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Commémoration de l’Armistice: le sort des anciens combattants…

12 novembre 2017, 00:00

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Commémoration de l’Armistice: le sort des anciens combattants…

Rendez-vous est pris à l’esplanade du Monument du soldat inconnu devant le collège Royal de Curepipe. En effet, c’est ce dimanche 12 novembre que sera commémoré l’Armistice. L’occasion de parler des anciens combattants mauriciens et rodriguais de la Seconde Guerre mondiale. Et de se pencher sur le sort de ces braves compatriotes rescapés de la guerre, en attendant la concrétisation d’un musée en leur honneur.

Des 38 000 combattants mauriciens de la Seconde Guerre mondiale, seuls 1 380 sont toujours en vie. Cent dix d’entre eux vivent à Rodrigues. Selon Naden Armoogum, secrétaire du Mauritius Ex-ServicesTrust Fund (MESTF), ces soldats sont aujourd’hui âgés de plus de 85 ans.

Le rôle du MESTF, qui opère sous la tutelle du ministère des Finances, est de fournir une assistance financière aux anciens combattants. Lors du Budget 2017- 2018, une enveloppe de Rs 60 000 a été consacrée à ce fonds.

En quoi consistent ces aides financières ? Il y a notamment la pension mensuelle. Les ex-combattants âgés de moins de 100 ans perçoivent Rs 1 500, alors que les centenaires – il y en a sept à Maurice – touchent Rs 2 000. Les veuves des anciens combattants bénéficient aussi d’une allocation de Rs 300 par mois.

À Rodrigues, il faut compter 16 veuves centenaires qui perçoivent Rs 1 000. Au décès d’un ex-combattant, sa famille bénéficie d’un «funeral grant» de Rs 5 000. Puis, à la mort de la veuve, elle reçoit Rs 2 500 pour les funérailles.

Il y a également des activités qui sont organisées à l’intention des anciens combattants. Le Mauritius Ex-Services Trust Fund se charge de visites à domicile chez ceux qui sont alités, une fois l’an. «Ils sont 400 dans cet état, souligne Naden Armoogum. Nous nous dépendons de la liste de la Sécurité sociale qui alloue une pension aux personnes alitées. Nous leur apportons quelques aliments. Mais au-delà de cela, nous sommes conscients que c’est surtout la visite qui leur fait plaisir.»

Les anciens combattants peuvent égalementcompter sur les déjeuners qui sont organisés dans les districts, y compris à Rodrigues. Puis, il y a aussi la commémoration de l’Armistice, qui se tient à Maurice le dimanche qui se rapproche le plus du 11 novembre. C’est, en effet, à cette date que plusieurs pays célèbrent la fin des combats de la Seconde Guerre mondiale, marquée par la victoire des alliés et le retrait de l’armée allemande.

Les anciens combattants sont, cela va de soi, invités à la cérémonie. «Après celle-ci, on leur offre un finger lunch. Peutêtre qu’à l’avenir, on envisagera d’organiser un système de transport pour faciliter leur déplacement», dit notre interlocuteur. D’autre part, ce Trust Fund agit en tant que facilitateur entre la Royal Commonwealth Ex-Services League, à laquelle il est affilié, et les anciens combattants mauriciens. Basée en Grande-Bretagne, cette organisation apporte son soutien aux citoyens des pays du Commonwealth qui ont servi au sein de l’armée britannique.

Elle accorde ainsi une aide financière aux ex-combattants qui sont dans une situation financière difficile. En moyenne, la league accorde annuellement 5 000 livres sterling (Rs 45 225) à Maurice. L’encadrement se fait aussi au niveau de la santé.

Des projets pour nos compatriotes médaillés ? Le Mauritius Ex-Services Trust Fund travaille sur une idée qui a germé il y a cinq ans, soit l’aménagement d’un musée. Il devrait voir le jour en 2018. «Dans les années à venir, les anciens combattants ne seront plus de ce monde. Nous devons garder des souvenirs d’eux pour la postérité», explique son secrétaire.

Le Mauritius Ex-Services Trust Fund avait d’abord pensé au vieux bâtiment du Trust Fund à la rue l’Église, à Port-Louis pour abriter le musée. Mais le site est jugé inapproprié. C’est au musée de Port-Louis que devrait donc prendre vie ce projet. Un comité technique travaille dessus.

La Royal Commonwealth Ex-Services League a accordé Rs 1, 2 million à ce projet. Deux institutions éducatives sont, elles, disposées à fournir des objets qu’elles ont en leur possession. Mercredi, une délégation se rendra à Rodrigues pour recueillir des témoignages oraux, des objets, artefacts et autres documents pour le musée.


Inscrit à son insu

<p>Parmi les 1 380 anciens combattants se trouve Jacques Désiré Mootoosamy, que nous avons rencontré. Celui qui a changé de nom pour s&rsquo;appeler Manikon Payandy Mootoosamy soufflera ses 94 bougies le 1er décembre. Les années se sont écoulées mais le nonagénaire se souvient de tout, dans les moindres détails. Y compris le nom des Britanniques avec qui il a travaillé. Rencontré à son domicile à La-Tour-Koenig, jeudi après-midi, Manikon Payandy Mootoosamy nous montre fièrement l&rsquo;attestation sur laquelle est écrite <em>&laquo;Military conduct: Exemplary.&raquo;</em> Il nous montre aussi des photos d&rsquo;antan. Sa médaille ? Il ne l&rsquo;a plus. <em>&laquo;Je l&rsquo;ai perdue lors du cyclone Carol&raquo;</em>, affirme-t-il.</p>

<p>L&rsquo;habitant de La-Tour-Koenig raconte que son inscription au sein des forces britanniques avait été faite à son insu. <em>&laquo;Je travaillais en tant que laboureur et ouvrier au sein de l&rsquo;Electric Telephone Department (NdlR, maintenant appelé Telecom), à Fort-George. Un jour, un Britannique m&rsquo;a emmené faire des tests médicaux. Et sans que je sache ce qui se passait, on m&rsquo;a inscrit dans l&rsquo;armée.&raquo; </em>Il met donc le cap sur Madagascar le 31 octobre 1946.<em> &laquo;Nou finn pass bokou mizer. On nous donnait des biscuits en graine de lin et une bouteille d&rsquo;eau pour travailler. Et on surveillait la quantité qu&rsquo;on buvait&raquo;</em>, se rappelle-t-il.</p>

<p>Il retourne à Maurice le 20 novembre 1949 et se marie. Mais le retour à la vie normale n&rsquo;est pas facile. Manikon Payandy Mootoosamy ne parvient pas à gagner sa vie.</p>

<p>Il n&rsquo;a d&rsquo;autre choix que de repartir. Ainsi, le 31 mars 1952, il s&rsquo;en va une seconde fois. Cette fois-ci, il sera posté en Égypte.</p>

<p>Il retournera au bercail trois ans plus tard, soit le 18 mai. Si la recherche d&rsquo;un travail est, au départ, tout aussi difficile, il parvient à décrocher le poste de planton dans une école privée de la capitale. Notre ancien combattant est père de quatre fils, cinq petites-filles et trois arrière-petits-enfants.</p>