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Étienne Sinatambou: «Les Mauriciens n’auront pas à débourser de l’argent pour camper sur les plages»

5 mars 2017, 20:00

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Étienne Sinatambou: «Les Mauriciens n’auront pas à débourser de l’argent pour camper sur les plages»

Il évoque la polémique autour du camping. Mais aussi le fait qu’il ait planté sa tente dans quatre ministères en deux ans seulement. Entretien avec quelques grains de sable…

Le camping sur les plages fait polémique depuis plus d’une semaine. Où en sont les choses aujourd’hui ?

De mon point de vue, il n’y en a pas. Mais certains veulent à tout prix essayer de créer une polémique. J’ai fait une déclaration claire, nette et précise. Les Mauriciens n’auront pas à débourser de l’argent pour camper sur les plages de l’île.

Y a-t-il un conflit entre la Beach Authority et le ministère de l’Environnement ?

Pas du tout. Nous sommes sur la même longueur d’onde.

Vous dites qu’il n’est pas question que le public paie pour camper. La Beach Authority, elle, maintient que c’est dans la loi. Expliquez-nous cette incohérence.

Pour moi, il n’y en a pas.

Le mot «activité» qui se trouve dans la loi évoque quoi pour vous ?

Ça dépend du contexte. Cela peut vouloir dire différentes choses pour différentes personnes.

Lors de sa conférence de presse mardi, le ministre Soodhun a dit qu’il prendrait des «actions» contre celui qui a dit que le camping serait payant. Cela ne vous dérange pas que votre collègue s’approprie vos dossiers ?

Non. Il ne s’approprie pas mes dossiers. Nous formons partie du même gouvernement. Pourquoi voulez-vous qu’on ne s’entende pas ? Si mon collègue, qui est quand même vice-Premier ministre, dit quelque chose, moi je l’appuie. Je suis un Team Player. Je n’ai aucun problème avec le fait qu’un de mes collègues vienne m’épauler dans mes dossiers. C’est inopportun de parler d’«appropriation».

Normalement, il s’occupe des terres. Et vous, des plages. Est-ce une habitude de partager des dossiers entre collègues ?

Nous avons de nombreux comités interministériels. Nous voyons s’il nous faut un appui, une entente.

Qui, selon vous, mérite les foudres du ministère de l’Environnement sur le problème de camping ?

La question ne se pose pas pour moi.

Autre dossier brûlant. Vous avez été responsable de quatre ministères en deux ans. Vous n’avez pas l’impression qu’on ne sait pas trop sous quelle tente vous mettre ?

Je suis honoré que le Premier ministre m’ait demandé d’occuper quatre ministères en deux ans. Pour moi, cela veut dire qu’on me fait confiance. Aux Affaires étrangères, je considère avoir accompli du bon travail. Il n’y a plus de restriction de visa pour ce qui est des destinations comme l’Inde, la Chine et la Russie. J’ai signé un accord sur la technologie au niveau de l’Organisation mondiale du commerce en décembre 2015. J’ai également été la cheville ouvrière qui a fait en sorte que Maurice puisse participer aux négociations sur le libre-échange des services à Genève. Pour ce qui est du ministère de la Technologie, je suis très satisfait. Quand je l’ai quitté, Maurice était en pole position sur les sept principaux indicateurs dans le domaine de l’informatique en Afrique. Désormais, on me confie l’Environnement et la Sécurité sociale…

N’empêche que vous n’avez jamais terminé le mandat d’un ministère qui vous a été alloué. Quel est le problème ?

Dans tous les remaniements ministériels, il y a des changements de ministères. Même durant mon premier mandat, en 2005, j’ai quitté mon poste de ministre de Technologie, de la communication et de l’innovation pour celui de vice-président de l’Assemblée nationale. Il revient au Premier ministre du pays d’attribuer les ministères et je ne suis pas de ceux qui questionnent la prérogative de mon Premier ministre.

L’Environnement et la Sécurité sociale… Quel rapport entre les deux ? Comment faites-vous pour gérer ces deux portefeuilles incompatibles ?

Ce n’est pas une question d’incompatibilité. À mon avis, les ministères sont attribués en fonction des compétences. Si le Premier ministre a jugé bon de m’attribuer les portefeuilles de la Sécurité sociale et de
l’Environnement, je ne vois pas de quel droit quelqu’un parlerait d’incompatibilité. Au contraire, c’est le mérite de l’individu. Ces deux ministères ont certes des bureaux différents, mais la question d’incompatibilité ne se pose pas.

«Soodhun ne s’approprie pas mes dossiers. Nous sommes du même gouvernement. (…) je n’ai aucun problème avec le fait qu’un de mes collègues vienne m’épauler dans mes dossiers.»

À chaque fois que vous changez de ministère, il faut tout recommencer. Vous n’en avez pas marre ?

Pas du tout ! C’est valorisant de devoir gérer deux nouveaux ministères. Je m’attelle à cette tâche assidûment et je compte prendre des initiatives. D’ailleurs, si je me réfère au ministère des Affaires étrangères, j’avais été sollicité par l’Union africaine pour faire partie d’un trio de ministres africains appelé à faire un exercice de lobbying auprès du sénat américain pour solliciter le renouvellement de l’Africa Growth and Opportunity Act. Et nous avons obtenu le renouvellement le plus long de cette loi, soit pour une durée de dix ans.

Où en est-on avec l’installation du nouveau radar de la météo ? Pourquoi cela a pris du retard ?

J’ai vu un document à ce propos il y a trois semaines. Et il n’y a pas de retard.

Où en est-on avec la réforme de la pension universelle ? Le comité technique ne se rencontre plus. Pourquoi ?

Qui vous a dit que le comité technique ne se rencontre pas ? On ne peut pas s’asseoir et régler un problème de 25 ans en cinq mois. Je n’ai jamais demandé le démantèlement de ce comité et je n’ai certainement pas demandé aux membres d’arrêter de se réunir. Nous avons dépassé le cap des 200 000 retraités cette année. La pension de retraite coûte Rs 14 milliards annuellement. Nous avons une population vieillissante. Nous avons un taux de natalité en baisse. On ne pourra pas du jour au lendemain résoudre le problème. Il faut déjà reconnaître qu’il y en a un et qu’il n’y a pas de solution facile pour le résoudre.

On parle tout de même du gel du projet en ce qui concerne ladite pension. Quand le rapport sera-t-il soumis ?

Pas du tout. Je vais d’ailleurs rencontrer le comité pour m’assurer que les choses se passent bien avec tout le sérieux possible.

Sinon, quels sont vos projets pour vos deux «nouveaux» ministères ?

Pour l’Environnement, il y a la gestion des zones côtières. Ensuite, celles des risques liées aux catastrophes naturelles. Car, selon le World Risk Report de 2015, nous sommes le 7e pays au monde le plus exposé à ces phénomènes. Finalement, il faut mettre l’accent sur la sensibilisation et l’information des citoyens quant aux problèmes environnement. Quant à la Sécurité sociale, il y a la réforme de la pension. Et puis, un suivi sérieux en ce qui concerne les dossiers de ceux qui sont au bas de l’échelle et qui sont vulnérables. J’attache également une importance particulière aux autrement capables. Je compte présenter un amendement constitutionnel pour renforcer les droits de ceux qu’on appelle communément les people with disabilities.