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Environnement: le recyclage au bout du verre

20 septembre 2018, 17:00

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Environnement: le recyclage au bout du verre

Le 22 septembre, nettoyage et sensibilisations à l’environnement seront lancés pour la Clean up the World Campaign 2018. Si le plastique demeure un des principaux polluants, les bouteilles en verre ne sont pas en reste. Qu’advient-il de ces contenants ? Comment fonctionne le recyclage ? Le point.

À Phoenix, le verre brille de tous ses éclats. Amoncelées à l’extérieur, des bouteilles usagées attendent leur nouvelle vie. En ce mardi 18 septembre, chacun s’affaire à la Mauritius Glass Gallery. «Nous récupérons des bouteilles exclues de la ligne de production. Celles-ci sont nettoyées puis écrasées à la main en morceaux de 5 cm», confie Annette Ebsen Treebhoobun, General Manager de l’établissement qui existe depuis 1991. Ensuite, tout se passe à la soufflerie. Dans l’atelier, une dizaine d’hommes sont au four et au moulin. Le four, justement, tourne à 1 200 degrés pour fondre le verre.

Assis sur un banc, Jonathan Joseph souffle une pâte chaude et colorée. Rapidement, il débute le façonnage avec pince et chalumeau. «On donne la forme à la pâte manuellement ou on la coule dans des moules selon la production du jour. Une fois cela terminé, on laisse la création dans un centre de refroidissement», révèle-t-il.

Quelques heures plus tard, un petit dodo sort tout feu tout flamme. Et là, une séance de polissage l’attend. L’animal figé dans le verre s’envolera ensuite sur les étals du showroom pour sa future commercialisation.

Au total, plus de 250 kilos de verre usagé sont recyclés quotidiennement. Ce volume se transforme alors en carafes et autres ustensiles utilisés à table, indique Gérard Merle, Senior Manager Non-Alcoholic Beverages & Civil Engineering de PhoenixBev.

Le verre soufflé est également recyclé en objets décoratifs et trophées pour la vente en boutique ou pour des commandes d’entreprises. Et depuis trois ans, l’entreprise a investi dans un glass imploder pour réduire l’impact environnemental de ces fameuses bouteilles importées.

Celles-ci sont collectées par quelques marchands et gérants de commerce puis vendues aux recycleurs. Dans ce processus, deux opérateurs prennent aussi le verre en main à PhoenixBev.

Du haut de sa «tour», Michel Beeharee, l’un d’eux, ouvre rapidement une trappe sous un conteneur rempli de verre écrasé et nettoyé au préalable. Celui-ci est issu des bouteilles abîmées. «Il faut s’assurer qu’elles ne contiennent pas de liquide, de plastique entre autres matériaux qui pourraient abîmer l’appareil de recyclage», souligne Martine Lassémillante, Environmental and Sustainability Manager de PhoenixBev.

Trois tonnes par heure

Un bruit incessant de brisure résonne. Le verre est ainsi réduit en granules par le glass imploder. Selon Martine Lassémillante, l’appareil peut recycler jusqu’à trois tonnes del’heure. La matière est alors séparée en particules très fines et d’autres de plus grande dimension. Elles sont acheminées vers deux bacs distincts. Les granules sont vendues à des partenaires.

Chez Plankton Recycling Cooperative Ltd, à Bel-Ombre, le verre renaît tout aussi de ses cendres. «Nous collectons principalement les bouteilles dans les hôtels de la région sud, chez quelques particuliers et les entreprises», déclare Cédric Descombes, General Manager.

Après le trempage et le lavage, le verre est broyé par une machine spécialisée. Passage sur le tamis pour la séparation en grades. Les extraits varient de 0,5 à 6 mm. Selon le responsable, le verre est alors recyclé en fines granules qui s’apparentent au sable.

D’après lui, ce matériau est idéal pour usage dans la construction ou comme graviers. «C’est déjà un très bon filtrant pour les eaux en tout genre, par exemple pour des stations d’épuration d’eaux usées et les piscines avec une durée de vie doublée. Il est plus dense que le sable naturel», dit-il.

Gérard Merle abonde dans ce sens. «Il est réintroduit dans certaines filiales de construction. L’exploitation de ce sable de verre, qui est non coupant, pour d’autres sous-produits est actuellement à l’étude avec d’autres partenaires.»

Ce créneau semble porteur puisqu’il se développe sur le marché mondial et n’est pas dangereux pour l’environnement, ajoute-t-il. L’usage est confirmé par un spécialiste de la construction : «Ce type de recyclage doit être encouragé. C’est une bonne chose pour l’environnement mais c’est bien trop sous-développé.»

Mission-Verte, organisation qui milite pour le recyclage, avait aussi commencé à collecter le verre depuis plusieurs années. Pour l’instant, la collecte de ces bouteilles a été mise en suspens. «Nous voudrions investir dans un glass imploder mais les moyens sont insuffisants», précise une responsable.

Muhamad, le «Marsan boutey»

Dès 7 h 30, il prend la route à bord de son fourgon. L’oeil vif, il scrute la terre en quête de toute matière reluisante qui assurerait sa fortune du jour. Tantôt verte tantôt transparente, elle sera engloutie par son «bal». De Pailles à Pointe-aux-Sables, entre autres régions avoisinantes, Muhamad, 41 ans, fait sa tournée à bord de son véhicule pour récupérer des bouteilles. Cela fait quatre ans que ce «marsan boutey» est tombé dans le verre : «J’aime ce métier car c’est rare. Je fais des virées pour trouver les bouteilles trois fois par semaine. Ce n’est pas facile mais cela me fait vivre.»

Au quotidien, Muhamad arpente les habitations, demandant aux propriétaires s’ils ont des bouteilles dont ils souhaitent se débarrasser. Il récupère alors ces contenants de boisson gazeuse et de bière. Sa collecte peut avoisiner les 150 à 300 bouteilles par jour. «J’achète les grosses bouteilles à environ Rs 10 à 14. Quant aux chopines, cela revient à Rs 6», ajoute-t-il. S’ensuivent le lavage et la remise à un intermédiaire. Le marchand n’obtiendra qu’une ou deux roupies de profit par bouteille, et donc un revenu d’environ Rs 400 pour la journée. Ensuite, l’intermédiaire revend les bouteilles aux recycleurs.

Achat de boissons : suivez la consigne

Au supermarché comme à la boutique du coin, la consigne est de mise. En effet, à l’achat des boissons, il faut y déposer des bouteilles vides au préalable. Le nombre de bouteilles et le montant correspondant sont alors inscrits sur un reçu remis au client, indique un responsable de supermarché. Celui-ci se base sur les tarifs des fournisseurs et sera déduit de sa facture à la caisse. Comment marche la consigne ? Selon notre interlocuteur, les bouteilles de rhum, vin et bière, tous produits localement, sont consignées. Idem pour le vin importé mais embouteillé localement. Sont exclues : des bouteilles de whisky, de vin importé et embouteillé à l’étranger, de rhum agricole, de bière importée. Côté tarifs, la bouteille de bière revient à Rs 18 et la chopine à Rs 9 en consigne. Pour le rhum, la bouteille est à Rs 12 et la chopine à Rs 6. Quant au vin, il est de Rs 12. Si un client ne présente pas ces bouteilles vides à la consigne, les montants susmentionnés lui seront facturés à la caisse.