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Affaire Platinum Card: rencontre «décisive» entre Pravind Jugnauth et Ivan Collendavelloo au PMO

5 mars 2018, 10:01

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Affaire Platinum Card: rencontre «décisive» entre Pravind Jugnauth et Ivan Collendavelloo au PMO

C’est à 11 heures, ce lundi 5 mars, que le Premier ministre a rendez-vous avec son partenaire d’alliance à son bureau, à Port-Louis. Cette rencontre est qualifiée de «décisive» puisqu’elle pourrait déboucher sur le départ d’Ameenah Gurib-Fakim de la présidence de la République. Le leader du Muvman Liberater (ML) est considéré comme l’un des rares mais importants soutiens de la chef de l’État.

Le bureau du Premier ministre, en mode wait and see depuis l’éclatement du scandale Platinum Card, aurait décidé de passer à l’offensive. L’entourage de Pravind Jugnauth espère un dénouement sans fracas dans les plus brefs délais.

«Le problème c’est Ivan Collendavelloo qui, malgré la pression de l’opinion publique, continue à défendre Ameenah Gurib-Fakim et le leader du MSM ne souhaite pas mettre à mal le partenaire de l’alliance», estime un de ses conseillers. Un froid ou pire une cassure viendrait non seulement gâcher les célébrations de l’anniversaire de l’Indépendance mais aussi la cohésion gouvernementale à trois semaines de la rentrée parlementaire.

Du côté de la State House, quoiqu’isolée, la chef de l’État ferait toujours de la résistance en refusant de partir dans le déshonneur. Selon nos informations, malgré la polémique, l’absence de soutien du Premier ministre, l’insistance du bureau politique du MSM pour qu’elle démissionne et l’opposition faisant cause commune, elle aurait l’intention de s’accrocher et de ne pas céder.

Samedi soir, lors de son discours après avoir reçu une récompense du Defi Media Group, Ameenah Gurib- Fakim, très émue, a rendu hommage à ses parents de lui avoir permis d’accomplir le parcours de Plaine- Magnien jusqu’à la State House. «Monn touzour gard ou latet ot e mo pou touzour fer li», avait-elle dit. Dans les milieux du gouvernement, l’on avance que malgré ses larmes et sa combativité, les jeux sont faits. D’autant plus que samedi face à la presse, la présidente de la République est venue elle-même confirmer l’authenticité des documents bancaires.

Un autre élément accablant a été apporté par le ministre mentor sir Anerood Jugnauth le même jour. La présidente l’a assuré avoir déjà remboursé le montant de ses dépenses effectuées avec la carte de crédit mise à sa disposition par  Planet Earth Institute.

C’est une situation intenable, estime un membre du bureau politique du MSM, encore très remonté deux jours après la réunion au Sun Trust où le Premier ministre aurait reconnu devant ses troupes qu’il désapprouvait les agissements d’Ameenah Gurib-Fakim. Pravind Jugnauth aurait laissé comprendre qu’elle devrait prendre une «décision». La décision de «step down» en tout cas n’est pas à l;agenda.

Presque une semaine après la publication, par l’express, des relevés de sa carte Platinum de la banque Barclays, la chef de l’État ne s’est toujours pas expliquée. Comme l’a fait ressortir le Premier ministre, après le bureau politique samedi : «Nou bisin gété ki la présidant éna pou dire lor la.» Pas d’explication jusqu’ici et encore moins de stratégie de défense. L’ultimatum de 24 heures à l’express lancé vendredi n’a rien donné. Il a même fait pschitt après la réaction d’Ameenah Gurib-Fakim, samedi, sur la violation du secret bancaire. Et à ce stade, il n’y a pas de poursuites entamées dans cette affaire.

«Si le statu quo est maintenu, nous nous dirigeons vers une crise à la tête du pays», affirme-t-on, au bureau du Premier ministre qui, à hier, soir n’avait aucune communication formelle avec la State House.

Dans les milieux concernés, on laisse entendre que le Premier ministre devrait convaincre le ML de lâcher Ameenah Gurib-Fakim afin que son départ intervienne avant le 12 mars. Ivan Collendavelloo serait isolé au sein de son parti après sa prise de position sur cette affaire. Le cas échéant, le gouvernement abordera la rentrée parlementaire avec peu de sérénité surtout avec la motion de blâme du chef de file du Parti travailliste au Parlement, Shakeel Mohamed. Elle sera soutenue non seulement par les membres de l’opposition mais pourrait aussi l’être par la majorité.

Pour l’heure, la possibilité d’enclencher les procédures de destitution contre la présidente est jugée infime. Le gouvernement pourrait opter pour une cohabitation difficile comme en 2005 entre Navin Ramgoolam et sir Anerood Jugnauth et entre sir Anerood Jugnauth et Kailash Purryag.