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Réforme électorale: possible si le MMM vient au secours du gouvernement

13 septembre 2018, 23:00

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Réforme électorale: possible si le MMM vient au secours du gouvernement

 

La tâche ne sera pas aussi facile qu’on le croit pour le Premier ministre, Pravind Jugnauth. Il semblerait qu’il aurait beaucoup de mal à faire adopter la réforme électorale par l’opposition. Sauf s’il a le soutien du Mouvement militant mauricien (MMM) et des indépendants, notamment Danielle Selvon.

Déjà, selon les bribes d’informations qui ont été publiées dans la presse, le Parti travailliste (PTr) et le Parti mauricien social-démocrate (PMSD) ne sont pas en faveur de la formule proposée par l’alliance Mouvement socialiste militant (MSM)-Muvman liberater (ML), tout comme le député indépendant Kavy Ramano. Le Mouvement patriotique (MP) d’Alan Ganoo est également contre certains aspects du projet de loi.

Le gouvernement aura besoin d’une majorité de trois quarts pour faire voter tout amendement à la Constitution. Avec un Parlement de 69 élus, il lui faudra 52 voix pour faire adopter toute motion en ce sens. L’alliance gouvernementale, avec le soutien de l’Organisation du peuple de Rodrigues, compte 45 élus. Il faudra donc pêcher du côté de l’opposition, mais ce sera obligatoirement sans le PTr, qui compte cinq élus et le PMSD avec neuf députés.

Au sein du MMM, qui a six députés, on attend un rapport officiel pour commenter la réforme électorale. Lors de sa conférence de presse le samedi 8 septembre, son leader Paul Bérenger a déclaré que son parti pourrait la voter, mais «under protest».

Du côté du PTr, le leader Navin Ramgoolam a fait comprendre qu’il est contre. D’ailleurs, le chef de file de ce parti au Parlement, Shakeel Mohamed, note des propositions controversées, en particulier la nomination des députés à partir de la liste proportionnelle.

«Comment se fait-il que ce soient les leaders qui choisiront les députés pour que les minorités ne se sentent pas lésées ? Ce n’est plus la démocratie, c’est l’autocratie. Nous allons bâtir une nation de yes-men», dit-il. D’ailleurs, le député rouge insiste sur le fait que s’il faut éliminer le Best Loser System, il faut un mécanisme qui puisse rassurer les minorités et éliminer toute discrimination.

«Anomalies» du découpage

Pour sa part, le PMSD n’a pas exprimé sa position, il donne des indications selon lesquelles il ne soutiendra pas une réforme si elle n’est pas en profondeur. «Le Best Loser System répare les anomalies causées par le découpage électoral. Comment peut-on toucher au Best Loser System s’ils ne changent pas la façon dont le découpage est effectué ? Pour ce faire, il faut un bon recensement», déclare Adrien Duval, le porte-parole des Bleus sur ce dossier.

Quant à Kavy Ramano, il fait ressortir qu’il faudra préconiser un système qui corrigerait les manquements notés à chaque élection concernant les partis qui n’obtiennent pas un nombre suffisant de députés par rapport au pourcentage de votes obtenus. Il craint également le pouvoir octroyé aux leaders. «C’est une aberration et c’est inacceptable. Les leaders vont remplacer la Commission électorale», maintient-il.

C’est aussi l’appréhension d’Alan Ganoo, qui conteste le pouvoir donné aux leaders. «C’est un recul. Le pouvoir d’élire un candidat doit revenir au peuple.» Cela dit, le MP, qui compte deux élus, préfère prendre connaissance du rapport complet avant de prendre une position définitive sur la question à leur égard.

En revanche, Danielle Selvon qui attend également d’être en présence du rapport du comité ministériel sur la réforme électorale avant de se prononcer, donne une indication de

ce qu’elle fera. «Une abolition brutale du Best Loser System constitutionnel, qui est une formule de représentation proportionnelle, se fera aux dépens des quatre communautés, hindous, musulmans, sino-mauriciens et population générale. Cela devrait être évité, du fait que les quatre communautés ont toutes bénéficié du Best Loser System», maintient-elle.