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Jeux d’argent : le jackpot de l’Etat

27 septembre 2013, 00:00

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Jeux d’argent : le jackpot de l’Etat

Les revenus provenant de la taxation des jeux et paris représentent une véritable manne pour les finances publiques. Celle-ci est en grande partie dépensée en faveur du développement. Un paradoxe quand l’on considère que le jeu est aussi source de fléaux sociaux.

 

 

Les jeux de hasard et les paris sportifs rapporteront cette année Rs 2,5 milliards à l’Etat (voir graphiques). Une manne financière qui contraste  avec l’image habituelle de ces jeux d’argent, perçus comme sources de fléaux sociaux.

 

 

La principale source de revenus pour l’Etat dans le secteur concerne les paris sportifs, principalement sur les courses hippiques et le football. En 2012, les taxes sur les activités des bookmakers ont rapporté Rs 760 millions aux finances publiques. Chiffre estimé à Rs 830 millions pour cette année.

 

La Gambling Regulatory Authority (GRA) reçoit également les frais de licence des bookmakers opérant au Champ de Mars ou par téléphone. En 2011, Rs 18,4 millions ont été déboursées en «licence fees» par les bookmakers. Le Mauritius Turf Club paie, lui, Rs 1 million à l’Etat chaque année pour une licence qui lui confère le monopole sur l’organisation des courses hippiques. Les contributions des loteries représentent, elles, 30 % des recettes publiques pour le secteur cette année, soit un montant estimé à Rs 749 millions pour 2013, contre Rs 575 millions en 2012.

 

 

La part du lion revient à Lottotech, organisateur du loto, une compagnie, détenue à 75% par Gamma-Civic Ltd et à 15 % par la State Investment Corporation (SIC), a déboursé Rs 567 millions en 2012 sous forme de contribution au Consolidated Fund des finances publiques, soit près d’un tiers de ses recettes.

 

Selon leGambling Regulatory Act (2007), l’argent du loto doit servir à «l’implémentation de projets liés au développement communautaire, à la promotion de l’éducation, de la santé, des sports, de la culture, au remboursement de la dette publique et d’autres fins qui pourront être prescrites».  Ainsi, en 2012, la plus grande part de la contribution du loto, soit 41%, est allée aux dépenses en matière d’éducation. De cette somme, qui représente Rs 235 millions, Rs 180 millions ont servi, selon le ministère des Finances, à l’«amélioration de l’environnement et des facilités scolaires». Rs 10 millions ont aussi été utilisées pour la construction de crèches pour les familles défavorisées enregistrées auprès de la National Empowerment Foundation (NEF) et Rs 16 millions pour la construction de gymnases et de salles polyvalentes.

 

Au titre du «développement communautaire», Rs 116 millions ont servi au Water Tank Grant Scheme et à l’extension du Land Drainage Programme. L’année dernière, aucun fonds du loto n’a été affecté à la promotion du sport. Des Rs 71 millions dépensées dans le secteur de la santé, Rs 44 millions sont allées aux Mediclinics et Rs 25 millions à la campagne de sensibilisation sur les maladies non transmissibles. Les arts et la culture ont bénéficié du loto à hauteur de Rs 27 millions, la majeure partie de cet argent ayant servi à la mise sur pied du Beekrumsing Ramlallah Interpretation Centre de l’Aapravasi Ghat. Le remboursement de la dette publique, estimée à Rs 214 milliards pour 2013, est également une des utilisations privilégiées de la contribution du loto. En 2011, Rs 547 millions obtenues du loto ont été dépensées dans ce but, contre seulement Rs 118 millions en 2012.

 

Au niveau des casinos et des maisons de jeux, l’Etat a empoché Rs 500 millions en 2012 sous forme de taxes. L’estimation pour cette année prévoit une hausse de Rs 85 millions. Une somme qui aurait pu être plus élevée : en octobre 2011, le gouvernement a baissé la taxe sur les casinos et les maisons de jeux, qui est passée de 50 % à 15 %.

 

De plus, les casinos doivent s’acquitter d’une somme de Rs 3,5 millions annuellement à la GRA pour leur licence, tandis que les maisons de jeux paient Rs 50 000. A ce chiffre, il faut ajouter les droits d’opération des machines de jeux, payés à l’unité. En 2011, les 1809 machines de l’île avaient rapporté à l’Etat plus de Rs 121 millions.

 

La manne financière récoltée grâce aux jeux d’argent pourrait même être à l’avenir encore plus importante, pour peu que les autorités puissent agir contre les paris illégaux et les fraudes. Si l’évaluation précise de l’ampleur de cette économie parallèle est difficile, plusieurs connaisseurs du monde hippique estiment qu’elle génère plus d’argent que la filière officielle.

 

Concernant la fraude, en septembre 2012, l’express faisait état d’un manque à gagner estimé entre Rs 50 millions et Rs 100 millions annuellement. Le directeur de la Mauritius Revenue Authority, Sudhamo Lal, avait alors confié que ses services avaient entamé une enquête sur les casinos qui ne déclarent pas la totalité de leur chiffre d’affaires. Monstre à broyer de l’argent, l’industrie du jeu doit néanmoins être apprivoisée par l’Etat.

 

En 2011, un high level committee attirait l’attention du Premier ministre sur l’addiction grandissante de la population à certains jeux. Et sur les fléaux sociaux qui l’accompagnent. Pour autant, impossible aujourd’hui de faire sans l’industrie du jeu.