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Atelier de formation Joie de vivre: un appel à l’aide pour garder espoir

24 septembre 2017, 14:35

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Atelier de formation Joie de vivre: un appel à l’aide pour garder espoir

«Je me sens bien ici, on dirait que je ne suis pas un exclu...» Jonathan a 14 ans. Il n’est jamais parti au collège. Mais de l’ambition, il en a à revendre. Quand il sera grand, il sera chef de cuisine. Et cet avenir, c’est grâce à l’Atelier de formation Joie de Vivre qu’il l’entrevoit, lui qui n’a pu s’adapter au système éducatif dit «mainstream».

Comme lui, de nombreux jeunes de 10 à 17 ans fréquentent cet Atelier de formation. Ils y sont formés académiquement et y apprennent un métier. Ils y apprennent aussi l’espoir. D’un avenir meilleur. Sauf que cet établissement pourrait d’ici peu fermer ses portes…

Cette école, affiliée à ANFEN, explique la codirectrice Francesse Townsend, se trouve actuellement dans une situation financière très difficile. Qui ne devrait bientôt plus lui laisser d’autre choix que de mettre la clé sous le paillasson.

L’Atelier de formation Joie de Vivre opère grâce aux fonds du programme Corporate Social Responsibility (CSR). Il aurait besoin de la somme de Rs 150 000 à Rs 200 000 pour son fonctionnement. «Nous avons 54 élèves et chaque jour, hormis les activités que nous faisons, ainsi que d’autres frais, nous offrons le petit déjeuner et le déjeuner à nos élèves», souligne Francesse Townsend.

Mais voilà, les sponsors de l’Atelier de formation Joie de Vivre, en l’occurrence Lottotech, Bio Culture, Lux Resort et la Banque des Mascareignes, ont décidé de réduire leurs aides. Conséquence : «Depuis le début de l’année, pour pouvoir survivre, nous avons commencé à puiser dans nos réserves. Nous avons même coupé le déjeuner…», ajoute Francesse Townsend.

Une situation qui la désespère. D’autant plus que cela fait 28 longues années que l’Atelier de formation Joie de Vivre chemine aux côtés de nombreux jeunes qui n’ont pu s’adapter à l’éducation formelle, dit-elle. «Nous sommes attristés car ce n’est pas un ou deux jours de travail, mais nos sacrifices et nos efforts de 28 ans.»

«Lékol maser anba pié mang»

C’est Sœur Louiza qui a fondé l’Atelier de formation, il y a vingt-huit ans. C’était «lékol maser anba pié mang». Cette dernière, raconte Francesse Townsend qui travaille au sein de l’établissement depuis 15 ans, avait été très touchée de voir des enfants traîner dans la rue. «Boukou parmi sé bann zanfan ki sorti dan bann fami difisil. Éna ki swa viv avek gramer, swa avek mama ou papa. Ek osi bann ki pa’nn kapav aprann kouma tou zanfan.» C’est d’ailleurs cette catégorie d’enfants et de jeunes qui fréquentent toujours l’école. Certains sortent de Chemin-Grenier, Batimarais, Rivière-des-Anguilles et plusieurs villages du Sud et de l’Ouest.

C’est ainsi que Sœur Louiza a regroupé les enfants. Elle leur faisait la classe en plein air. Un peu plus tard, la paroisse du village leur a accordé une salle. Cela s’est passé ainsi pendant plusieurs années, jusqu’à ce que l’Australien Bernard D’Argent, un travailleur social, apporte son soutien à l’école et la structure.

«C’est lui qui a mis en place la structure, nous a enregistrés et a organisé toute une session de travail avec les ONG. Sans les ONG, le genre de travail que nous faisons n’aboutirait jamais», souligne Francesse Townsend. Depuis, les jeunes reçoivent une formation académique, font du sport, de la musique, sont formés à des métiers. Fière, Francesse Townsend fait ressortir que beaucoup d’élèves sont sortis d’ici en tant que personnes responsables, ont trouvé du travail et gagnent leur vie dignement.

D’où le désespoir qu’elle ressent présentement. «Nous ne savons plus à quelle porte frapper pour avoir de l’aide. Lorsque nous avons annoncé aux élèves et aux parents que l’école fermera bientôt ses portes, ils ont tous été choqués et sont tombés dans le désespoir. Bann zanfan dir nou, ‘kot nou pou alé miss ?’»

«Ici, j’ai appris plein de choses»

Emy a 15 ans. «Je n’ai jamais été au collège, mais je n’ai aucun regret.» Cela fait deux ans que cette habitante de Bel-Ombre fréquente l’Atelier de formation Joie de Vivre. «Ici, j’ai appris plein de choses comme faire du sport, la cuisine, entre autres.» D’ailleurs, dit-elle, c’est grâce à la formation et à l’encadrement qu’elle reçoit qu’elle s’est choisi un métier. «Je veux me lancer dans le sport pour être prof de Zumba.» L’Atelier de formation Joie de Vivre a offert de nouveaux horizons à beaucoup de jeunes comme Emy et Jonathan. Mais si l’école ferme, ils risquent de se retrouver à nouveau à zéro…

Appel à l’aide

Sur tous les visages, une interrogation. Qu’adviendra-t-il d’eux ? Les élèves ainsi que la dizaine de membres du personnel sont dans le flou car ils ne savent pas si l’école restera ouverte ou si elle fermera, comme l’ont annoncé les deux codirectrices, Mirella Bouquet et Francesse Townsend. Cette dernière lance un vibrant appel aux compagnies privées ainsi qu’aux autorités concernées, dont le ministère de l’Éducation, pour qu’elles leur viennent en aide. «Nous sommes tous des bénévoles ici, nous faisons du social et notre objectif est de donner à ces jeunes un meilleur avenir et les encadrer.»

Une publication du quotidien BonZour !