Publicité

Qualité de l’essence: balayant les critiques, la STC blâme… le prix du carburant

7 janvier 2018, 21:30

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Qualité de l’essence: balayant les critiques, la STC blâme… le prix du carburant

Accidents, meurtres et pluies mis à part, c’est le talk of the town cette semaine. Histoire de mal démarrer l’année. Il y a un «sérieux problème» avec la qualité de l’essence disponible sur le marché actuellement, assurent les consommateurs.

Pour les critiques et les témoignages, les internautes sont passés à la vitesse supérieure sur Facebook. «Je viens tout juste de faire réviser ma voiture. Tout était nickel. Jusqu’à ce que je fasse le plein… C’était le 27 décembre, la voiture avait du mal à avancer, j’ai trouvé ça bizarre, j’en ai fait part à mon épouse. Je pensais que le problème venait du véhicule mais après, j’ai compris que plusieurs personnes s’en plaignaient également», déplore Jean-Paul Henrisson.

Cela fait pourtant dix ans qu’il s’approvisionne auprès de la même station d’essence. Et il n’a jamais eu de problème jusqu’ici. Il ne rechigne pas, précise-t-il, à payer plus (NdlR, le prix à la pompe est passé de Rs 44,60 le litre à Rs 47,30 le 21 décembre), mais il ne conçoit pas qu’il faille se fouler la cheville en ramant pour faire avancer son véhicule…

«Mo’nn sey plizier filing, parey mem…»

Même coup de klaxon enragé du côté de Lorenz Gaïqui. Sa voiture a les poumons en feu, peine à avancer. La couleur et l’odeur de l’essence ne sont plus les mêmes qu’avant, analyse cet automobiliste, qui pédale dans la semoule.

Les motocyclistes ne sont pas en reste. La «bête» de Doreck Clair, sa Suzuki 125 cc, n’est plus la même depuis quelque temps. Depuis le 1er janvier plus exactement. «Mo’nn sey plizier filing, parey mem. Moto népli éna tiraz kan fini met lésans, li karot-karoté. Mo pré pou al tir mo bisiklet la.»

Comme eux, nombreux sont les Mauriciens qui ont remarqué que les moteurs accusent un sérieux coup de pompe, confirment des pompistes rencontrés dans la capitale, vendredi 5 janvier. «Loder-la fer lestoma viré. Kan ou konpar ansien lésans ek séki pé gagné-la, sann-la pli kler… Boukou klian pé poz kestion, pé dimandé ki pé arivé.»

Les mécaniciens ont, eux aussi, du mal à amortir les interrogations. «Pa gagn problem ar diesel parski moter-la bril tou li. Ziss ek lésans… Pa koné ki’nn amenn ar nou. Sa kargaizon Soodhun-la sa…»

Les explications de la STC

Marche arrière. Carburant au patriotisme, selon ses dires, le député Showkutally Soodhun, qui se trouvait en Arabie saoudite durant la première semaine de décembre, aurait facilité les discussions avec Djeddah concernant l’approvisionnement en carburant, après qu’une cargaison est restée bloquée en Inde. Pour éviter la pénurie, 40 000 tonnes de carburants sont ainsi arrivées d’Arabie saoudite et quelque 3 500 tonnes des Seychelles et d’Afrique du Sud, il y a quelques semaines.

Est-ce donc au  niveau de la provenance que ça cale ? Absolument pas, embraye-t-on, du côté de la State Trading Corporation (STC). «Avant que le navire transportant le carburant ne quitte Fujaïrah (NdlR, un émirat des Émirats arabes unis), plusieurs tests ont été effectués et ils étaient tous concluants», argue un préposé de cette instance.

Quand il est arrivé à Maurice, c’est le SGS, un laboratoire privé situé à Valentina, qui a refait les analyses. Le rapport stipule que le carburant respectait les critères, notamment pour ce qui est de la densité. Idem pour les cargaisons qui ont débarqué des Seychelles et d’Afrique du Sud.

Quid de la couleur «bizarre» qui oscille entre des urines d’avant et après fêtes ? «Il s’agit seulement de ‘teintures’ que l’on rajoute à l’essence pour la différencier des autres produits.»

Et le fait que les véhicules de certains automobilistes n’avancent plus ? Qu’ils ont l’impression que les voitures «inn vinn soular» ? À cela, le préposé de la STC répond : «C’est probablement parce que l’essence coûte plus cher. Ils dépensent la même somme d’argent, ont moins de carburant et parcourent ainsi une plus courte distance…» Angle mort ?

Réactions, actions

Les automobilistes et les cyclistes qui se sentent lésés par ce problème peuvent contacter l’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM), souligne d’emblée Jayen Chellum, qui en est le secrétaire général.

Dès la reprise, demain, lundi 8 janvier, le dossier sera suivi de près, assure-t-il. En attendant, «je me pose des questions sur la qualité des carburants fournis par les fournisseurs qui ne sont pas les nôtres habituellement. Il faudrait que l’État donne davantage de précisions au sujet de l’essence».

L’ACIM a eu vent des plaintes formulées par les automobilistes et motocyclistes, souligne Jayen Chellum. Pour qui il n’y a pas de fumée sans feu…

Pour ceux qui n’ont pas peur d’avoir mal au crâne

Sous pression atmosphérique, l’essence s’évapore entre la température ambiante et 215°C. La densité moyenne des essences est d’environ 0,755, leurs vapeurs sont trois fois plus lourdes que l’air.

Les essences sont généralement caractérisées par leur indice d’octane (leur pouvoir détonant) et leur volatilité (qui détermine leur comportement dans les moteurs, à chaud et à froid). L’essence est principalement composée d’alcanes, alcènes, d’hydrocarbures aromatiques et de quelques autres composantes, issues de la distillation du pétrole ou des additifs (potassium, antidétonants, etc.) Il en existe sous plusieurs formes, dont certaines, comme l’essence ordinaire et le supercarburant (plombé), ont disparu ou sont en passe de disparaître.

Le supercarburant (super) offre un pouvoir détonnant supérieur à l’essence ordinaire, qu’il a progressivement remplacé en raison des meilleures performances qu’il offrait. Il existe deux types de super sans plomb, dont la dénomination peut varier suivant les pays. Le premier introduit sur le marché a été le sans plomb 98. Depuis est apparu le sans plomb 95.

98 et 95 désignent l’indice d’octane ; le super sans plomb 98 offre donc un pouvoir détonant plus élevé que celui du sans plomb 95.

(source : Wikipédia)