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Shalini Ramsurrun: entre la nutrition clinique et le marketing

16 septembre 2017, 16:22

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Shalini Ramsurrun: entre la nutrition clinique et le marketing

La nutritionniste clinicienne Shalini Ramsurrun, qui a aussi un diplôme en ventes et marketing, a longtemps appliqué ces deux spécialités à l’étranger. Depuis son retour au pays, c’est surtout la première qu’elle met en pratique. Elle est en pourparlers pour l’ouverture de Wellness Clinics au sein d’institutions privées.

Cette jeune femme originaire de Moka se destinait en fait à la médecine après ses études secondaires en science au SSS Gaëtan Raynal. Et ceci parce que de nombreuses personnes dans sa famille souffraient de complications de santé dues notamment à une alimentation déséquilibrée. À l’heure du départ pour des études supérieures à Mumbai en Inde, elle change son fusil d’épaule et opte pour des études en nutrition appliquée. Elle obtient son diplôme au bout de quatre ans.

Elle effectue un stage au Taj Group, plus précisément au département de Flight Catering où elle contribue à développer des menus spécialisés qui seront introduits à bord, notamment des plats pauvres en sel ou encore sans gluten. Se définissant comme «très proactive» sur les réseaux sociaux, elle obtient un emploi dans le département de recherche et de développement chez Nestlé à Delhi. Sa tâche consiste, entre autres, à analyser les résultats de tests de produits de la marque sur les enfants, à faire des recommandations à partir des résultats et à développer des procédures.

Au bout de six mois, Shalini Ramsurrun regagne le pays et trouve de l’emploi chez Nestlé. Là, elle rencontre le personnel médical et dispense des informations sur la nutrition infantile, organise des réunions médicales et scientifiques, agit comme déléguée médicale et s’occupe du contenu de livrets. Au bout de trois ans, elle sent le besoin d’aller se spécialiser davantage pour devenir nutritionniste clinicienne. Elle part pour l’Australie cette fois et se fait admettre à l’université de Curtin, où elle suit le cours menant à une maîtrise en nutrition maternelle et infantile. En parallèle, elle suit un autre cours en marketing et ventes.

De retour à Maurice, elle rencontre celui qui deviendra son époux, Jay, un Mauricien établi en Grande-Bretagne. Elle le suit à Londres et est bientôt embauchée par Abbott Nutrition en tant que consultante. Elle aide notamment à développer des compléments alimentaires. Comme elle a des connaissances en marketing et ventes, c’est aussi à ce niveau qu’elle donne des conseils. En parallèle, elle prend un autre cours en gestion nutritionnelle des malades du cancer sous traitement, à l’université de Kingston, à Londres.

Comme elle est intéressée par la nutrition clinique à visée thérapeutique pour les femmes enceintes et les enfants, elle travaille en freelance pour le National Health Service et est basée à l’hôpital. Elle explique que le rôle du nutritionniste n’est pas d’interdire tel ou tel aliment. «Le nutritionniste doit d’abord comprendre le style de vie de la personne qui est devant lui, connaître son histoire alimentaire pour ensuite définir un plan de nutrition personnalisé pour elle.» Elle se laisse ensuite débaucher par Pfizer Nutrition et travaille au sein d’une équipe pluridisciplinaire se consacrant à la nutrition maternelle et animale.

Au bout de sept ans, son mari accepte une offre d’emploi à Maurice et Shalini et leur fils Josh, trois ans, l’y suivent. Pour elle, c’est un retour mi-figue, mi-raisin. «Ne vous méprenez pas, je suis très fière d’être Mauricienne mais en Grande-Bretagne, en tant que nutritionniste clinicienne enregistrée auprès de la Nutrition Society U.K, j’avais plus d’opportunités professionnelles et la possibilité d’appliquer mes différentes spécialités.»

Depuis juillet, elle a rejoint une équipe pluridisciplinaire chez Polyconsult à Quatre-Bornes. «Autant en Grande-Bretagne, les gens viennent consulter directement le nutritionniste, autant à Maurice, ce sont généralement les médecins qui nous réfèrent les patients.» Elle est aussi en pourparlers avec quelques cliniques pour l’aménagement de départements de nutrition/bien-être.

«Il faut réduire la consommation de sel des mauriciens»

Depuis qu’elle exerce à Maurice, elle n’est pas surprise qu’il y ait autant de jeunes patients dialysés, de diabétiques ou d’hypertendus. «J’ai constaté qu’il y avait beaucoup de sel dans le pain à Maurice, plus que l’apport journalier recommandé, qui est de moins de cinq grammes par jour en Grande-Bretagne. Là-bas, le pain est fade. Il faut absolument réduire la prise de sel des Mauriciens.» Elle précise qu’en Europe et aux Etats-Unis, il est aussi beaucoup question de Dietary Approches to Stop Hypertension Diet ou la DASH Diet soit une alimentation pauvre en sodium, en produits laitiers entiers et graisses saturées mais riche en fruits et légumes. Elle trouve que les enfants et les jeunes consomment trop de chips avec des colorants et du mono sodium glutamate et trop de fast-food. En Europe, il y a une Food Standard Agency qui règlemente la teneur de graisses saturées dans les aliments affirme-t-elle. «Autre exemple, plusieurs producteurs de produits alimentaires adoptent des codes couleurs sur l’emballage qui définissent la teneur en graisses, sucres et sel. Si l’emballage affiche une couleur rouge, cela signifie que la teneur en graisses, sucre et sel est très élevée. Il appartient aux consommateurs d’être vigilants par rapport à ce qu’ils achètent.»

Difficile de modifier des habitudes alimentaires culturelles ? Shalini Ramsurrun ne pense pas que ce soit si dur que cela. «Prenez le samoussa, au lieu de le frire, pourquoi ne pas le passer au four ? Pourquoi ne pas remplacer sa farce de pomme de terre par d’autres légumes ? Lorsque vous faites du pain à l’ail, pourquoi ne pas remplacer le beurre par de l’huile d’olive ?»

Elle est pour l’éducation des Mauriciens mais pas seulement à travers les campagnes d’information traditionnelles. «Dans certains supermarchés en Grande-Bretagne, lorsque vous allez faire vos courses avec vos enfants, la direction offre des fruits comme des mandarines, des bananes gratuitement aux enfants pour que ces derniers prennent l’habitude d’en manger pendant que leurs parents font du shopping. Il existe aussi des chips sans colorants ou MSG. Ce sont de petites habitudes à modifier pour finir par manger équilibré.»