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Expo-vente livres: Meera Mohun se met à la page

30 septembre 2018, 03:30

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Expo-vente livres: Meera Mohun se met à la page

Dans son salon, Meera Mohun a poussé les meubles pour faire place aux livres. Que ce soit à Tranquebar, où elle vit, ou antié Moris, on la connaît surtout comme chanteuse. Son duo avec le Réunionnais Dominique Barret a fait fureur. Pour les 50 ans de l’Indépendance, elle a donné de la voix sur la reprise de Lame dan lame.

Pourtant, les livres, c’est la «story of my life» de Meera Mohun. Promouvoir la lecture est une «cause noble». La voilà organisatrice d’une expo-vente de livres. Rendez-vous du lundi 1er au vendredi 5 octobre, au parcours culturel Malcolm de Chazal, rue du Vieux-Conseil, à PortLouis. Avec la librairie BM Bookcentre, Meera Mohun propose aux lecteurs de faire des bonnes affaires. Cela, avec le soutien de la mairie de Port-Louis.

Elle le reconnaît. Pour certains parents, livre équivaut à manuel scolaire, dictionnaire, «liv verb». D’autres encore se plongent dans du Sophie Kinsella, Nicholas Parks, Nora Roberts, Rhonda Byrne. Quant aux Mills & Boon et Barbara Cartland, ils sont loin d’être passés de mode, affirme-t-elle.

«Nous faisons une expo-vente pour inciter le lecteur à la découverte», explique Meera Mohun. Dès lundi, le public pourra trouver des livres d’activités pour les enfants dès l’âge de 3 ans. Des livres à partir de Rs 25, des romans entre Rs 250 et Rs 300. Comme cette manifestation coïncide avec la période des examens du troisième trimestre, les incontournables past exams papers seront disponibles, même si ce n’est pas le but principal de cette manifestation dédiée à la lectureplaisir. Meera Mohun affirme qu’il s’agit là de la première d’une série baptisée «Célébrons le livre». 

Mais entre les lignes de son enthousiasme, il y a surtout le récit d’une série de difficultés. «Il faut subsister», dit-elle avec franchise. «C’est extrêmement difficile de dépendre de ce business. Il n’est pas rentable, comme peuvent être les commerces de nourriture, de vêtements, de bijoux. C’est un business sacré pour moi. Mais les gens ne comprennent pas cela.»

Tranche de vécu: «Quand les enfants entrent dans une librairie, zot rod enn ti liv. J’ai déjà entendu un parent dire à son enfant: ‘les sa, taler mo asté enn sorbé mo donn twa’. Il y a des livres pour enfants à Rs 25 et des glaces qui coûtent plus cher que ça. Je ne condamne pas ce parent. Mais un livre, c’est une autre sorte de nourriture.»

Le roman d’une libraire

Quand elle revient sur les précédentes pages de son existence, Meera Mohun relit avec émotion un long passage. Celui des 32 ans pendant lesquels elle a travaillé à la librairie Nalanda. C’est son oncle Beekrumsing Ramlallah qui l’avait poussée à y aller, pour «vaincre la timidité». Mais ce chapitre fut loin d’être un «happy end».

Au prochain chapitre, Meera Mohun repart à zéro. Son expérience de gestion aidant, elle s’associe au défunt Bhismadev Seebaluck, auteur, ainsi qu’à Rani Heeraman, pour démarrer une nouvelle librairie, rue Bourbon. Mais cela ne marche pas. «On était au bord de la faillite.» Qu’à cela ne tienne, Meera Mohun déménage à nouveau pour gérer une nouvelle librairie, située en face de l’Air Mauritius Building. Cela ne dure pas. «Mo’nn pran mo paké liv mo’nn vinn lakaz.» Cela fait deux ans maintenant qu’elle fait de la distribution de livres. «J’ai fait le tour d’une dizaine de supermarchés», raconte-t-elle. «Mais dès que je dis que je propose des livres, tout à coup on est moins intéressés. Un seul est revenu vers moi.»

Son passage à la MASA: «Laflam»

«Dès qu’on vous donne une peu de pouvoir, vous devenez une cible. ‘Kan ou rédésann anba, ou népli enn ménas.’ On ne veut pas accepter que l’un de nous ‘kapav fer kitsoz lao nou’. J’ai vu l’hypocrisie à son apogée. Aujourd’hui, j’ai compris que tout le monde n’a pas la même sincérité que moi.» C’est avec philosophie que Meera Mohun revient sur son passage dans le fauteuil de présidente de la Mauritius Society of Authors (MASA) de 2012 à 2014.

Elle s’était d’abord présentée à l’élection des représentants des artistes au conseil d’administration de la MASA. Sauf que tous les autres membres de l’équipe à laquelle elle appartenait avaient été élus, excepté elle. Revirement de situation quand elle est nommée présidente de l’institution.

Meera Mohun dit avoir appris les choses de la vie, «the hard way». «‘Mo’nn pas dan laflam.’ Mais l’or doit passer par le feu pour briller», confie-t-elle.