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Macaques, chiens et chats vecteurs du chikungunya ?

21 janvier 2008, 00:00

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Macaques, chiens et chats vecteurs du chikungunya ?

L?«aedes albopictus» ne serait pas le seul vecteur du chikungunya dont il faudrait se méfier. Une étude entreprise par deux chargés de cours de l?université de Maurice (UoM) démontrerait en effet que les macaques et les animaux domes- tiques pourraient avoir un rôle à jouer dans la transmission du virus. D?où la mise en garde qu?ils adressent aux autorités, les appelant à renforcer les mesures de sécurité pour éviter que le virus ne refasse son apparition sur le sol mauricien.

Le Dr Smita Sulakshana Devi Ghoorah et le Dr Satish Kumar Ramchurn, respectivement chargé de cours et «Associate Professor» au département de physique à la faculté de Science de l?UoM, notent dans l?étude que les 30 000 macaques (Macaca fascicularis) présents dans les forêts du pays et les animaux domestiques sont potentiellement des «réservoirs du virus» et pourraient même rendre la maladie du Chikungunya endémique, comme c?est le cas en Afrique.

Ainsi, si le virus ? qui n?a pas réapparu à Maurice depuis août 2006 ? était réintroduit sur le territoire, et qu?il était introduit dans l?organisme des animaux domestiques, principalement des chiens et des chats, ou à des singes vivant en forêt, cela pourrait constituer un danger pour la population, disent les chercheurs.

Car le virus, dans ce dernier cas, pourrait alors être passé aux humains qui s?aventureraient dans leur territoire, lors de randonnées par exemple. Mais les deux chercheurs prennent le soin de préciser que ce n?est là qu?une hypothèse, d?où la nécessité de mener des études vétérinaires et médicales poussées sur la question.

Explorer toutes les possibilités</B>

Leurs travaux s?inspireraient de recherches entreprises en Afrique, où des scientifiques ont identifié des «réservoirs» de chikungunya dans les forêts. Dans ces cas-là, des macaques sont considérés comme suspects. Mais là encore, rien n?aurait été prouvé formellement. Pour ce qui est des animaux domestiques, il n?y aurait jusqu?ici pas de cas rapporté non plus. Toutefois, précisent les deux chargés de cours, un scientifique se doit d?explorer toutes les possibilités. Ils font état, par la même occasion, de la nécessité de mettre en place un réseau d?alerte entre les différentes îles de l?océan Indien.

L?étude indique qu?à Maurice l?épidémie a été favorisée par une forte pluviosité. Les deux chargés de cours concluent par ailleurs que les localités qui n?ont pas été atteintes peuvent être touchées par une épidémie à l?avenir. «Localities of Mauritius where herd immunity have not been reached may experience an epidemic recurrence in the future», disent-ils.

D?où l?importance, rappellent-ils, de contrôler la population des moustiques adultes dans la lutte contre la résurgence du virus. Ils proposent cinq mesures dont la création d?un réseau de surveillance pour alerter les autorités aussitôt qu?un cas suspect de la maladie du Chikungunya est détecté.

En deuxième lieu, ils proposent d?isoler les cas suspects, puis de retracer au plus vite les déplacements du patient. Quatrièmement, ils suggèrent d?appliquer des mesures pour éliminer les moustiques porteurs de la maladie dans un rayon d?un kilomètre dans un délai de 36 heures et en dernier lieu, souhaitent l?élimination immédiate des moustiques à l?endroit où la personne a pu être piquée.

Faisant un tour d?horizon de la situation en 2006, les deux lecturers écrivent qu?un million de personnes avaient été atteintes de la maladie du Chikungunya en 2005-2006 dans l?océan Indien et en Inde. C?est en février-mars que l?épidémie avait fait son apparition. L?objectif de cette étude, écrivent les deux lecturers, est de comprendre le développement du virus et d?enquêter sur des possibilités de résurgence de la maladie. Ils ont ainsi analysé les chiffres liés à la pluviosité, à la température et à l?humidité.

En sus de cela, ils ont fait du porte-à-porte pour étudier les mesures prises à domicile. Ils ont aussi observé qu?une pluviométrie anormale a eu lieu durant la troisième semaine de janvier 2006, soit à la veille de l?éclatement de l?épidémie. 51 % de personnes interrogées durant l?étude ont l?impression d?avoir déjà été atteintes par la maladie du Chikungunya. Ils pensent que ce sont les ressortissants originaires des Comores qui auraient introduit le virus à Maurice. En 2005, le nombre de Mauriciens infectés par la maladie se chiffrait à 3 600.

Les deux lecturers pensent que durant la période de faible pluviosité et lorsque la température est en régression, notamment entre mai et octobre, le virus a commencé à se propager lentement vers le Nord du pays. Cette situation avait été interprétée comme la fin de l?épidémie. Le pays devait connaître toutefois une «explosion» de l?épidémie vers février-mars 2006. Le Nord et le Sud-Est furent frappés sévèrement. Ils indiquent que les moustiques porteurs du virus (aedes albopictus) pondent leurs ?ufs dans des endroits secs en prélude d?une forte pluie. L?étude avait été entreprise auprès d?un échantillon 3 378 habitants. Quelques 691 maisons furent visitées.