les meilleurs, il contacte le réalisateur Kunal Jankee, qu’il convainc d’être son chef opérateur et directeur de la photographie. Son scénario et sa tête d’affiche vont lui ouvrir d’autres portes. Il réussit à s’entourer d’une équipe de techniciens, éclairagiste, ingénieur du son, maquilleur et une cinquantaine d’acteurs mauriciens dont la danseuse et actrice Nalini Aubeeluck. Ils seront rétribués «mais malheureusement pas à la hauteur de leurs talents.»

Sur la base de son synopsis et de sa bande-annonce, Martin Magembe réussit à contacter Canal + Maurice qui le met en rapport avec Canal+ France et il obtient une invitation à participer au Marché du film du Festival de Cannes en mai 2019. Sa demande d’obtention de Film Rebate auprès de l’Economic Development Board est aussi acceptée et le remboursement qu’il obtiendra sera de 30 %. Il peut aussi compter sur le soutien de Rajesh Callicharan et de Vikram Jootun, directeur de la MFDC.

Kamil Majestic débarquera à Maurice avec son père à la fin du mois d’octobre et le tournage démarrera aussitôt. «80 % du film sera tourné à Maurice pendant un mois et le reste en février en France.» Ce sera un film en langue française car Martin Magembe vise le public français. «Il y aura certes quelques phrases en créole mais je fais là un produit d’exportation.» C’est aussi une Île Maurice carte postale qu’il veut montrer aux Français pour les faire rêver et les inciter à venir à Maurice.

Quand je re-grandirai devrait sortir dans les salles mauriciennes en mars 2019 et trois mois plus tard dans les salles françaises. «Je souhaite que ce film rencontre le succès, surtout pour toutes ces personnes qui ont accepté de me soutenir avec leur cœur.» Il ne nous reste plus qu’à dire : «Silence, moteur, ça tourne, action !»