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«J?ai amené des morceaux qui donnent la liberté»

25 novembre 2006, 00:00

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Comment avez-vous découvert la basse ?

C?est plus une découverte de la musique avant la découverte de l?instrument. Là où j?habitais quand j?étais enfant, à Tranquebar, les voisins, les cousins, tout le monde jouait de la musique. Tous les soirs, tous les jours. Moi j?avais sept ans et j?étais imprégné là dedans, à la maison et au dehors.

J?ai commencé à jouer de la guitare et de la flûte, à l?école. Et mon grand frère a commencé à jouer de la basse. Comme il était plus petit en taille, et par la façon de jouer, la basse paraissait plus grande qu?une guitare. Si je me suis mis à la basse, c?était pour me sentir plus grand. Cela n?avait rien à voir avec le son. Et j?ai continué. Au début, j?avais un répertoire assez pop, Sting et tout le tralala. Avec un groupe on jouait des morceaux simples et pop, pour les touristes.

Est-ce qu?on s?amuse à la basse, comme à la guitare par exemple. Est-ce qu?on apprend vite ?

Quand on sait l?importance qu?a la basse, alors on s?amuse.

Quelle est l?importance de la basse ?

Une importance énorme. C?est le tronc d?arbre. Le batteur, c?est les racines, le bassiste, le tronc d?arbre. On contrôle la direction, entre le rythme et l?harmonie des autres instruments. On peut avoir l?impression que c?est super simple, mais ce n?est pas si facile. Je dirais aussi que c?est complet. On peut faire des accords, des solos, on peut trouver d?autres sons. Et ce qui est très important, on joue avec les doigts. Cela vient du sang, de la peau. Il y a un contact direct avec la basse contrairement à la guitare, qui se joue souvent avec un médiator ou la batterie, avec les baguettes.

Est-ce que la base a une importance plus particulière selon le style musical?

Tant qu?on est au service de la musique, on peut tout faire. Tant que c?est musical, ça passe.

Dans le jazz, il y a une telle liberté, que c?est la musique avec laquelle on improvise le plus. C?est l?instinct.

Avez-vous un style de jeu particulier ?

Plein de musiciens m?ont trouvé original. La plupart ont fait des écoles de musique. Je n?ai jamais étudié la musique ou le jazz. J?aime écouter, j?aime la musique. Après, au spectateur de voir.

Justement, vous serez en concert dimanche après-midi, au Centre Charles Baudelaire, avec la fine fleur du jazz mauricien. Qu?est-ce que les spectateurs vont voir ?

Bah, des musiciens sur scène, venu dans l?esprit, dans l?idée d?être plus ouvert. J?ai amené des morceaux qui donnent la liberté. ça va tourner.

Qu?est-ce que vous entendez par plus ouvert ?

A Maurice, on est un peu enfermé. ça manque d?ouvertures au niveau de la musique et dans la façon même de voir les choses. Sauf pour les musiciens qui sont partis à l?étranger. Quand ils entendent des trucs de l?extérieur, des CDs de musiciens exceptionnels, ça peu faire peur. Des musiciens qualifiés peuvent être frustrés et veulent partir.

Mais est-ce bon de partir ?

C?est bon de partir. A Maurice, on est tout petit dans le monde. Tout ce qu?on écoute pour progresser, ça vient de l?Occident. Il faut aller voir.

Qu?est-ce qui vous a réussi ?

J?ai eu la chance de partir en France avec Ernest Wiehe. Arrivé là-bas, je me suis dit, qu?il y avait une place pour moi. J?avais la pêche, une grosse énergie. Il y avait plein de clubs, et j?avais envie de jouer, de progresser. Je n?étais pas timide. C?était cool de jammer. Je connaissais plusieurs musiciens et chaque musicien avait un groupe. Je me suis retrouvé dans plein de projets en même temps.

Tous ces musiciens, vous souhaiteriez pouvoir les faire venir à Maurice ?

J?aimerai beaucoup mais pas par mes propres moyens, parce que je ne les ai pas. Je suis entouré de très bons musiciens qui sont aussi de belles personnalités. Il me suffit d?un coup de fil pour qu?ils viennent. Mais il faudrait que quelqu?un s?en occupe.

Ce serait bien qu?il y ait plus de master class, les Mauriciens sont en demande de ça. Juste pour voir ce qui se passe à l?extérieur.

Linley Marthe, bassiste mauricien de jazz. Il a travaillé avec de grands noms du jazz contemporain, Jean-Marie Ecay, Francis Lockwood, les frères Belmondo. Il sera en concert demain à 14h au Centre Charles Baudelaire.