Publicité

Prix des carburants: la vraie raison de la flambée

27 mai 2018, 22:30

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Prix des carburants: la vraie raison de la flambée

Maurice achète moins cher ses carburants qu’il y a trois ans. Pourtant, le prix à la pompe ne cesse de grimper. L’explication : le gouvernement a relevé les taxes de 50 % depuis son arrivée au pouvoir.

1. La faute au prix du pétrole

Aux deux tiers faux

Le prix du pétrole brut ne représente, en moyenne, qu’un tiers du prix à la pompe. Quand vous faites le plein, vous payez surtout… des taxes ! Elles représentent la moitié du prix final (55 % pour l’essence, 45 % pour le gazole). Vous payez également le raffinage, qui permet de transformer le pétrole brut en carburant. Troisièmement, les frais de logistique : le transport, l’assurance, la distribution. Sur son site, la State Trading Corporation (STC) détaille ce qui entre dans la note finale : «Les produits pétroliers sont transportés par des tankers jusqu’à Maurice. Ils sont ensuite débarqués, acheminés par un pipeline jusqu’aux storage tanks, puis distribués en camions-citernes aux stations-service. Toutes ces opérations sont coûteuses», et évidemment facturées à l’automobiliste. Le quatrième et dernier coût correspond aux marges de profit des compagnies pétrolières et des stations-service. Toutes ces variables sont indépendantes des fluctuations du brut sur les marchés mondiaux. Or elles pèsent lourd : environ deux tiers du prix à la pompe ! Conclusion : le ministre du Commerce s’arrange un peu avec les faits quand il justifie la récente hausse des carburants par «les fluctuations des produits pétroliers sur les marchés mondiaux».

2. La faute aux marges de distributeurs

Peu convaincant

Les compagnies pétrolières se goinfreraient sur le dos des automobilistes. Cette attaque revient à chaque augmentation des prix. Elle est largement exagérée. D’abord, les marges de gros et de détails (c’est-à-dire celles des compagnies pétrolières et des stations-services) représentent, cumulées, moins de Rs 4 par litre de carburant. Même si, au final, cela représente une grosse somme, vue l’importance de la consommation, le privé empoche une roupie quand le public en ponctionne sept… D’autre part, ces marges sont fixées par le gouvernement et ont peu évolué durant les trois dernières années. Celles des distributeurs (Shell, Total, Engen, Indian Oil) ont certes été majorées, mais dans des proportions qui sont de 5 % (soit 10 sous de plus par litre). Sur la même période, les stations-services ont dû se contenter d’un coup de pouce de 3 % (6 sous supplémentaires). De plus, la hausse des prix à la pompe ne fait pas leurs affaires, puisqu’elle a plutôt tendance à diminuer la consommation.

3. La faute aux taxes gouvernementales

Plus crédible

Sous le gouvernement actuel, l’essence a augmenté de 11 % et le diesel de 13 %. En raison de la hausse du litre de Brent ? Non, la State Trading Corporation (STC) l’achète moins cher aujourd’hui qu’en décembre 2014. Des coûts additionnels de raffinage ou de transport ? Non plus, ils sont meilleurs marché aussi. La marge des distributeurs, alors ? Encore perdu, elle n’influe… qu’à la marge, justement. En fait, ce sont les taxes qui ont explosé. Jugez plutôt : sur le gazole, carburant le plus utilisé par les Mauriciens, les taxes ont flambé de plus de 60 % (hors TVA) depuis les dernières élections générales. Ceux qui roulent à l’essence n’ont pas été épargnés non plus : les taxes ont bondi de près de 40 %. Cela signifie que depuis son installation, ce gouvernement vous «pompe» entre 6 et 7 roupies de plus par litre de carburant. CQFD.

4. Au moins, on sait où vont les taxes

Pas vraiment

Quand vous passez à la pompe, vous vous acquittez de huit taxes différentes. Vous mettez ainsi au pot de «contributions» diverses et variées : la Road Development Authority, les subsides sur la farine et le riz (un impôt sur des subventions, donc), le développement durable à Maurice, le transport de produits pétroliers à Rodrigues… Reste que l’essentiel de ce qui est capté n’a pas d’affectation précise. Les deux prélèvements les plus «méchants», et de loin, sont noyés dans le budget général des recettes de l’État. Il s’agit des droits d’accises et de la TVA. À eux deux, ils représentent un tiers d’un litre de carburant…