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Après sept mois en poste: Megh Pillay débarqué d’Air Mauritius

29 octobre 2016, 08:15

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Après sept mois en poste: Megh Pillay débarqué d’Air Mauritius

La nouvelle a eu l’effet d’une bombe. Une bombe à bord d’un transporteur national en plein vol. En fin d’après-midi du vendredi 28 octobre, sept sur quinze membres du conseil d’administration d’Air Mauritius (MK) ont mis un terme avec effet immédiat au contrat du Chief Executive Officer (CEO) Megh Pillay.

Parmi eux, on retrouve le président Arjoon Suddhoo, le conseiller spécial du bureau du Premier ministre Sateeaved Seebaluck, le conseiller du bureau du Premier ministre Prakash Maunthrooa, le secrétaire financier Dev Manraj et la directrice par intérim de la State Investment Corporation Rita Veerasamy. Megh Pillay n’aura passé que sept mois comme CEO de MK, ayant pris ses fonctions le 15 mars.

Si officiellement Air Mauritius ne donne aucune explication à cette révocation, il n’est un secret pour personne que c’est le profond désaccord entre Megh Pillay et Arjoon Suddhoo qui en est la cause. L’installation d’une direction parallèle à temps plein au commandement du transporteur aérien national avait commencé à avoir de lourdes conséquences. Le n°1 avait même porté l’affaire à sir Anerood Jugnauth le 4 octobre à la reprise des fonctions du chef du gouvernement après sa mission onusienne de trois semaines.

: Le président du conseil d’administration, Arjoon Suddhoo.

D’ailleurs, de sources concordantes au conseil d’administration, il nous revient que la décision de révoquer Megh Pillay a été prise car la situation au Paille-en-Queue Court était devenue «intenable». «Nous ne pouvons continuer à opérer dans l’instabilité. Il fallait prendre une décision. C’est-à-dire révoquer l’un d’eux. Le couperet est tombé car c’est le gouvernement qui décide après tout», devait-on confier au sein du conseil d’administration à l’express vendredi.

Comme révélé dans notre édition du 28 octobre, le dernier sujet de discorde entre les deux hommes porte sur la suspension, le 4 octobre, de l’Executive Vice President (EVP) Commercial Mike Seetaramadoo. Malgré la ferme opposition du CEO, Arjoon Suddhoo a donné des instructions au Company’s Secretary Fooad Nooraully pour l’annulation du comité disciplinaire devant lequel Mike Seetaramadoo devait s’expliquer.

En réplique à cela, le CEO a, dans un courriel de quatre pages aux membres du board notamment, expliqué la raison d’être de ce comité disciplinaire. Tout ce qui est reproché à Mike Seetaramadoo y est exposé. Ce courriel, parmi les derniers de Megh Pillay comme CEO de MK, a, par le biais de lanceurs d’alerte, atterri dans les salles de rédaction.

Extraits d’un courriel envoyé par le CEO d’Air Mauritius aux membres du «board» mercredi soir.
 

C’est Raja Buton, EVP Strategic Planning and Information Systems, qui a été nommé Officer in Charge. Le communiqué de MK émis à 20 heures hier prend la peine de préciser que «le conseil d’administration lui a donné tous les pouvoirs, à la tête de la Leadership Team, pour assurer le bon fonctionnement de la compagnie dans le cadre de la gouvernance établie».

Réactions

<h3>Sir Anerood Jugnauth, Premier ministre</h3>

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<p>&laquo;<em>Ki mo pou koné ladan ? </em><em>Mo pankor konn nannié mwa</em>.&raquo;</p>

<h3>Pravind Jugnauth, ministre des Finances</h3>

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<p>&laquo;<em>Je n&rsquo;ai aucune déclaration à faire à ce stade</em>.&raquo;</p>

<h3>Paul Bérenger,&nbsp; leader de l&rsquo;opposition</h3>

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<p>&laquo;Je ferai des commentaires lors de ma conférence de presse (NdlR, ce matin).&raquo;</p>

<h3>Navin Ramgoolam, leader du PTr</h3>

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<p>&laquo;<em>Déjà, la remise de&nbsp; 15 % pour les fonctionnaires est scandaleuse. Megh Pillay avait totalement raison d&rsquo;y objecter. Air Mauritius est traitée comme un patrimoine personnel. Quand le couloir aérien avait été annoncé en fanfare, j&rsquo;avais dit que c&rsquo;était une stupidité qui coûterait très cher à Air Mauritius. MK n&rsquo;a aucune discipline, aucune direction et aucun capitaine, tout comme ce gouvernement qui fonce droit dans le mur.</em>&raquo;</p>

<h3>Jack Bizlall, négociateur syndical à MK</h3>

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<p>&laquo;<em>J&rsquo;ai appris que le board s&rsquo;est réuni uniquement dans le but de révoquer le CEO, Megh Pilay. Dans la presse, on a tendance à croire que ce problème concerne seulement l&rsquo;indiscipline alléguée de Mike Seetaramadoo. J&rsquo;ai été informé de ce qui lui est reproché et je suis certain qu&rsquo;il aurait pu apporter des précisions. Désormais, ces accusations lui colleront à la peau jusqu&rsquo;à ce qu&rsquo;il en parle en public. Pour moi, ce conflit entre le président du conseil d&rsquo;administration et le CEO cacherait autre chose. J&rsquo;ai l&rsquo;impression que le Chairman veut être le présidentdirecteur général d&rsquo;Air Mauritius. Avec la révocation du CEO, il va nommer un homme de main à sa place et aura la mainmise sur toutes les décisions</em>.&raquo;</p>

<h3>Jean-Louis Pismont, président de l&rsquo;AHRIM</h3>

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<p>&laquo;<em>Nous sommes attristés par la situation. C&rsquo;est regrettable. Il doit y avoir un mécanisme qui ne marche pas. Au départ, nous étions ravis que Megh Pillay soit nommé à la direction d&rsquo;Air Mauritius. Il était l&rsquo;homme de la situation. Aujourd&rsquo;hui, nous sommes inquiets de voir tous ces CEO défiler depuis une vingtaine d&rsquo;années. Il n&rsquo;y a pas de stabilité. Toute entreprise a besoin d&rsquo;une stabilité à long terme</em>.&raquo;</p>

Qui est Mike Seetaramadoo ?

<p>Fin janvier, cet ancien de MK a fait son retour comme EVP <em>Human Resource</em> à la surprise générale au Paille-en-Queue Court. Une lettre rappelant son départ houleux de la compagnie en janvier 2002 avait atterri au bureau du Premier ministre et au ministère de la Bonne gouvernance.</p>

<p>Cette lettre fait mention d&rsquo;une vingtaine de cas d&rsquo;irrégularités qui étaient reprochées à l&rsquo;ancien directeur des ressources humaines de MK. Après qu&rsquo;il a été mis à la porte, celui-ci a traîné Air Mauritius en justice avant d&rsquo;être débouté deux fois. Une fois en cour industrielle en 2006 et ensuite en cour d&rsquo;appel en 2008.</p>

<p>Depuis son retour, Mike Seetaramadoo &laquo;<em>faisait la pluie et le beau temps&raquo; au département Commercial où il a récemment été parachuté après un passage &laquo;très controversé</em>&raquo; aux Ressources humaines, dont des &laquo;représailles&raquo; contre ceux considérés comme responsables de ses deux départs précédents. &laquo;L&rsquo;express&raquo; a essayé de le joindre au téléphone mais il est resté injoignable.</p>