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Métro léger: l’ACIM dénonce l’irresponsabilité du gouvernement

25 juillet 2014, 15:40

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Métro léger: l’ACIM dénonce l’irresponsabilité du gouvernement
«Est-ce que le projet de métro léger sera bénéfique au pays?» La réponse à cette question, posée par Jayen Chellum, lors d’une conférence de presse de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM) ce vendredi 25 juillet, est clairement «non» pour les membres de cette plateforme. 
 
«L’ACIM, rappelle son secrétaire général, se bat contre un projet de métro léger à Maurice depuis 1994.» A cette époque, explique-t-il, l’association avait réalisé une étude de faisabilité et de coût, en se basant notamment sur des projets de même type réalisés à travers le monde. Il ressort de l’étude de l’ACIM, qui a été mise à jour, que «les chiffres avancés par le gouvernement sont totalement faussés», avance Jayen Chellum. 
 
Selon Sangeelee Pooramen, ingénieur mécanique qui a réalisé cette étude, le coût de la construction du railway, celui du billet mais aussi le temps du trajet seront considérablement plus élevés que ce qui a été communiqué par l’Etat. Ainsi, d’après ses calculs, le projet devrait coûter la bagatelle d’environ Rs 65 milliards au lieu des Rs 22 milliards prévues, et ce sans compter les frais supplémentaires et les délais de construction.
 

Billet à Rs 160

 
Le billet aller devrait, quant à lui, coûter environ Rs 160, alors qu’Anil Bachoo a soutenu qu’il ne dépasserait pas les Rs 32. Tandis que le trajet devrait, soutient l’ingénieur, prendre environ une heure et demie, «à moins que le métro puisse atteindre une vitesse de 170 km/h, alors qu’aucun métro léger dans le monde ne va aussi vite». 
 
L’ACIM souligne qu’une voie de métro  léger longue de 17 km doit avoir au moins 2 millions de personnes qui résident le long du parcours pour être viable. «Sachant que le projet actuel est plus long, il faudrait que le gouvernement se lance dans une politique d’immigration massive pour gagner des profits à travers ce projet», explique Jayen Chellum.
 
Les membres de l’association ont également fait part de leurs craintes par rapport au fait qu’il ne reste qu’un seul constructeur potentiel parmi les 11 qui s’étaient montrés intéressés: la compagnie indienne RESKON. D’après le secrétaire général de l’ACIM, cette compagnie n’a réalisé jusqu’ici qu’un projet de ce type, à Delhi, et est spécialisée dans d’autres domaines.
 

Un Bus Lane System serait moins coûteux, selon Jayen Chellum

 
«En 2008, un accident a eu lieu sur la voie du métro de Delhi, dit-il. La compagnie de construction a été jugée coupable d’avoir installé 4 boulons au lieu de 10 sur certaines parties du rail pour réduire les coûts. Elle a été condamnée à payer une forte amende.» Sachant qu’il faudra importer toutes les matières nécessaires à la réalisation du projet à Maurice et que selon les conclusions de l’ACIM les coûts seront astronomiques, Jayen Chellum s’inquiète de l’utilisation éventuelle de matériaux low cost et d’économies de ce genre, ce qui mettrait en danger la sécurité des usagers. «Il suffit de voir ce qui est arrivé à la Ring Road pour se poser des questions», argue-t-il.
 
L’ACIM s’inquiète également du coût social de ce projet, car elle avance que la dette contractée pour sa réalisation sera répercutée sur le contribuable et les consommateurs. «Sommes-nous réellement prêts à nous endetter autant?» se demande Jayen Chellum.
 
Rejoignant Think Mauritius sur ce point, ce dernier avance qu’un Bus Lane System serait beaucoup moins coûteux (un onzième du coût du métro léger, selon l’ACIM) et aurait de nombreux avantages par rapport au projet du gouvernement. «La grande question est: à qui profitera un tel gouffre financier? Certainement pas au pays», s’insurge le secrétaire général de l’ACIM. «Ce serait irresponsable de la part du gouvernement d’aller de l’avant avec ce projet», conclut-il.