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La semaine vue par Gilbert Ahnee

31 juillet 2016, 08:34

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La semaine vue par Gilbert Ahnee

 

Lundi 25 juillet 2016

Elu du nº 20, Gayan ? Rien d’alarmant à Cité Barkly, Cité Chébel… Et n’oubliez pas les beaux quartiers, la jeunesse dorée aussi est touchée…

19 cm plus loin…

À croquer ? En bordure des grands axes, une campagne publicitaire mérite notre attention. Cela entend promouvoir Chip Strips, nouveau produit mais aussi nouveau concept en matière de casse-croûte/gâteau apéritif. Et il y a plus d’une raison de s’y intéresser.

Cette tuile de 19 cm de longueur, fine mais rigide, pouvant servir pour des dips ou des canapés, voire pour assurer le croustillant dans un sandwich, a été conçue et lancée par une start-up, Mr Cookes Kitchen, dont notre compatriote Perry Bussier est l’actionnaire minoritaire. En France et en Grande-Bretagne, le succès a été fulgurant, le produit référencé par les principales chaînes de grande distribution.

Venons-en à la campagne d’affichage à Maurice. Tout en haut, à gauche sur l’affiche, une mesure précédant un point d’interrogation : «19 cm ?», cela suivi, une ligne plus bas, en caractères réduits, par les mots : «Un problème de taille…» On trouve plus bas une émoticône au sourire carnassier, à côté d’une tuile Chip Strips, sur presque toute la largeur de l’affiche. Au prochain alignement, une émoticône à l’air contrit, associée à une chip tortilla. Puis, encore plus bas, l’émoticône semble se lamenter, à côté d’une tuile reconstituée de type Pringles/Mr Potato, à côté de laquelle figure un début de réponse à la question du haut : «Pour certains». La dernière émoticône, genre vieux monsieur, introduit, elle, un soufflé croustillant. Finalement, au bas de l’affiche, la conclusion : Size does matter !

Sexué, sexy, sexuel ou sexiste, Mme Perraud ?

Mardi 26 juillet 2016

Études médicales. Sur la liste d’universités agréées, un pays – la Tchécoslovaquie – n’existe plus. Prague est en République tchèque…

Est-ce impossible?

Esprit clair. On ne demande ni l’homme le plus brillant de sa génération, ni un ancien billettiste au regard acéré. Il suffit d’un individu disposant d’un certain bon sens. Cette personne devra être assez sensée, lorsqu’elle ne connaît pas la réalité d’un secteur, pour écouter les techniciens plutôt que ses propres idées reçues. Cet homme devrait aussi être prêt à consacrer de longues heures, des soirées entières peut-être, à l’étude de dossiers que lui fourniraient son encadrement technique. Pour se tenir informé de la recherche dans les secteurs sous sa responsabilité. On l’aura compris, les quelques lignes précédentes pourraient être destinées aux chasseurs de tête appelés à trouver notre prochain ministre de la Santé.

Un ministre de la Santé responsable devrait 1) en partenariat avec son collègue de l’Éducation, instituer une Faculté de médecine à l’université de Maurice ; 2) créer un hôpital universitaire sur un des nombreux terrains encore disponibles à Réduit et développer des partenariats avec la Clinique Mauricienne et Apollo ; 3) développer une offre de formation médicale à Maurice, visant le haut niveau ; 4) encourager des étudiants de la COI et de la SADC à entreprendre des études médicales à Maurice ; 5) Imaginer un dispositif, notamment au moyen des réseaux sociaux, pour engager une conversation nationale permanente sur les enjeux de la santé ; 6) accepter que la drogue et la toxicomanie constituent des problèmes de santé publique et non prioritairement de délinquance criminelle.

Assurez-vous aussi qu’il n’ait pas d’autres priorités, sa collaboratrice par exemple.

Mercredi 27 juillet 2016

Ce sont les Draft Estimates qui délimitent l’exercice comptable. Le discours, c’est principalement de la com. Alors, en kreol, pourquoi pas ?

La pauvre !

Discernement. L’Empire des sens, du cinéaste japonais Nagisa Oshima, fut une grande réussite artistique de 1976. Le film parle de sexe, de sexe et encore de sexe. La passion des deux protagonistes est telle, leurs rapports sont si intenses, si violents que la mort semble la seule issue. Alors, érotisme débridé ? Pornographie ? Sexisme ?

Voici une quarantaine d’années, dans Etvdes, revue de réflexion de l’église catholique en France, Jean Collet, son chroniqueur cinématographique, se posait une question. Il se demandait pourquoi il avait pu voir L’Empire des sens sans révulsion, même avec attention, alors que d’habitude, pour les quelques films pornographiques qu’il avait voulu voir, il avait quitté la salle au bout de dix minutes. Et l’auteur de l’article, alors également professeur de théorie du cinéma à l’Université Paris V-René Descartes, avançait ceci : est pornographique ce qui représente la sexualité humaine telle qu’elle n’est pas. Dans la pornographie, les partenaires sont toujours disponibles pour le sexe, leur désir est instantané, leur disposition physique également, le plaisir garanti.

Des lèvres bien dessinées au Rouge Baiser, sensuellement entrouvertes, cela annonce-t-il forcément sexisme et surcharge érotique de nos représentations fantasmées de baiser ou de fellation ? Il faut aussi le dire : sans nos fantasmes, sans ce qui survient aussi in the eye of the beholder, le corps du délit se délite.

Reste Trisha G. Quelle que soit son erreur, certains propos tenus à son endroit sont d’une terrifiante cruauté. Et ce n’est pas ainsi qu’on encouragera des jeunes à s’engager.

Jeudi 28 juillet 2016

Si on comprend bien, dans l’affaire de Lagesse, l’opération, quand elle a été faite, n’était pas illégale. Depuis elle l’est. Bon à savoir!

Ça fait jurisprudence

Toujours 13 (2). Les juges Saheeda Peeroo et Nirmala Devat, siégeant en Cour suprême, ont blanchi un Technical Assistant du Tobacco Board. Il avait été préalablement condamné à trois mois de prison dans une affaire de conflit d’intérêts, en infraction des articles 13 (2) et (3) de la Prevention of Corruption Act. Les deux juges se sont appuyées sur le jugement rendu par le chef juge et le juge Caunhye dans l’affaire MedPoint. Même en supposant que les Law Lords finissent par casser le jugement Matadeen/Caunhye – ce dont nul ne peut être certain, cela va prendre un certain temps. En attendant cet aléatoire rétablissement de l’efficacité pénale de la PoCA, que fait-on ?

Il est déjà apparent que les avocats de Pravind Jugnauth entendent s’opposer à la demande du DPP, ce qui risque de retarder l’autorisation de leave attendue de la Cour. Dans tous les cas de figure, cela va prendre du temps, à Port-Louis, puis éventuellement à Londres. Pendant ces longs mois, notre PoCA n’est plus qu’un texte édenté, un de ses principaux outils – la mise en accusation pour conflit d’intérêts – étant très largement privé d’effet.

Bien évidemment sans effet rétroactif – ni contre Pravind Jugnauth ni contre quiconque, ne serait-il pas souhaitable et bien avisé d’amender la PoCA ? Pour lui donner l’efficacité voulue dans l’esprit des législateurs mais, semble-t-il, mal assurée dans la lettre de la loi.

Il ne devrait pas y avoir de polémique partisane à ce sujet. C’est une question technique, clinique, rédactionnelle.

Vendredi 29 juillet 2016

La MBC s’est-elle rendue compte de la maîtrise télévisuelle des diffuseurs de news online. Si on libéralise l’hertzien, ça va faire mal…

Top, forward & up

Se voulant olympien. Plutôt olympique, façon citius, fortius, altius: “Today we choose to come on top – to move forward and up”. C’est ce qu’affirmait, ce vendredi, le ministre des Finances, dans le rituel liminaire de son discours budgétaire. Une déclaration de politique économique qui annonce l’abolition de frais de douane sur les voitures électriques, l’introduction du Sand Bag licensing principle et l’adoption – pour ce que cela veut dire ! – du Metro Express ne peut pas être totalement sans portée. Reste qu’on pourrait souhaiter, le plus respectueusement du monde, donner deux petits conseils aux ministres des Finances, l’actuel titulaire comme ses successeurs.

Premier conseil : si vous souhaitez être écouté avec attention, à plus forte raison si vous souhaitez tenir des propos disruptifs, ou tout simplement si vous ne souhaitez pas qu’on s’endorme, passez vos phrases à l’épreuve de la contradiction. Késadir ? Quand vous avez tourné – ou qu’on vous a soumis – une belle formule, demandez-vous si on pourrait dire l’exact contraire. Par exemple, pour la proposition ci-dessus, la contre-proposition serait: “Today we choose to go to the lowest – to move backward and down.” Si cela est totalement inacceptable, c’est que l’offre initiale était sans intérêt, allant de soi.

Deuxième conseil : affectez quelques PPS, au monitoring de la mise en œuvre des mesures budgétaires. A bien voir, vous pourriez même imaginer un Budgetary Measures’ Implementation Parliamentary Committee. Avec des élus de l’opposition également ? Si la croissance ne dérange pas leurs projets.

Samedi 30 juillet 2016

Bérenger trouve dans le budget des «mesures intéressantes»… est-ce l’annonce d’une volonté, disons, d’apaiser les rapports ? Si ce n’est…

Lands and rails…

Encore léger. Bien peu d’informations quant à ce Metro Express annoncé par le ministre des Finances, perçu néanmoins par certains observateurs comme la mesure-phare de ce budget 2016/17. En quoi cela est-il différent du métro léger prévu par la précédente majorité ? Si l’on sait que le réseau comptera au moins une station Gare Victoria et qu’elle sera créée selon la formule BOT, soit avec les capitaux et le savoirfaire du privé, on ne sait rien de plus, notamment quant au tracé et à l’étendue du réseau. Pour mieux appréhender l’esprit, sans doute faut-il, en parallèle, dans l’express du vendredi 29 juillet, prendre connaissance de l’interview du président de la State Land Property Development Company, Gérard Sanspeur.

Parlant des 2 000 arpents, au centre de l’île, dont dispose l’État pour un vrai projet d’urbanisation, M. Sanspeur note : «Ce n’est pas un petit projet immobilier qu’on gère, mais la planification du cadre de vie de toute une agglomération […] Nous devons examiner chaque aspect, y compris le site lui-même, les projets de quartier, l’harmonie de l’architecture, l’ingénierie, la connectivité, la circulation, les besoins des utilisateurs, le transport ». Clairement pas pour des rallyes d’autobus dits individuels.

Il s’agit d’offrir aux futurs résidents, observe l’interviewé, «un projet moderne respectueux des normes d’urbanisation où ils se reconnaissent et où ils retrouvent leurs repères au quotidien». En utilisant intelligemment la terre, assurant aussi la mobilité, c’est l’espace que l’on redéfinit, les rapports sociaux aussi, les échanges économiques. Rien de garanti but quite exciting