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Diaspora : Le droit de vote s’ajoutant aux fromage Kraft, mine Apollo, poson-salé, etc.

15 mai 2021, 08:21

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Diaspora : Le droit de vote s’ajoutant aux fromage Kraft, mine Apollo, poson-salé, etc.

A combien sont dénombrés les Mauriciens, souvent de trois générations, faisant partie de la diaspora ? Sont-ils 250 000, 400 000 ou 500 000 ? Après avoir contribué énormément à l’économie du pays en transférant de l’argent à leurs proches dans les deux principales îles de notre archipel, aidé un grand nombre de nos citoyens à s’établir à l’étranger ou pour y poursuivre des études ou encore leur rendre visite comme touristes, ils réclament maintenant le droit de vote. Une demande tout à fait légitime.

Fortement légitime, à première vue, car à Maurice, nous offrons le droit de vote aux travailleurs bangladeshis et autres citoyens des pays du Commonwealth. Les Bangladeshis ont d’ailleurs dominé l’actualité juste après les élections de 2019 quand les Mauriciens ont appris qu’un grand nombre de ces travailleurs avaient été mobilisés par le Mouvement socialiste militant (MSM) pour prendre part au vote.

D’un côté, il y a un nombre officiel de Bangladeshis à avoir obtenu le droit de vote à Maurice. De l’autre, on soupçonne ces étrangers d’avoir été la pièce-maîtresse, après les fameuses Computer rooms, d’une vaste opération visant à maintenir le clan Jugnauth au pouvoir. On saura la vérité quand (enfin !) les pétitions électorales seront entendues en cour. Il y a une forte possibilité que la cour mauricienne ne se prononce pas sur ces cas avant 2023. Et après le recours au Conseil privé de la reine à Londres, il se pourrait que l’on soit à la veille, si ce n’est au lendemain des élections de 2024.

Le cas des Bangladeshis votant aux élections à Maurice a sans doute contribué énormément à enflammer les sentiments au sein de la diaspora et a fait pousser des ailes à tout mouvement réclamant le droit de vote pour nos compatriotes établis, travaillant ou étudiant à l’étranger.

Ces Mauriciens sont d’ailleurs très attachés à leur pays d’origine. C’est pourquoi tout Mauricien voyageant à l’étranger et devant rencontrer des proches et des amis, issus du pays, ne manque pas d’inclure dans sa valise des boites de fromage Kraft (un produit pourtant importé d’Australie), des paquets de mine Apollo, une bonne quantité de poson-salé pour plusieurs rougailles à venir, des sachets de thé Corson et une bonne bouteille de rhum Goodwill pour renouer le contact avec kapsilrouz ou map Moris. D’autres partent aussi avec des paquets de brède-malbar et différents types de vindaye pour compléter l’aventure nostalgique. Mais comment ajouter le droit de vote à ce charmant package ?

Ce sera une tâche extrêmement difficile pour deux principales raisons. La première, c’est que si en 2019, on a fait disparaitre du registre électoral les noms des Mauriciens, tout en permettant aux Bangladeshis de voter, qui est ce naïf, parmi tous les naïfs, qui croira que le système actuel à Maurice mettra en place un mécanisme pour permettre à la diaspora de voter ? A moins que ce vote ne soit capté et détourné par des Computer Rooms vers le Sun Trust.

Deuxième raison : à qui donner ce droit de vote ? À cet immigrant nouvellement installé ? À l’étudiant ? Au cadre employé à l’étranger ? Sans compter les émigrants récents, la diaspora compte des compatriotes installés à l’étranger depuis les années 1950. Sans compter le très grand nombre ‘fuyant’ le pays dans les années 1960 en raison de la campagne du Parti mauricien social-démocrate sur la prétendue hégémonie hindoue. Puis, d’autres sont partis dans les années 1970 en raison du marasme économique. Ces Mauriciens ont eu des enfants et des petits-enfants depuis. Le droit de vote à tout ce beau monde, grand-père-papa-piti ?

Si la tâche de déterminer comment la diaspora va voter semble très compliquée, il faut quand même trouver une formule, qui lui permettrait de s’exprimer lors des élections. On pourrait trouver un mécanisme en s’inspirant de ce que font d’autres pays avec leur diaspora. Mais dans le cas de Maurice, vu l’attitude hostile de la diaspora envers l’Establishment, on ne devrait pas s’attendre à ce que le clan Jugnauth commette le harakiri*.

*mot japonais signifiant suicide