Dernier jour ce jeudi 31 août pour les habitants de La Butte pour évacuer leur maison. Selon la date butoir, ils doivent faire place au tracé du métro. Or, ces derniers ont des sentiments mitigés au sujet de cette expropriation. Si certains font de la résistance, d’autres sont prêts à partir à condition qu’ils reçoivent la compensation que le gouvernement leur a promise. Mais les habitants que l’express a rencontrés disent toujours attendre cet argent.

«Mo pé atann mo kas pou alé», lance Christian Benoît, qui revient du travail. Cela fait 66 ans qu’il habite à La Butte. Si sa nièce, qui vivait sur le même terrain, a déjà obtenu la compensation, lui dit toujours attendre l’argent qui lui revient. Il explique avoir reçu seulement une notice de la cour. Selon lui, tous les habitants n’obtiennent pas la même somme. «Les habitants qui sont déracinés par le projet reçoivent une compensation plus importante.» Ce que confirme Azam Rujubali, un des habitants qui fait de la résistance. Il affirme ne pas comprendre cette disparité parmi les résidents de La Butte qui ont eu l’ordre d’évacuer. «Je reçois une somme d’argent pour ma maison. Et un autre riverain qui habite un peu plus loin obtient deux fois plus que moi. Je ne comprends pas cette évaluation.»

Assis sur le bord du canal derrière le marché de La Butte, Paul Gaëtan Grand-Court écoute calmement ses voisins. «Zot dir alé. Zot pa donn kas. Bizin donn kas pu alé.» Cela fait 60 ans qu’il habite La Butte. Selon lui, le Metro Express «pé rann dimounn malad». Si une habitante qui a élu domicile à La Butte depuis presque 14 ans a pu trouver une maison en location dans la région de Vénus, elle dit attendre son argent «pou bouz dan enn meyer plas». «Je suis une retraitée. Je ne veux rien du gouvernement. Simplement qu’on me donne mon argent.»

En attendant, chacun jette un dernier regard sur ce lieu empreint de souvenirs. Mehzabeen Caramtali, ancienne candidate municipale en 2015, est submergée par les émotions. Sa famille habite La Butte depuis 80 ans. Même si elle affirme qu’elle n’est pas concernée par cet ordre d’évacuation elle «devient orpheline de (ses) voisins». Elle se souvient comment à chaque averse, «lapolis vinn dir nou alé». «On se rendait chez la famille. Nous savons qu’on se trouve dans une zone rouge. Une zone de glissement de terrain. Je me souviens qu’il a fallu construire une tranchée quand mon papa a érigé une construction.»

<p>Depuis samedi, Mehzabeen Caramtali dit assister à un défilé de &laquo;<em>gens louches&raquo;.</em> L&rsquo;ancien propriétaire de la maison en face de chez elle a reçu l&rsquo;ordre d&rsquo;évacuation. Il a quitté les lieux jeudi dernier. Des planches de bois ont été installées mais les <em>&laquo;toxicomanes</em>&raquo;, selon ses dires, ont enfoncé la porte pour y entrer. &laquo;<em>Ce lieu devient dangereux.&raquo;</em></p>

<p><strong>La situation des habitants discutée en comité </strong></p>

<p>Lors de l&rsquo;ouverture d&rsquo;une gare à l&rsquo;université de Maurice, le ministre des Infrastructures publiques, Nando Bodha, a affirmé qu&rsquo;un comité va se rencontrer aujourd&rsquo;hui pour discuter de la situation des habitants de La Butte, au cas par cas. Il a expliqué que la date butoir est légalement fixée au 31 août. &laquo;<em>Il faut livrer le site à Larsen &amp; Toubro</em>.&raquo; Concernant les tests géotechniques, il a expliqué que la sécurité a été une priorité lorsque l&rsquo;appel d&rsquo;offres a été rédigé concernant les spécifications. &laquo;<em>Nous avons des garanties que le projet sera fait dans les meilleures conditions.&raquo;</em> Ce sera à Larsen &amp; Toubro de faire des tests géotechniques. Selon lui, les soumissionnaires se sont basés sur les spécifications données par le ministère des Infrastructures et sur celles de la Japan International Cooperation Agency ainsi que la Singapore Cooperation Enterprise.</p>

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