L’innovation doit devenir une priorité nationale. Et cela doit être l’affaire de tous ! Nous avons un devoir d’innover et de promouvoir l’innovation à tous les niveaux de la société. Ne pas innover, c’est se condamner à l’immobilisme. Prendre son avenir en main, c’est s’engager résolument dans la voie de l’innovation. Et cela doit dé- buter dès le plus jeune âge. Le système éducatif ne saurait se limiter à la transition «top-down» de savoirs de l’enseignant vers les élèves. L’enfant doit être invité à expérimenter et à explorer. L’apprentissage doit stimuler sa capacité à innover.

Cette culture de l’innovation est également une priorité pour les entreprises. Le gouvernement mauricien veut la promouvoir en misant notamment sur la recherche et développement (R&D). L’ambition est de contribuer à la création et à la commercialisation de produits et services attractifs prenant appui sur des technologies innovantes. C’est notamment l’ambition du National Innovation Programme. Mais la dimension technologique ne représente qu’une facette de l’innovation. Gardons à l’esprit qu’aucun laboratoire pharmaceutique ne figure dans le top 10 mondial des sociétés innovantes, alors même que ce secteur est celui qui investit le plus dans le R&D

L’innovation doit être l’affaire de tous dans l’entreprise et non uniquement des équipes de R&D. Cela passe par une prise de conscience : les salariés ne sont pas de simples exécutants dont la fonction se limiterait à faire ce qui leur est demandé. Ils peuvent être force de proposition et source d’innovation. C’est ce qui est au fondement du Kaizen (étymologiquement le «bon changement»), philosophie managériale venue du Japon, dont s’inspirent de nombreuses méthodes, par exemple le lean management.

À côté de ces innovations d’amélioration (dites incrémentales), il existe une autre forme plus radicale : les innovations de rupture. Dans ce cas, c’est le business model même de l’entreprise qui est revisité. Ceci requiert une capacité à se remettre en question, y compris quand on est le leader. Dans la téléphonie mobile, BlackBerry ou encore Nokia en ont fait l’amère expérience !

(...) L’innovation radicale peut ainsi porter sur l’offre (proposition de valeur) mais également sur la manière de s’organiser pour la produire (architecture de valeur). Quand Circus a proposé à la MCB une campagne de communication liée à la Coupe de Monde de football au Brésil, l’agence a dû faire preuve d’innovation. L’idée originale, qui consistait à faire voyager un ballon aux couleurs de l’île Maurice jusqu’au Brésil en passant par les diffé- rents pays participants, s’est vite heurtée à des impératifs économiques. Circus a dû innover radicalement au niveau de son architecture de valeur. Classiquement, dans ce contexte, une agence va choisir entre envoyer une équipe de tournage suivre le parcours du ballon ou soustraiter la réalisation à des professionnels localement. Ces choix s’avéraient trop onéreux, Circus a introduit une innovation de rupture en organisant un concours de production de films, s’adressant notamment à des étudiants d’écoles de cinéma et de communication dans les différents pays. Cette approche a permis au projet de se concrétiser.

La recherche de solutions innovantes peut également se faire en dehors des frontières de l’entreprise. Des sites de «crowdsourcing», comme innocentive.com, illustrent cette logique d’«open innovation». Les entreprises peuvent poster un problème et mobiliser une communauté d’internautes dans la recherche de solutions !

Dans tous les cas, l’innovation radicale n’est pas chose facile car elle nécessite de revisiter ses convictions. Il ne s’agit pas de se limiter à faire mieux la même chose. Ce n’est pas en perfectionnant la bougie qu’on a inventé l’ampoule électrique !

L’économie mauricienne a besoin d’innovations incrémentales au service de l’excellence opérationnelle mais également d’innovations radicales permettant d’explorer de nouveaux business models.

C’est incontestablement en développant la capacité à innover et en mobilisant le pays autour de cet enjeu que se reconstruira la compétitivité nationale.