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La poste honore une douzaine de personnalités

28 août 2006, 00:00

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Fin août 1981, les services postaux de Maurice émettent une série de sept nouveaux timbres-poste, visant à honorer des personnalités du passé, aussi connues et vénérées que Rémy Ollier (1816-1845), Jean Baptiste Caromy Anquetil (1885-1946), Maurice Curé (1886-1977), Abdoolatiff Mahomed Osman (1898-1964), Dazzi Rama (1899-1978), Guy Forget (1902-1972), Jules Koenig (1902-1968), Abdool Razack Mohamed (1906-1978), Sookdeo Bissoondoyal (1908-1977), Renganaden Seeneevassen (1910-1958), Barthélemy Ohsan (1911-1952), Jos Guy Rozemont (1915-1956) et? Sir Thomas Lewis qui dispose d?un timbre de Rs 5 tandis que Guy Rozemont et Emmanuel Anquetil n?ont droit qu?à celui de 20 sous.

Question à mille euros : mais qu?a donc bien pu faire Sir Thomas Lewis pour avoir droit, en exclusivité, au timbre le plus cher (Rs 5) tandis que les tribuns mauriciens précités doivent se partager un timbre à deux et se contenter de valeurs faciales moindres ? Question subsidiaire : cherchez l?intrus ?

Le Cernéen consacre une page entière à cette série philatélique, faisant honneur à notre histoire politique, exception faite pour Thomas Lewis. Il se contente de révéler que ce dernier est un physicien anglais et lui attribue l?introduction de l?électrocardiogramme dans des cliniques anglaises. Avis donc à nos praticiens ayant introduit le même équipement dans nos cabinets médicaux. Ils peuvent se prévaloir du précédent (ce timbre de Rs 5) pour revendiquer pareil honneur. Cet hommage philatélique veut également marquer d?une pierre blanche le centième anniversaire de la naissance d?un physicien anglais, mystérieusement honoré par les services postaux de Maurice, île censée indépendante depuis 1968. Encore un qui a plus de chance que le Pr Basdeo Bissoondoyal, dont le centième anniversaire de sa naissance n?a eu droit à aucune reconnaissance gouvernementale, en dépit de toute une vie consacrée à la promotion et au développement de l?hindouisme à Maurice. Heureusement que nos services postaux n?ont pas fait preuve d?autant d?ingratitude que le présent gouvernement car cet écrivain prolifique a eu droit, en avril dernier, à un beau timbre de Rs 25 qui compense un peu celui de 25 sous, offert à son frère.

Passons en revue, à présent, les politiciens locaux honorés par la poste, au même titre qu?un certain Thomas Lewis. Commençons par les moins connus de la bande. L?un d?entre eux est même si peu connu que Le Cernéen, qui compte pourtant Henri Brunel et Serge Courtois parmi ses rédacteurs-correcteurs d?épreuves, consacre un paragraphe à un certain Smal (sic) Abdoolatiff Mahomed.

Les plus philatélistes d?entre nous comprendront sans peine qu?il s?agit en fait d?Abdoolatiff Mahomed Osman. Il naît dans une famille de laboureurs de Bon Air, Pamplemousses. Bénéficiaire d?une bourse d?études, il peut recevoir une éducation secondaire au collège Royal. Après sa Form V, il prend de l?emploi comme surveillant de plantation de cannes à sucre. Il devient même administrateur de société. En 1929, il fonde une société coopérative agricole et de crédit. Il compte donc parmi les pionniers de notre mouvement coopératif, avec M. Mohabeer Burrenchobay le père de Sir Dayendranath, un ancien gouverneur général, et de Ramaschandraduth, ancien vice-chancelier de l?université de Maurice, terrassé par une crise cardiaque, en Ecosse, en octobre 1979, après avoir été séquestré par des étudiants, en avril-mai de cette même année.

Abdoolatiff Mahomed Osman est nommé membre du conseil du gouvernement en 1938 et conserve son siège jusqu?en 1958. En 1943, il fait partie de la commission d?enquête, présidée par Sydney Moody et composée d?Edgar Laurent, Georges Espitalier-Noël et de Rampersad Neerunjun. Elle est chargée de faire la lumière sur les événements ayant contraint la police à faire feu pour disperser une foule, à Belle-Vue Harel, le 27 septembre 1943. Notons en passant que la poste de Maurice a honoré également une des victimes de cette fusillade : Anjalay Coopen.

En 1949, Abdoolatiff Mahomed Osman représente Maurice à une conférence sucrière à Londres. Dans les années 1950, le gouverneur le nomme officier de liaison au département de l?Agriculture puis ministre de ce secteur en 1957. On le nomme également directeur de la Banque agricole, l?ancêtre de notre Banque de développement et président d?une association de planteurs. Il meurt le 23 septembre 1964.

Barthélemy Ohsan est natif de Mahébourg qui serait bien inspiré de lui rendre hommage en donnant son nom à une rue, si possible du côté de la magistrature. Qu?en pense Georges Ah-Yan ? Le jeune Barthélemy est lauréat de la bourse d?Angleterre en 1930. Il est encore étudiant quand il milite pour le Dr Maurice Curé, candidat aux élections législatives de janvier 1931. Il étudie le droit à Londres et Middle Temple le reçoit comme avocat. De retour à Maurice en 1935, il s?engage à nouveau dans la politique active et devient l?ami et le confident du Dr Maurice Curé. Il le défendra d?ailleurs dans le procès intenté par le gouverneur Bede Clifford aux dirigeants de la Société de bienfaisance du Parti travailliste naissant. Après la guerre de 1939-45, Me Ohsan renonce à la politique active pour se consacrer à une fructueuse carrière de magistrat. Il meurt le 9 août 1952, à l?âge de 41 ans.

Dazzi Rama est plus connu sous son nom de Pandit Sahadeo. A ce titre, il est aussi connu que les autres personnalités honorées par la poste, en août 1981. Nul besoin mais surtout pas assez de place pour rappeler ici leurs hauts faits.