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Quartier-Militaire: des habitants de Cité Tôle vivent avec des drains bouchés depuis des années

27 juin 2017, 15:45

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Quartier-Militaire: des habitants de Cité Tôle vivent avec des drains bouchés depuis des années

Cela fait plus de six ans qu’ils vivent dans l’insalubrité. Leurs diverses requêtes aux autorités semblent être tombées dans l’oreille de sourds. Pour combien de temps encore, se demandent cinq familles.

L’air est presque irrespirable et c’est insupportable. Le temps nuageux et humide donne un air gris et sinistre aux lieux. Les maisons en tôle au début de cette allée qu’il faut emprunter pour accéder à la cité EDC sont presque collées les unes aux autres. La vue de ces habitats exigus rappelle que la pauvreté est une des réalités criantes du pays. Entre les maisons, des flaques d’eaux usées et croupies.

Cinq familles vivent à la cité EDC que l’on appelle aussi Cité Tôle à Quartier Militaire. Cela fait six ans qu’elles sont accablées par des drains bouchés et par le manque de canalisation. Elles n’ont cessé de solliciter le conseil de district de Moka, et de faire le va-et-vient entre les différents bureaux administratifs pour trouver une solution. Rien n’y a fait. Le pire, allèguent-elles, est qu’on leur demande de faire le nécessaire elles-mêmes. Faute de moyens, elles sont coincées, même si la santé de leurs proches et de leurs enfants est en jeu.

Un bébé dans les bras, Priscilla Sardine accourt vers nous dès qu’elle apprend que nous sommes journalistes. Cela équivaut pour elle à une lueur d’espoir. Elle pourra enfin exposer son problème à la face du plus grand nombre et il se pourrait alors que les autorités concernées décident d’agir.

Patauger dans la fange

Les cinq maisons les plus affectées par ce problème d’eaux usées sont en contrebas. Dans un premier temps, l’eau coulait le long de la pente pour traverser sous leurs maisons lors de grosses averses. Au fil du temps, avec la construction d’autres maisons et l’agrandissement des existantes en haut de la pente, le problème a empiré. Et le manque de canalisations autour des habitations a aggravé le problème. Du coup, l’eau n’a plus de sortie et même une simple utilisation d’eau chez les voisins entraîne un débordement et une accumulation d’eau chez eux. Ces eaux usées se mêlent à celles des fosses septiques avant d’envahir leurs maisons.

«Dilo sorti lor simin ek pass dan twalet vwazin pou desann partou dan lakaz», explique Priscilla Sardine. Désignant le cloaque entre sa maison et celle de sa voisine, elle explique qu’il est impossible de poser les pieds à terre sans patauger dans cette fange. «Akoz sa mem inn met enn bout sali, sinon bizin met blok ek mars lor la pou pa gagn malad». Elle attire aussi l’attention sur la puanteur des lieux. «Sitan senti move ki pa kapav res dan lakaz. Tou dimounn afekte, sirtou bann zenfan.»

Elle déplore aussi l’indifférence des policiers du poste de police de la localité à leur égard. «En me ti ena gro lapli. Dilo ti rant partou. Ziska oter sofa. Inn telefonn stasion lapolis, personn pann vini. Zot ti dir pou vini, nu tou inn atann impe létan. Apré kan nu re telefone zot pa pran call-la.»

La maison la plus touchée par ce problème est celle de Jessica Nobin. Mère de neuf enfants et vivant avec ses parents, cette dernière ne sait plus à quel saint se vouer. Elle nous fait visiter sa maison. On pourrait confondre l’habitation avec les égouts tant l’odeur y est nauséabonde. Il est clair qu’elle vient de passer la serpillière sur le plancher. Mais c’est une autre pièce qui écœure. On a l’impres- sion d’être dans un bassin. «Kouma enn linz ou soulie tonb dan sa dilo la, bizin zete. Li fini gagn mikrob ek pa kapav reservi. Delo tout à l’égout ki deverse la,» précise-t-elle. À tel point qu’elle a préféré condamner cette pièce. «Mo tipti ena enn an. Li pé komans marse me pa kapav less li mars partou akoz sa.»

Des voisins mécontents

Elle affirme que son fils a contracté une maladie de la peau à cause des conditions insalubres dans lesquelles ils vivent. Selon l’adage, après la pluie, le beau temps. Mais dans son cas, lorsque le soleil revient, c’est l’odeur pestilentielle qui mine la famille. «Kan lapli tonbe so landmin kan soley sorti bizin kit lakaz aler akoz loder. Sinon nou gaign malez.»

Elle a maintes fois demandé de l’aide, en vain. «Mo nepli konte komie foi mon al get district council. Zot pa kapav okip sa problem là. Zot pou zis pren enn plint. Akoz dan lakour sa nou mem ki bizin fer nu demars.» Elle a tenté de prendre les choses en main mais cela a mécontenté certains de ses voisins. «Nu inn gagne problem avek vwazin. Nu ti dir nu pou met baraz blok pou zot delo pa desan kot nu. Banla dir zot pou kraz baraz la. Kot zot pa bizin ena delo.»

Il y deux mois, un employé du conseil du district de Moka lui a conseillé de se tourner vers le ministère de la Santé pour dénoncer l’insalubrité causée par l’invasion de l’eau polluante. Mais cela n’a servi à rien, dit-elle. «Mem si zot desid pou met drin lor simin, problem la pou persisté pou mwa. Delo la pé sorti kot dimounn ek pé desann kot mwa dan mo lakaz.»

Nous avons tenté de parler au président du conseil de district mais il n’a jamais décroché son portable.