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Location Manager pour Serenity: «C’était comme vivre dans un autre monde», dit Amaury Bouchet

17 septembre 2017, 17:30

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Location Manager pour Serenity: «C’était comme vivre dans un autre monde», dit Amaury Bouchet

Il a eu un rôle crucial. Avant même le clap de démarrage du long-métrage Serenity, avec Matthew McConaughey, Diane Lane et Anne Hathaway, entre autres, dans les rôles principaux, il est celui qui effectuait le repérage des sites où les scènes ont été tournées.

Lui, c’est Amaury Bouchet, photographe professionnel. Plus de deux semaines après le bouclage du film, il a encore des étoiles dans les yeux lorsqu’il évoque le pré-tournage et le tournage de cette production hollywoodienne. 

Le tournage des scènes de «Serenity». 

Amaury Bouchet a peut-être 30 ans, mais il n’est pas un néophyte en photographie qu’il a étudiée à Ottawa, au Canada. Il s’est fait bien vite un nom dans le métier, travaillant notamment pour Lux* Resorts, l’aéroport SSR, des villas d’ENL, Médine mais aussi pour la compagnie Identical Pictures du producteur de films allemand Andreas Habermeyer, installé à Maurice depuis 2009. 

«Dans le script, il est question de pêche au gros. Il me fallait une jetée et je me suis rendu sur la côte ouest mais aussi dans le Nord.»

Cet homme marié à Emylou et père d’un bébé de 11 mois et d’un enfant à naître l’an prochain reçoit, un dimanche après-midi d’avril, un appel d’Andreas Habermeyer. Celui-ci l’informe qu’il a reçu une demande de Hollywood pour le tournage d’un long-métrage à Maurice. Le producteur lui envoie le soir même le script pour qu’il s’en imprègne et aille en repérage des sites éventuels de tournage. 

Le tournage des scènes de «Serenity». 

«J’ai lu ce script de 113 pages jusqu’aux petites heures du matin. Le lendemain, j’ai pris ma voiture et mon appareil photo et je suis parti en repérage. Par exemple, dans le script, il est question de la pêche au gros. Il me fallait une jetée et je me suis rendu sur la côte ouest mais aussi dans le Nord.»

Ainsi, pendant trois jours, Amaury Bouchet mitraille les sites repérés et retient dix images par site qu’Andreas Habermeyer et lui envoient par mél au réalisateur Steven Knight, au producteur d’IM Global, Guy Heeley et au producteur Carlsen Lorenz. Ces trois derniers professionnels du film débarquent début mai pour une inspection des sites identifiés. 

Le tournage des scènes de «Serenity». 

«C’est en van que nous avons fait le tour des sites. En une journée, nous avons parcouru 530 kilomètres. Nous avons commencé aux petites heuress du matin et entre les visites des sites et les réunions à Port-Louis avec les représentants du Board of Invesment etc., cela a fait de longues journées.»

Autant Steven Knight, Guy Heeley et Carsten Lorenz ont apprécié la jetée de Grand-Baie et celle de Rivière-Noire, au final, ils les ont trouvées «too busy». S’ils ont adoré l’environnement de la jetée de Trou-d’Eau-Douce, l’endroit leur a tout de même paru trop excentré. «Je les ai alors emmenés sur la jetée de Trou-aux-Biches. Steven Knight est descendu du van, a été au bout de la jetée, s’est retourné et a dit : All right Amaury. This is it ! Il a tiré sur son T-shirt, regardé Andreas et les autres producteurs qui adorent le lieu car tout y est concentré et leur a dit : Where are the cameras ? Let’s start shooting.»

«On a dû faire couper les cannes d’un champ pour qu’un hélicoptère puisse s’y poser comme dans le script. Tous les planteurs ont joué le jeu.»

À partir de là débutent des négociations. L’espace entre l’entrée à partir de la route principale de Trou-aux-Biches jusqu’à la jetée appartient à Roland de Spéville. Ils le rencontrent rapidement pour lui exposer leur projet de tournage et lui proposer un contrat de location du site pour une quarantaine de jours. Roland de Spéville est emballé et accepte. 

Comme à côté de la jetée se trouvent huit Guest Houses et la villa de Philippe Hitié, patron du réceptif Summertimes, ils le rencontrent aussi. Philippe Hitié leur fait faire le tour de sa propriété et ils sont conquis. Les Guest Houses leur serviront de bureaux pour tous les départements de la production alors que les deux maisons légèrement en retrait serviront de villas de repos aux acteurs entre le tournage des scènes. 

Le tournage des scènes de «Serenity». 

Lorsque les producteurs voient la terrasse à l’étage de la villa de Philippe Hitié, avec sa vue sur la jetée et sur la mer, ils savent qu’ils ont trouvé l’endroit idéal à être transformé en chambre pour l’actrice principale Diane Lane. Ils proposent un contrat de location des Guest Houses et de la villa à Philippe Hitié et ce dernier est partant. 

Grâce à Roland de Spéville, ils parviennent à trouver le bateau Le Boss qui appartient à Carlo Lutchoo. Ils n’ont aucun mal à convaincre ce dernier de le leur louer. De nombreuses scènes du film y seront tournées. C’est le fameux bateau qui est rebaptisé Serenity. Il a subi quelques modifications pour les besoins du film, notamment ses vitres qui ont été enlevées et remplacées par des portes en bois. 

Le tournage des scènes de «Serenity». 

Les bâtiments donnant sur l’allée allant de la plage à la route principale ont été recouverts de contre-plaqué repeints pour transformer le lieu en Plymouth Harbour. Le tout sous les directives du Art Design Producer Andrew McAlpine. 

Les dix sites où des scènes du film ont été tournées sont (1) le front de mer de Trou-aux-Biches allant du restaurant Le Pescatore, transformé lui aussi pour les besoins du film, jusqu’aux Guest Houses et la villa de Philippe Hitié ; (2) la jetée de Roland de Spéville jusqu’à l’entrée donnant sur la route principale de Trou-aux-Biches ; (3) le débarcadère de Trou-aux-Biches ; (4) l’église de Cap-Malheureux avec sa toiture rouge ; (5) l’ancienne sucrerie de Constance ; (6) la plage du St Géran qui était en rénovation ; (7) le Royal Palm où une scène a été tournée dans une de ses suites transformée en American Hotel ; (8) l’embouchure de la Baie de Tamarin avec, à l’arrière, la montagne rebaptisée pour les besoins du film Monkey Mountain et une autre scène à l’hôtel Tamarin ; (9) le phare d’Albion et ses environs où deux conteneurs ont été aménagés en bicoque et où vit l’acteur Matthew McConaughey dans le film ; (10) un chemin de cannes à sucre entre Forbach et Fond du Sac. 

«Pendant plus de deux semaines par exemple, nous avons tourné de nuit. Nous prenions le petit déjeuner à 16 h 30, le déjeuner à 1 h du matin, tout était décalé…»

Amaury Bouchet, qui a pris comme bras droit dans cette aventure, Vincent de Robillard, enseignant de kitesurf qui est aussi débrouillard que lui, a été agréablement surpris par l’attitude des planteurs dont les champs se situaient entre Forbach et Fond du Sac. «Il a fallu les contacter un à un pour leur expliquer le projet de film, les avertir qu’il fallait qu’on ferme la rue pour le tournage de scènes et leur demander de retarder la coupe pendant 15 jours. On a dû faire couper les cannes d’un champ pour qu’un hélicoptère puisse s’y poser comme dans le script. Ce qui a été formidable c’est que tous les planteurs ont joué le jeu et accepté de signer un Rental Agreement. Ils ont été très coopératifs», dit-il. 

Cela a aussi été le cas des propriétaires de bateaux qui étaient amarrés devant la jetée de Roland de Spéville et qui ont été relocalisés pendant la période du tournage. «Le Marine Department s’est chargé de leur installer des ancres plus solides dans la baie de Mon-Choisy.»

Le tournage des scènes de «Serenity». 

En revanche, les pêcheurs opérant à partir du débarcadère de Trou-aux-Biches se sont montrés récalcitrants. «Il y avait 26 pirogues amarrées devant le débarcadère et Vincent de Robillard a contacté les pêcheurs concernés. On leur a proposé d’installer un remorqueur manuel à nos frais. Et en une journée, les 26 pirogues s’étaient multipliées pour devenir 35. Nous avons dû les payer», raconte le Location Manager, qui ajoute que la production a fait remplacer les jeux du jardin d’enfant qui étaient dans un état piteux et refait toute la clôture et le portail du jardin d’enfants attenant au débarcadère. 

«Nous avons eu des challenges chaque jour que nous avons relevés. Pendant plus de deux semaines par exemple, nous avons tourné de nuit. Nous prenions le petit déjeuner à 16 h 30, le déjeuner à 1 h du matin, tout était décalé. Cela faisait de longues heures dans le froid, l’humidité avec les asperseurs d’eau artificielle pour simuler la pluie. On aurait pu faire un film du film.» 

Le tournage des scènes de «Serenity». 

Ce qu’il en retient, c’est l’expérience extraordinaire de travailler avec des producteurs et réalisateurs réputés «qui ont bossé sur de grands films. Steven Knight et Guy Heeley ont été impressionnés par le professionnalisme des Mauriciens. Le producteur Carsten Lorenz a déclaré avoir produit 46 films jusqu’ici et parmi, une quinzaine étaient on time et on budget et Serenity est de ceux-là. J’ai eu l’impression de vivre dans un autre monde. C’était une expérience extraordinaire.»