Publicité

Aung San Suu Kyi libérée: Rajsoomer Lallah espère que ce n’est pas de la poudre aux yeux

14 novembre 2010, 00:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Aung San Suu Kyi libérée: Rajsoomer Lallah espère que ce n’est pas de la poudre aux yeux

L’ancien rapporteur spécial de l’Onu sur la Birmanie espère que la libération du prix Nobel de la Paix 1991 n’est pas une parade pour masquer les tares dictatoriales d’un régime militaire. Il espère le retour à la démocratie et se dit content pour la Dame de Rangoon.

Paroles d’un sage. L’opposante birmane Aung San Suu Kyi remise en liberté,  le samedi 13 novembre 2010, après sept ans en résidence surveillée, l’ancien chef juge Rajsoomer Lallah espère que cette libération  n’est pas que de la poudre aux yeux. Ancien rapporteur spécial pour le compte de l’Organisation des Nations Unies (Onu) sur la Birmanie entre 1996 à 2000, il connaît bien les coups bas de la junte militaire qui fait tout pour s’accrocher au pouvoir.

« Je suis content d’apprendre sa libération. Surtout après toutes les misère qu’on lui a faites, à elle et à son parti, » confie l’ancien chef juge. Il se montre toutefois prudent quant à cette bonne nouvelle. Avec la junte birmane, l’on ne sait jamais ce qu’ils ont sous le képi.

« On ne sait pas encore si cette libération est une stratégie comme tant d’autres concoctée par les militaires par le passé. On ne sait jamais ce qui peut se passer plus tard », glisse-t-il. A 77 ans et des poussières, il jette un regard accablé sur ce pays miné par la dictature.

Rajsoomer Lallah est très au fait de la perfidie des militaires. Ils sont même allés jusqu’à lui interdire l’accès en Birmanie alors qu’il avait été désigné par l’Onu pour enquêter sur ce qui se passait dans ce pays.

La dictature, il connaît. Il a déjà été rapporteur de l’Onu sur le Chili au temps du général Augusto Pinochet. La Birmanie, c’était un cran au dessus. Pour rédiger son rapport, année après année, il a dû se rendre aux frontières en Thaïlande, en Inde et au Bangladesh pour recueillir des renseignements auprès des milliers de Birmans entassés dans des camps de réfugiés.

Le 3 novembre 2000, ayant eu plus qu’assez du manque de soutien logistique et administratif pour mener à bien sa mission, Rajsoomer Lallah a fini par soumettre sa démission à Mary Robinson, haut commissaire aux droits de l’homme. « J’ai été découragé. La communauté internationale ne réagissait pas. D’autres pays profitaient de la situation pour faire du business avec la junte. Leur attitude lors des assemblées générales de l’Onu n’était pas non plus encourageante », lâche-t-il.

Le temps a passé et il ne voit pas les généraux de Rangoon lâcher le pouvoir aussi facilement. Ils n’ont déjà pas reconnu, en 1990, l’écrasante victoire d’Aung San Suu Kyi aux législatives. Surnommée la Dame de Rangoon, la prix Nobel de la Paix 1991 et une symbole de la lutte pour la démocratie dans son pays.

Fille du général Aung San, héros de l’indépendance birmane, elle a passé plus de quinze de ces vingt-et-une dernières années privée de liberté. Elle n’a pas non plus circulé librement depuis mai 2003. Pire : cela fait dix ans qu’elle n’a pas vu ses deux enfants qui vivent en Grande-Bretagne. Elle avait dû renoncer à se rendre au chevet de son mari mourant, en 1999, de peur de ne plus pouvoir retourner dans son pays.

Pour Rajsoomer Lallah, il faut plus que jamais que le communauté internationale, surtout les pays membres de l’Association des nations du sud-est asiatique (Asean) fassent pression sur la junte pour qu’elle lâche les rennes du pouvoir et permette enfin à la démocratie de reprendre ses droits.

Aung San Suu Kyi a été libérée samedi  six jours après les élections dont les militaires revendiquent 80 % des sièges avant même la proclamation des résultats officiels.