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Pre-Clinical Research Bill : Les macaques au coeur de la tempête

11 février 2013, 00:00

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Pre-Clinical Research Bill : Les macaques au coeur de la tempête

L’exportation de singes pour des essais pré-cliniques divise. D’un côté, il y a ceux qui af?rment que cette pratique est nécessaire pour l’avancement de la science et, de l’autre, ceux qui la dénoncent comme étant barbare.

Ce projet de loi risque de faire grand bruit dans les mois à venir. En effet, non content d’être engagée dans l’exportation de milliers de singes par an pour des essais pré-cliniques, Maurice souhaite désormains permettre à ceux-ci d’être effectués localement. Annoncé dans le budget 2013, le Pre-Clinical Research Bill, qui pourrait être présenté au Parlement en avril, vise à «assurer la participation de Maurice à toute une gamme d’activités liées à la recherche médicale» ,notamment sur des macaques crabiers, une espèce prisée car largement libre de pathogènes. La Cyno Breeders Association (CBA), qui regroupe cinq entreprises engagées dans l’exportation de singes, se dit favorable à ce projet de loi. Par contre, la British Union Against Vivisection(BUAV) a, cette semaine, quali?é ce développement de «profondément inquiétant».

La BUAV compte organiser une campagne de sensibilisation pour alerter le public, en particulier les touristes, à ce sujet. « Nous sommes extrêmement déçus d’apprendre que plutôt que de prendre des mesures pour réduire la souffrance des animaux, le gouvernement mauricien a l’intention de permettre la mise sur pied d’aménagements pour des essais précliniques. Cela aura comme résultat d’assujettir des primates à des expériences dans un pays où il n’y a aucune législation relative ni à l’expérimentation sur les animaux ni à leur protection. Nous implorons le peuple mauricien de dénoncer ce projet de loi », a déclaré à l’express la directrice des projets spéciaux de la BUAV, Sarah Kite. Elle a également rappelé que la campagne Save our Monkeys, qui a fêté son premier anniversaire cette semaine, jouit du soutien de plusieurs organisations locales et internationales, à l’instar d’Ecological Living in Action, d’Azir Moris et de la National Vegetarian Association.

Du côté de la CBA, la réaction au Pre-Clinical Research Bill est autrement plus positive. «C’est la continuation de notre activité, on aimerait être partie prenante dans ce secteur. On a le savoir-faire scienti?que et académique pour le faire .De plus, ce sera béné?que pour les animaux puisqu’ils n’auront pas à faire de longs voyages», af?rme le secrétaire de la CBA, Nada Padayatchy. Interrogé sur le type d’essais que subiront les macaques, il explique que tout dépendra du contenu du projet de loi, qui déterminera, en grande partie, quelles seront les Clinical Research Organizations qui s’implanteront à Maurice. «Pa rexemple, ces essais pour raient servir à observer comment certaines moléculesagissent sur les systèmes respiratoires ,circulatoires ou reproductifs», indique Nada Padayatchy
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Un aspect important du processus sera la mise sur pied d’un comité d’éthique pour évaluer le mérite des projets de recherche proposés. Il devra notamment prendre en considération la nature des essais, le nombre d’animaux requis et les mesures qui seront prises pour minimiser le tort causé aux macaques. Nada Padayatchy précise que les membres de la CBA font déjà ce travail d’évaluation en interne. « Maurice est reconnue à travers le monde comme ayant des opérations de très haute qualité. On ne maltraite pas les animaux. Les gens ne le réalisent pas, mais l’utilisation de sing es dans les essais est très coûteuse. Donc, si on les utilise, c’est parce que c’est nécessaire »,poursuit-il. Ces éléments d’information ne risquent toutefois pas de calmer les ardeurs des opposants au commerce de singes. L’année dernière, la BUAV avait adressé une «lettre de soutien» au Premier ministre mauricien contenant les signatures d’une trentaine de députés britanniques de tous bords politiques. Malgré le tort causé à l’image de Maurice par l’exportation de macaques – environ 8 200 en 2012 –, les autorités, elles, continuent à faire la sourde oreille aux appels de la BUAV.  A en juger par l’introduction prochaine du Pre-Clinical Research Bill ,il semblerait qu’ellesaient même opté pour la surenchère, ce qui ne fera qu’alimenter la polémique qui existe autour de ce que Paul Bérenger avait quali?é de «big business», au Parlement en avril 2011.

 

Nicholas RAINER