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St-Hubert: un sort accepté face à la pauvreté

12 octobre 2017, 10:48

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St-Hubert: un sort accepté face à la pauvreté

Le développement semble avoir oublié ce petit village du Sud-Est. Si cette boutique que vous voyez sur la route principale cache cette réalité, bien vite, en empruntant une allée à côté d’elle, vous allez découvrir la vulnérabilité des pauvres gens.

À St-Hubert, la pauvreté est un quotidien pour nombre de villageois. Ce village de Sud-Est est réputé pour son manque flagrant de développement et les conseillers qui sillonnent le terrain décrient souvent l’exclusion sociale dont souffrent ses habitants.

Sur la route principale menant au village, une boutique cache pourtantcette réalité. On ne voit rien d’anormal, que de petites maisons autour, en bordure de route. Mais à côté de cette boutique, qui sert de point de repère pour les habitants qui se regroupent tous les après-midi pour papoter, une allée étroite dévoile la vulnérabilité des familles pauvres. 

Sur un petit terrain, des taudis en tôle sont accolés d’une telle manière que l’on a l’impression que c’est une petite maison comportant plusieurs pièces. Sauf que là habitent sept familles qui toutes louent une petite pièce dans cette baraque.

Sept familles, faute de moyens suffisants, sont obligées de vivre dans des conditions de promiscuité, de se partager une seule salle de bains et les mêmes toilettes.

À Rs 1 600 le loyer, elles ont droit à un petit logement comprenant une pièce servant de chambre à coucher, une autre de salon avec une cuisine attenante. Elles partagent toutes la même salle de bains et les mêmes toilettes.

Dans la petite cour, délabrée et insalubre, des enfants en bas âge jouent entre eux. Insouciants, ils n’ont pas conscience des classes sociales et de la misère, ils sont contents d’être là. C’est comme une cour de récréation. Mais les adultes, eux, sont au courant de leur situation et pèsent le pour et le contre avant de parler de quoi que ce soit.

Ils disent que ce genre de logement leur convient parce qu’ailleurs ils auront à payer plus cher.

Si les locataires hésitentà s’exprimer par peur d’avoir des ennuis, Asha Dalpath, elle, se livre sans hésitation. Elle habite là depuis trois ans déjà. Assise dans la petite cour, elle raconte qu’avec cinq enfants sous sa responsabilité, elle se débrouille en cultivant des légumes et en nettoyant des champs. Mais la somme qu’elle arrive à économiser ajoutée aux revenus de son mari qui est maçon, ne leur permet pas de subvenir aux besoins des cinq enfants. Et sans leur propre maison, ils doivent payer un loyer. Il faut trouver moyen de diminuer les dépenses, c’est pour cela que ce logement leur convient. Consciente de sa situation, elle avoue qu’ailleurs elle aura à payer plus. Là, au moins, elle ne paie pas la facture d’eau.

«Apar bann ti problem nou bien ici. Nos bizin pey zis kouran avec lokasion. Delo deza dan kas lokasion. Nou la depi trwa zan.» Le seul hic c’est le partage des toilettes et de la salle de bains. «Parfwa bizin atan pou kapav servi twalet.»

Si avoir un toit, peu importe les conditions, lui suffit,les habitants ont leur lotde soucis à chaque saison.«Kan lapli tonbé lakaz koulé. Nou debrouyé selman. Dan lété partou sofé. Pa kapav asiz dan lakaz, bizin res dehor sinon pou tom malad », souligne notre interlocutrice.

Un autre point que ces habitants semblent mettre de côté afin de pouvoir vivre là est l’absence d’un contrat. Même s’ils paient un loyer à chaque mois, ils n’ont jamais eu de contrat de loyer. «Nou pa ena oken kontra pou ici. Mé propriétere la korek. Li ed nou ek tou ti problèm nou ena li vinn geté», poursuit-elle.

Même son de cloche d’une autre voisine qui partage ce logement. Vendeuse de vêtements au marché de Quatre-Bornes, elle habite là depuis cinq ans. Elle s’est habituée à ce mode de vie et se contente du peu de facilité qu’elle a. Son mari, un maçon, et elle souhaitent bouger de là un jour, et donner la chance à leur fils unique de grandir dans un meilleur environnement.

«Nou inn rod lot plas, parti Mahebourg mé pa gagné. Pena mem lakaz. Si ou resi trouvé osi li tro ser. Lor la osi zot rod enn avalwar. Ou bizin pey pou 10 mwa lavans.»

Contrairement à sa voisine, elle est au courant des risques d’habiter une maison sans un contrat. «Proprieter lakaz la enn bon dimoun mé li vrai nou pena kontra. Si demin li dir nou alé nou pou bizin bouzé et li difisil pou trouv enn bon plas avek sa tigit mwayen la. Mé mo esperé li pou donn letan pou rodé.»