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Marc Raffray : une passion inentamée pour l’hôtellerie

22 juillet 2017, 21:48

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Marc Raffray : une passion inentamée pour l’hôtellerie

Marc Raffray ne s’est pas fait prier pour nous accorder 45 minutes dans son emploi du temps chargé. Sans compter le signe de reconnaissance entre compatriotes qui s’est traduit par un amical «Bonjour, tou korek !» dès qu’il a eu le combiné en main.

On sent à sa manière de parler qu’il est toujours sous l’emprise de son métier et qu’il ne fait pas les choses à moitié. Marc Raffray est né en Grande-Bretagne, dans le Kent, il y a 55 ans, de parents mauriciens. Son grand-père était l’avocat et député sir Philipp Raffray, qui a siégé à la chambre d’Agriculture. Le père de Marc Raffray, feu Claude Philip, ingénieur agronome et industriel, a fait carrière à l’étranger, tantôt en Afrique du Sud, en Grande-Bretagne ou en France. Sa mère, Marie Josée, est une fille Souchon. Enfant, Marc venait régulièrement en vacances à Maurice.

Jeune adulte, Marc Raffray rêve d’aventures et de voyages. «Quand on est jeune, que l’on n’a pas d’argent et que l’on veut voyager, la seule solution est d’intégrer l’hôtellerie», dit-il. Il apprend les fondamentaux du métier à l’Institut technique des métiers de l’alimentation en Belgique et poursuit sa formation à l’école hôtelière de Le Touquet, où il obtient le brevet de technicien en hôtellerie. Ces formations lui font réaliser qu’il est fait pour ce métier «tourné vers l’autre» qui lui permet de faire notamment ce qu’il aime : «Voyager, rencontrer des personnes de cultures différentes et m’enrichir à leur contact.»

C’est au Méridien Étoile à Paris qu’il débute, déchargeant d’abord les camions des fournisseurs, puis il est envoyé au Front Office. Il se familiarise avec l’ensemble des services de gestion d’un établissement et au contrôle des coûts. Au bout de deux ans, il accepte le poste de manager du restaurant l’Amanguier à Paris. Il y reste cinq ans avant d’entamer une carrière à l’internationale qui le mène à l’hôtel Le Grand Gaube comme assistant directeur de la restauration. Il officie ensuite au Galawa Beach Resort aux Comores en tant que directeur de la restauration. Il rejoint ensuite le groupe Le Méridien et séjourne dans les cinq -étoiles de ce groupe à St Martin dans les Antilles françaises et à Bangkok en Thaïlande.

Marc Raffray s’est spécialisé dans les ouvertures et réouvertures d’hôtels. À Maurice, il a fait l’ouverture de l’hôtel Prince Maurice, au Maroc, celle de l’hôtel du groupe Delipat, tout comme il a procédé à la réouverture du Domaine des Andeols dans le Luberon, en France, avant d’intégrer la ligue des hôtels de luxe lorsqu’il est passé chez le groupe Four Seasons. Pendant dix ans, il a dirigé l’hôtel de luxe George V à Paris, d’abord comme directeur de la restauration puis comme directeur général. Il était alors parmi les plus jeunes directeurs d’hôtels.

Est-ce le fruit du travail allié à un coup de pouce de la chance ? «La chance, c’est au cinéma que l’on voit ça. Pour arriver à ce niveau, cela demande beaucoup de travail, de remises en question et beaucoup de sacrifices. Les journées commencent tôt et finissent tard. Il n’y a pas de jours fériés ou de week-ends qui vaillent. On se fait violence car on est loin de sa famille, dans des pays différents, avec des gens de cultures différentes. C’est à nous de nous adapter. Mais fondamentalement, j’aime ce métier. J’ai toujours fait ce qui me plaît», raconte-t-il. Après le George V, on l’envoie diriger l’Hôtel de Bergues à Genève avant qu’il ne mette le cap sur Maurice, plus précisément à Anahita. Il n’y reste toutefois que sept mois car le groupe Rosewood Hotels & Resort, qui gère l’Hôtel de Crillon et qui a suivi son parcours, le débauche un an avant la réouverture de ce palace.

«Deux facteurs m’ont décidé. Quand on vous offre de venir rouvrir un hôtel iconique et emblématique du 18e siècle qui a hébergé des présidents et des chefs d’États, c’est difficile de refuser. Dans une carrière, ce genre de proposition ne tombe peut-être qu’une seule fois. C’était un défi et un challenge humain de participer à la renaissance d’un tel établissement.» Le deuxième facteur à avoir pesé de tout son poids dans la balance est de nature émotionnelle. Divorcé, en acceptant le poste, il se rapproche de ses enfants – un garçon et deux filles de 25, 22 et 15 ans respectivement – qui vivent à Paris.

Marc Raffray a beau diriger un des plus anciens et luxueux palaces au monde, c’est un bourreau de travail. Le fait d’avoir été recruté un an avant la réouverture lui a permis de tout superviser, y compris la constitution des équipes. Pour canaliser ses énergies et rester en forme, quatre fois la semaine, il fait une heure de street boxing avant de se rendre à l’Hôtel de Crillon à 7 h 30. Il fait ensuite la tournée des équipes, vérifie que tout va bien dans l’hôtel, consulte les rapports de chaque service, s’occupe d’éventuelles plaintes, anime des réunions et se fait un devoir d’être présent à chaque arrivée et à chaque départ de clients. «Un bon hôte se doit de recevoir et de remercier les gens qui ont habité chez lui. Et puis, c’est un honneur pour un Mauricien de travailler dans un établissement mondialement réputé et de transmettre cette hospitalité mauricienne qui fait la force de notre île. Je suis très fier de représenter Maurice dans cet hôtel iconique et emblématique.»

Marc Raffray ignore combien de temps il dirigera l’Hôtel de Crillon. «Mon contrat est à durée indéterminée mais je projette de terminer ce que j’ai commencé. On ne peut jamais prédire ces choses-là. Tout dépend de ce que l’on vit, où sont vos enfants, des propositions et si elles correspondent à un moment particulier de votre vie. Il n’y a pas de vérités absolues. En ce moment, je suis heureux de travailler avec des propriétaires qui me donnent carte blanche, qui ont le respect des autres et de travailler avec des équipes motivées. Toute réussite repose sur un travail d’équipe.»

L’hôtel de Crillon en chiffres

C’est un établissement étalé sur sept niveaux sur une superficie de 16 740 mètres carrés. Il dispose de 81 chambres, 33 suites, dix suites signatures dont deux décorées par le styliste Karl Lagerfeld. Les décorations intérieures ont été faites à partir de 600 matériaux dont 40 marbres différents. Deux sous-sols ont été creusés abritant le spa et une piscine avec puits lumineux dont le fond est tapissé de 17 600 mosaïques en forme d’écailles. Ce palace comprend aussi un restaurant gastronomique, une brasserie, un jardin d’hiver pour les pâtisseries fines, un salon de coiffure, un cireur et un barbier.