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Rani Mohum: la star des dîners authentiques chez l’habitant

16 décembre 2017, 23:43

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Rani Mohum: la star des dîners authentiques chez l’habitant

Rani Mohun, superviseur à «Zilwa Attitude» Hotel, organise chaque semaine à domicile des dîners typiques sur des feuilles de bananier pour des touristes. Ses dîners, qui font partie de la vocation du groupe Attitude de faire découvrir aux touristes la culture et l’âme mauriciennes, sont très populaires. Portrait d’une femme qui sait recevoir.

Il est presque six heures du matin. Rani Mohun, 45 ans, est généralement déjà au travail à cette heurelà pour superviser le service petitdéjeuner pour environ 450 touristes. Mais ce jour-là, elle a été autorisée à rester à la maison, d’autant qu’on est jeudi et que dans la soirée, elle recevra 14 touristes pour un dîner typiquement mauricien. 

Cette native de Pointe-des- Lascars, Rivière-du-Rempart, compte 25 ans de mariage avec Tulsidas Mohun, qui exerce comme chauffeur d’autobus individuel. Elle est mère de quatre enfants. Son père était laboureur. Il n’empêche que pour lui, ses cinq enfants «ti bizin lir». Lorsque Rani Mohun, l’aînée de la famille, rate son examen de FormV en raison d’une mauvaise note en anglais, elle veut reprendre l’examen. Mais son père refuse. «Linn dir lézot zenfan bizin lir.» 

«Pas de pression» 

Elle doit donc chercher du travail. Son voisin qui travaille au Royal Palm lui signale que l’hôtel cherche du personnel. Elle est recrutée comme stagiaire serveuse. Comme c’est son premier emploi, elle apprécie la nouveauté, le service à la clientèle. «Mo ti kontan kozé riyé. Souvan bann klian fer kompliman ek dir mo éna enn zoli sourir.» C’est là qu’elle rencontre Tulsidas Mohun. Ils se marient et au bout de dix ans, elle sent que ses enfants ont besoin de sa présence et démissionne. 

Lorsqu’elle est prête à reprendre le travail, elle ne retourne pas au Royal Palm. «J’ignore si cela a changé aujourd’hui mais à l’époque ou pa ti gagn drwa rétourné kan ounn ale». C’est donc à l’hôtel Paul etVirginie qu’elle est recrutée et est nommée maître d’hôtel. Au bout de trois ans, elle est envoyée au Lux Grand-Gaube où elle travaille quatre ans. Sa dernière grossesse l’oblige à faire une pause. 

Mais en novembre 2013, elle retrouve un emploi à Zilwa Attitude, à Calodyne, où elle est nommée superviseur des restaurants Roulet et Kot Nou. En sus du petit-déjeuner, elle supervise les déjeuners dans ces deux restaurants. Ce qu’elle apprécie avec le groupe Attitude, c’est le fait de travailler sans pression, d’avoir «un management compréhensif. Mo feel at home.» 

Un de ses collègues a été mandaté par la direction pour organiser des dîners typiques chez lui. Il le fait depuis l’ouverture de l’hôtel. Sauf qu’un jour, il a un empêchement pour des raisons familiales. «Management inn dimann mwa pren le relé.» Elle le fait depuis janvier 2014, avec l’accord de sa famille. Comme elle a accepté d’organiser ces dîners authentiques chez elle, en contrepartie, elle est exemptée du travail de nuit et termine son service à l’hôtel à 16 heures. Elle fait agrandir sa terrasse et prend toutes les mesures de sécurité comme s’équiper d’un extincteur ou avoir un kit médical à portée de main. Et les jeudi, vendredi et samedi, elle accueille des touristes, au nombre de 14, pour le dîner. La consigne est qu’ils consomment comme l’habitant. 

Ainsi, dès 15 heures, ses filles, sa belle-mère et elle préparent les ingrédients en vue de cuisiner sous les yeux des touristes des gato piman, des bajas et des samoussas en entrée et, comme plats de résistance, un curry de poulet, une daube de poisson, trois légumes bien de chez nous et un légume sec, une rougaille, un achard de piments, une salade de concombre, des faratas. 

Rs 800 par touriste 

«Ler zot arivé, mo bann tifi met kouronn fler zonn ki zot inn fer autour zot likou ek nou ofer zot enn koktel zi dfrwi, rum ek labier lokal. Nou fer démonstrasion kui gato piman, dit-elle. Nou les zot kui osi. Parfois c’est sept curry ou dholl puri. Nou fer zot manz lor vré fey banann ki mo bolom inn koupé dans karo so mama. En deser sé gato banann ar ice-cream, gulab jamoon é laddoo.» 

L’animation est assurée par Tulsidas lui-même qui chante des chansons en bhojpuri et des ségas. Leur fils Ryan s’y met aussi. «Nous les faisons danser. Mo bann tifi met henné lor lamé bann madam ek parfwa zot dimann met lor zot lipié osi. Nou montré zot kouma atass sari. Zot bien aprésié sa moman-là.» La soirée dure jusqu’à 23 heures et parfois davantage. 

Si, par dîner, elle dépense environ Rs 5 000, elle facture Rs 800 par touriste, soit Rs 600 pour le dîner et Rs 200 pour le transport. «Nous ne faisons pas beaucoup de profit dessus mais l’important c’est que nous rencontrons des gens du monde entier et partageons notre culture. Nou gagn boukou kado ler zot alé, sirtou sokola. Sa fer nou boukou korespondan lor Facebook.» Des touristes qui reviennent chaque année à Maurice insistent pour retourner chez Rani Mohun. Ainsi, deux clients anglais ont été pendant trois années de suite des repeaters. 

Rani Mohun tire énormément de plaisir de ces rencontres. «Li amenn enn ti income siplémanter dan lakaz, bann zenfan gagn zot ti pocket money mé avan tou, zot amélior zot anglé ek fransé.» 

Rani Mohun est si populaire que lorsqu’une chaîne de télévision française est venue faire un reportage sur l’hôtel, un de ses dîners authentiques a également été filmé. «Zot inn met sa lor YouTube ek sa finn amenn nou klian ki réservé depi l’étranzé.» Combien de temps se voit-elle organiser des dîners authentiques ? «Tan ki mo kapav mo pou fer li.»