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Law and order: comment rétablir l’autorité de la police?

13 septembre 2018, 01:30

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Law and order: comment rétablir l’autorité de la police?

Une cinquantaine de cas d’agression ont été répertoriés contre les forces de l’ordre depuis le début de l’année, selon des chiffres disponibles. Et aux Casernes centrales, la recrudescence de violence envers les agents de police est jugée alarmante.

La dernière agression en date est celle dont a été victime le caporal Choolun. Il était intervenu pour empêcher un rallye illégal à Goodlands, dimanche. Il a, par la suite, été insulté et bousculé. Et un jeune sur place lui a craché dessus. Les suspects se seraient ensuite rendus à Poudre-d’Or-Hamlet pour saccager sa maison.

Au sein de la force policière, l’affaire Choolun est traitée avec le plus grand sérieux. Les jeunes impliqués ont été arrêtés quelques heures seulement après les faits. Reste une question : comment en est-on arrivé là ?

Une panoplie de facteurs ont contribué à ce manque de respect envers l’uniforme au fil des années, affirme l’ex-assistant commissaire de police (ACP) et ancien responsable du Central Criminal Investigation Department (CCID) Jagdish Jasodanand. Tout commence par la tenue et le comportement du policier, dit-il. «C’est regrettable de voir ces jours-ci des policiers qui sont ‘improperly dressed’, se promenant sans cape, sans bâton et la chemise déboutonnée.»

Une attitude qui n’est pas sanctionnée, alors que c’était le cas auparavant. Or, pour Jagdish Jasodanand, la personnalité du policier détermine s’il sera respecté par le public.

Le respect passe aussi par la manière d’agir et de parler des membres des forces de l’ordre. «Il n’y a qu’à entendre comment on parle aux personnes qui viennent pour des plaintes ou des requêtes dans les postes de police», s’insurge l’ex-ACP. Il est temps, dit-il, que les Casernes centrales réalisent qu’une approche humaine est importante si l’on veut rétablir la situation.

Une mesure à prendre en urgence pour rétablir la confiance : revoir le Community Policing. Ranjit Jokhoo, ancien inspecteur de la Major Crime Investigation Team (MCIT), estime aussi que la police doit être visible. Il évoque d’ailleurs le manque d’effectif criant sur le terrain. «Dans le cas du rallye à Goodlands, comment se fait-il qu’il n’y avait que deux policiers face à une foule hostile ?»

Selon l’ancien limier, le responsable du poste de police n’avait pas bien évalué les risques de dérapages liés à ce rallye. «Une grosse présence policière aurait fait toute la différence.» Il pense également qu’il faut une réorganisation des ressources pour tous les postes de police.

 

«Récemment, on a vu qu’un individu a écopé d’une modique amende de Rs 300 pour avoir agressé un policier dans l’exercice de ses fonctions.»

La police doit aussi investir dans le matériel de pointe. «Pourquoi ne pas équiper les policiers de caméras qui peuvent agir comme ‘deterrent’. Dans plusieurs pays, des caméras (caméra piéton) sont fixées à la boutonnière des agents en patrouille.»

Cette violence envers les policiers s’expliquerait, en outre, par le fait que les sanctions ne sont pas aussi sévères. «Récemment, on a vu qu’un individu a écopé d’une modique amende de Rs 300 pour avoir agressé un policier dans l’exercice de ses fonctions», soutient un haut gradé qui réclame un durcissement des peines.

Mais la répression seule ne suffira pas à résoudre le problème. Le volet punitif doit être assorti d’une politique de prévention et de formation. «La formation des policiers laisse à désirer. Il faudrait qu’elle soit plus intensive pour les préparer à toute épreuve, comme c’était le cas il y a 30 ou 40 ans», avance Jagdish Jasodanand. D’évoquer l’introduction de tests d’aptitude plus rigoureux.

Un système de mentoring est aussi préconisé où des officiers à la retraite viendraient guider les recrues, par exemple pour qu’elles sachent comment témoigner en cour. Un avis que partage un ancien membre de la Disciplined Forces Service Commission, qui propose de changer le contenu de la formation proposée.

Plusieurs experts sont, eux, en faveur d’une refonte de tout le système. Ceux interrogés sont d’avis que la police ne peut être le refuge de tous ceux qui sont au chômage. La situation s’est gravement détériorée depuis que la politique s’est ingérée dans l’exercice de recrutement, disent-ils. «On continuera vers la dérive si les politiques utilisent la force policière pour caser des proches et agents politiques», réagit Ranjit Jokhoo.

La mauvaise image des policiers serait également due aux brebis galeuses qui ont fait la une de l’actualité pour des affaires de corruption, de pots-de-vin et de trafic de drogue. Pour beaucoup, un nettoyage est nécessaire pour que les forces de l’ordre redeviennent des role models.

«Parmi les supérieurs, on essaie de donner l’exemple», affirme le DCP Tangavel Seerungen, qui est à la tête de la Police Training School. Il fait ressortir que des sanctions sont prises lorsqu’il y a des manquements au code de conduite et de la discipline. Il appelle ainsi à ne pas généraliser. «En général, la police est bien respectée si l’on tient compte du fait que les officiers effectuent en moyenne 4 000 contrôles de véhicules.» Pour la formation, en revanche, il parle de changements introduits au niveau du curriculum.

«On continuera vers la dérive si les politiques utilisent la force policière pour caser des proches et agents politiques.»

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