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De Mare-Chicose à Marie-Jeannie: un petit coin de paradis après 20 ans…

29 septembre 2018, 23:30

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De Mare-Chicose à Marie-Jeannie: un petit coin de paradis après 20 ans…

Le mercredi 26 septembre restera un jour à jamais gravé dans la mémoire de ces 36 familles de Mare-Chicose. Elles ont obtenu leur lettre d’intention et pourront à présent vivre à Marie-Jeannie, Rose-Belle. Leur calvaire est donc sur le point de prendre fin. Pendant plus de 20 ans, leur quotidien était lié au dépotoir de la région. Odeur nauséabonde, problème de transport, manque de considération des autorités: toutes ces lacunes qu’elles évoquaient seront bientôt du passé. C’est une nouvelle page de leur vie qui se tourne. Reportage.

Alors qu’un froid glacial souffle sur Mare-Chicose en cette fin d’après-midi, Iswarduth Cheetoo ne semble pas y prêter la moindre attention. Il se trouve dans un nouveau monde. «Le stress s’est envolé», lâche le sexagénaire. Entouré de ses deux chiens, il compte les jours qui lui restent à vivre dans cette région. Il raconte qu’il en a vu de toutes les couleurs depuis que le dépotoir a été aménagé à son lieu de naissance. «Avant vivre ici, c’était un plaisir. Aujourd’hui, c’est devenu un enfer.»

L’un des principaux problèmes auxquels Iswarduth Cheetoo a eu à faire face reste celui du transport. «Pourtant, il y a un arrêt d’autobus à deux pas de chez moi. Mais je peux compter combien de fois le bus s’y arrête! J’ai fait plusieurs doléances aux autorités, mais sans succès. J’ai l’impression que les autobus ont peur de traverser cette région.»

Autre souci qu’il a rencontré lors ces dernières années est le manque de considération de la part des camionneurs qui transportent les ordures vers le dépotoir. «Les déchets tombent sur le chemin et personne ne semble se casser la tête. Ils s’empilent devant notre porte.» À présent, c’est avec le cœur léger qu’il prendra la direction de Marie-Jeannie. «Je suis déjà allé voir le lopin de terre que l’on m’a donné. Et je suis très satisfait.»

Quitter les lieux au plus vite

Plus près du terrain d’enfouissement, l’on rencontre la grande famille des Motee. Cette dernière, composée de cinq familles, n’a qu’une hâte : quitter au plus vite ce lieu. «Nous n’avons pas eu une vie paisible ici. L’insécurité est conséquente», confie Sailesh Motee. Dans sa cour résident au moins 10 chiens. «Nous sommes obligés d’élever tous ces chiens. Les personnes mal intentionnées peuvent se glisser dans les bois des alentours et agresser les membres de ma famille. Surtout qu’il y a des personnes âgées.»

Pourtant, la vie était agréable avant. «Lors de ces quatre dernières années, après le départ de plusieurs familles, les problèmes se sont accumulés. Les autobus se font très rares. Il n’y a pas de boutiques. Il faut toujours faire des stocks. Hormis cela, je ne vous dis pas le nombre de mouches qu’il y a et l’odeur qui enveloppe nos maisons au quotidien.»

Toutefois, bouger vers Marie-Jeannie sera aussi pénible pour lui et les siens. «Il faut tout recommencer à zéro. Construire des maisons et cela ne coûte pas une roupie.» C’est également le problème que vont rencontrer Anishta Mantye et sa mère Venita Lolldharry. Les deux femmes ont néanmoins déjà quitté Mare-Chicose depuis quelques années. «Nous avons cherché refuge chez d’autres membres de la famille. Il est impossible de rester dans un tel environnement, surtout pour les enfants.»

Mais aujourd’hui, les deux femmes savent qu’avec les propriétés obtenues à Marie-Jeannie, elles pourront voir la vie différemment. «À Rose-Belle, tout semble différent. À peine quelques pas et vous avez des boutiques, supermarchés et toutes les autres facilités.» Il leur tarde à présent de trouver les fonds nécessaires pour construire leurs deux maisons. Et vivre enfin une vie paisible.