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Performance en 2017: la revanche de l’industrie du thé sur l’histoire

19 mars 2018, 23:15

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Performance en 2017: la revanche de l’industrie du thé sur l’histoire

Dans les années 80, on arrachait les plants de thé pour faire de la place à des plantations de canne à sucre. L’industrie de la culture de la canne à sucre et de la production du sucre de même que l’industrie du thé ont été contraintes à se réinventer à cause d’un avenir incertain. Mais au bout du compte, l’industrie de la culture de la canne et de la production du sucre laisse des plumes alors que l’industrie du thé prend son envol, même si cette percée n’est pas d’une grande ampleur. Les dernières données de Statistics Mauritius émises ce mois-ci et compilées dans un document intitulé Agricultural and Fish Production-Year 2017 en donnent un aperçu.

Le document indique que la production de la canne à sucre a enregistré une baisse de 2,2 % passant des 3 798 448 tonnes en 2016 à 3 713 331 tonnes en 2017. La surface de terre consacrée à la culture de la canne est passée des 51 476 hectares en 2016 à 49 973 hectares en 2017.

Par contre, il y a une hausse au niveau de la performance moyenne par hectare. Cette moyenne a grimpé de 73,79 tonnes à l’hectare en 2016 à 74,31 tonnes à l’hectare l’année suivante. Soit une augmentation de 0,7 %.

La baisse de performance a été notée également au niveau de la production du sucre. Celle-ci a chuté des 386 277 tonnes réalisées en 2016 aux 355 213 tonnes de Il s’agit d’un recul de 8 %.

Le taux d’extraction, procédé qui consiste à établir la comparaison entre le taux du sucrose dans la canne avant sa transformation et dans le produit fini qu’est le sucre, a été affecté. Il a diminué des 10,18 % recueillis en 2016 à 9,57 % en 2017 soit un recul de 6 %. La raison invoquée par les rédacteurs du rapport de Statistics Mauritius est l’impact des conditions climatiques sur la culture de la canne.

L’avenir sombre du sucre était prévisible. D’ailleurs, ce sont de telles perspectives qui ont débouché sur la conception de la Multi-Annual Adaptation Strategy, un plan d’action dont la mise en place allait s’effectuer entre 2006 et 2015. L’objectif principal consistait à assurer la compétitivité de l’industrie de la canne.

Au clair, cela visait une réduction d’une dépendance prononcée de ce secteur d’activité uniquement sur la culture de la canne et de la production du sucre. L’industrie sucrière va céder la place à l’industrie de la canne. Bref, l’exploitation de tous les potentiels de sous-produits de la canne allant de la paille à la mélasse.

L’année 2017 a donné le coup de grâce à la filière sucre avec la fin du quota de la production imposé jusqu’ici aux producteurs européens. Résultat : une libéralisation de la production et une redéfinition du rôle des producteurs européens qui vont, entre autres, provoquer une baisse du prix du sucre. La mauvaise performance de la filière sucre n’arrange pas les choses pour ce secteur.

S’il est vrai que la concurrence constitue un défi pour tous les produits d’exportation y compris le thé, le secteur de la plantation et de la production de ce dernier n’a pas mal fait pour 2017. Les données de Statistics Mauritius en témoignent.

La surface sous culture de thé est restée la même qu’en 2016 soit 622 hectares. Cependant, la production de feuilles vertes a crû de 7 301 tonnes de 2016 à 7 309 tonnes en 2017 soit une légère hausse de 0,1 %.

La production du thé au niveau des opérations usinières était, elle, de 1 353 tonnes en 2016. Elle a atteint les 1 379 tonnes en 2017, ce qui représente une augmentation de 1,9 %. Outre les producteurs traditionnels que sont la Chartreuse Tea Manufacturing Co Ltd, Bois Chéri Tea Factory et Corson Tea Estate, un élément non négligeable est venu apporter un nouveau souffle à l’industrie du thé. C’est la foi des Chinois dans les perspectives de développement de ce secteur.

Empreinte chinoise

Cette confiance a débouché sur l’engagement de Mauristea Investment Co Ltd dans la production du thé vert. Au programme, la production du thé vert, du thé noir et d’un thé traditionnel chinois. Le Kuan Fu Tea, l’empreinte chinoise dans la production du thé à Maurice, est bien implanté sur le marché mauricien. Des points de vente spécifiques ont été ouverts à différents endroits de l’île.

Si pour les grosses pointures tant de l’industrie sucrière que de l’industrie du thé, l’avenir est garanti grâce à leur capacité de diversification, tel n’est pas le cas pour les petits planteurs. Pour Kreepalloo Sunghoon, porte-parole des petits planteurs du secteur cannier, le défi consiste à convaincre les autorités de la nécessité de faire en sorte que les petits planteurs tirent eux aussi profit de toutes les opérations de l’industrie de la canne.

«Nous souhaitons une distribution équitable des avantages engrangés par l’industrie de la canne.» Comme la révision à la hausse du montant versé aux petits planteurs pour ce qui est de la commercialisation de la mélasse. Une compensation qui, selon Kreepalloo Sunghoon, devrait passer de Rs 2 000 à Rs 3 500 soit la moitié du prix de la tonne de la mélasse.

Les négociations butent également sur le versement d’une compensation en raison de la participation des petits planteurs au projet de production de l’énergie verte. Démarche qui permet au pays de se préserver des effets néfastes de la consommation du charbon.

Quant aux petits producteurs de thé, leur capacité de tirer profit de la montée de l’industrie reste négligeable. Manilall Dhoboj, secrétaire de la Grand Port Savane Tea Federation, une fédération qui regroupe six coopératives fortes de pas moins de 400 membres, en donne la raison.

«Nos défis sont entre autres notre incapacité à assurer notre survie financière, le temps que nous devrions attendre que les nouveaux plants de thé deviennent productifs ; le vieillissement des petits planteurs et la difficulté à leur trouver la relève ; l’impact de la baisse de la récolte des feuilles vertes en hiver.» Il indique qu’il faut au moins quatre ans avant qu’un bourgeon ne commence à fournir des feuilles voulues.