Publicité

Arfaaz Yeadally, 19 ans: «Si ma mère était là, je ne traînerais pas les rues»

29 juillet 2017, 19:59

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Arfaaz Yeadally, 19 ans: «Si ma mère était là, je ne traînerais pas les rues»

Avec un tricot trop grand pour lui, une paire de jeans trop serrés et un air triste, Arfaaz Yeadally fait beaucoup plus jeune que son âge. Âgé de 19 ans, il est un sans domicile fixe depuis 2014 et n’a jamais connu une enfance heureuse. La nuit, il dort sous des abribus. «Peut-être que si ma mère était là, je ne traînerais pas les rues. Moi aussi j’aimerais avoir une famille comme tous les enfants», lâche-t-il. Il nous raconte son histoire.

«Quand j’avais trois ans, mes parents nous ont placés, ma soeur et moi, dans un orphelinat. Ils n’arrivaient plus à s’occuper de nous et ils avaient des problèmes financiers», relate-t-il. Il ne se souvient guère d’eux. Mais son séjour à l’orphelinat a donné un sens à sa vie. Il avait sa soeur, âgée de cinq ans, à ses côtés et cela le rendait heureux.

Lorsqu’il a atteint l’âge de 12 ans, un proche a enclenché des procédures pour l’adopter. «La cour a accepté et ce proche avait promis à mes parents de bien veiller sur moi», se souvient Arfaaz. Au début, avoue-t-il, tout allait pour le mieux. «Zot ti pé get mwa bien, donn mwa manzé, amenn mwa promné.» Malheureusement, cela n’a pas duré.

L’univers de la drogue

Petit à petit, ses proches l’ont introduit dans l’univers de la drogue. Ils l’ont initié au trafic. «Zot ti pé donn mwa enn ti latres nwar kolé, zot dir mwa al kit sa ar dimounn. Dimounn-la pou donn mwa Rs 500. Mo ti enn zanfan, mo pa ti koné kiété sa.» Cette situation a duré quelques années. Il a même été interpellé à plusieurs reprises par la police.

De bons samaritains l’ont approché pour lui faire prendre conscience des dangers du trafic de drogue. Et, en grandissant, il a réalisé qu’il fallait y mettre un terme. «J’ai vu que la drogue faisait des ravages. Je me suis dit que je devais arrêter avec ça.» Il a alors pris la décision de s’enfuir. Ses proches l’ont retrouvé et l’ont menacé de lui faire du mal s’il décidait de parler.

«Je n’avais pas envie de mener cette vie. Jusqu’à présent, ils menacent de me tabasser lorsqu’ils me voient. Je suis même allé faire une déposition à la police d’Abercrombie contre eux.» Depuis, sa vie est un cauchemar. Il quémande pour se nourrir. Il a déjà passé trois jours sans avoir eu de quoi manger. Un de ses proches l’aide en lui donnant de temps à autre un peu de nourriture et en lui lavant ses vêtements. Mais celui-ci ne peut l’accueillir, étant dans une passe difficile.

Arfaaz a tout essayé pour s’en sortir. Il travaille chez des habitants de sa localité comme jardinier pour Rs 100 ou Rs 150. «Avec cet argent, je m’achète un peu de nourriture. Mais le soir, des drogués viennent, me battent et me volent mon argent.» Il a essayé de rejoindre un orphelinat, en vain.

Tout ce que le sans-abri veut, c’est une vie normale. Il avoue avoir perdu espoir et est découragé par la vie. Il a fréquenté l’école Beaugeard avant d’intégrer le prévoc au collège Bartholomew’s. «Monn areté apré prémié lané prévok. Mé mo konn lir anglé ek fransé.» Sa soeur, elle, a fait sa vie et il n’a plus de ses nouvelles.