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Dans le Sud: développement vs «festival laplaz»

27 septembre 2016, 21:00

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Dans le Sud: développement vs «festival laplaz»

Assiste-t-on en ce moment à un «festival laplaz» le long de la côte Sud, jusqu’ici sauvage, de l’île ? Au moins un développement majeur de toute une série figurant sur l’Integrated Plan du ministère du Logement et des terres sortira de sable à Pomponette. Il s’agit du Pelangi Hotel and Resort, un hôtel cinq-étoiles de 152 suites et 217 villas du promoteur sud-africain Clear Ocean Hotel & Resorts Limited.

Pourtant, il n’est un secret pour personne que Pomponette est réputée pour son sable mouvant et aussi pour être l’une des plages les plus dangereuses; la baignade est d’ailleurs interdite. Pour permettre ce développement, le ministère du Logement et des terres a retiré du domaine public 17 arpents de plage à Pomponette au profit de Clear Ocean Hotel.

Troisième projet

Sur sa page Facebook lundi 26 septembre, la Plateforme Maurice Environnement, qui milite notamment contre la «déproclamation» des plages publiques, croit savoir qu’une autre parcelle de plage à Pomponette sera mise à la disposition des promoteurs hôteliers. Son explication est que Pelangi Resort occupera un total de 31 arpents.

Selon la Plateforme Maurice Environnement, le troisième site pour un projet hôtelier se situerait entre l’hôtel Shanti Maurice et le site récemment alloué à Clear Ocean. D’autant plus que l’Integrated Plan for Tourism and Leisure Development Projects de St-Felix, datant de 2002 et 2003, et qui vient d’être sorti des tiroirs, faisait mention d’un troisième projet hôtelier dans cette région.

À l’express lundi, le vice-Premier ministre et ministre du Logement et des terres, Showkutally Soodhun, a affirmé que le projet a déjà reçu le feu vert du Conseil des ministres et du Board of Investment. Il ne reste plus qu’à finaliser des démarches administratives avant de décrocher le permis Environment Impact Assessment.

Toujours du côté du ministère du Logement et des terres, il nous revient que des techniciens qui ont travaillé sur le plan intégré ont déjà identifié des sites potentiels pour d’autres projets hôteliers. En sus, dit-on, d’avoir identifié les plages publiques et les routes d’accès. Toutefois, à lundi, notre demande officielle au ministère pour avoir une copie de ce plan est restée vaine.

Clear Ocean enregistrée à Maurice depuis novembre 2009

C’est Clear Ocean Hotel & Resort Limited qui a décroché le bail pour le premier développement hôtelier à Pomponette. Enregistrée depuis le 10 novembre 2009 au Registrar of Companies, cette société privée a son siège à 74, avenue Telfair, Quatre-Bornes. Les actionnaires sont Pelangi Resorts Holding Limited, à hauteur de 70 %, et Boutique Grand Surface Co Ltd, pour les 30 % restants.

Trois directeurs, Rocky Boodhoo, Daniel François Conradie et Miranda Hartzenberg, y sont en poste depuis le 15 novembre 2013, le 24 décembre 2014 et le 10 novembre 2009, respectivement. Le secrétariat a été confié à KPMG Company Secretarial Services Ltd depuis le 10 novembre 2009.

La Beach Authority «pas concernée»...

«La Beach Authority n’a pas son mot à dire sur les projets hôteliers qui se trouvent dans des zones ‘déproclamées’, comme c’est le cas pour le Pelangi Resort. Seul le contrôle et la gestion des plages publiques tombent sous la juridiction de cet organisme.» C’est ce qu’a précisé le directeur général de la Beach Authority, Dhuneeroy Bissessur, à l’express lundi. Et d’ajouter qu’il existe des projets de réaménagement dans cette partie du littoral afin que le public en général puisse bénéficier de la plage.

Plateforme Maurice Environnement «en faveur d’un aménagement du littoral»

<p>La <em>Plateforme Maurice Environnement</em> monte au créneau. Ses membres dénoncent le fait que 17 arpents de plage à Pomponette ne sont plus du domaine public depuis le 3 septembre. Adi Teelock, animatrice de l&rsquo;organisation, soutient qu&rsquo;il faut revoir tout le système d&rsquo;octroi de bail. <em>&laquo;Le littoral présente des enjeux sociaux et écologiques qu&rsquo;il est impérieux de prendre en considération&raquo;,</em> indique-t-elle.</p>

<p>Pour elle, les régions côtières sont des zones sensibles. <em>&laquo;On plaide pour l&rsquo;aménagement du territoire, donc celui du littoral. Cela doit respecter les principes du développement durable. Si rien n&rsquo;est fait, il y aura un impact important à cause du changement climatique. On ne réalise pas l&rsquo;importance de ces plages&raquo;</em>, a fait ressortir Adi Teelock à <em>l&rsquo;express</em>.</p>

Un complexe hôtelier cinq-étoiles bientôt à Pomponette

<p>Pas moins de 152 suites luxueuses, 217 villas pied dans l&rsquo;eau, une piscine de 1 800 mètres cubes, un jardin s&rsquo;étendant sur 6 000 mètres carrés, trois restaurants, un centre de conférences&hellip; C&rsquo;est ce qui devrait sortir de sable à Pomponette.</p>

<p>Le nom de ce complexe hôtelier cinq-étoiles : <em>Pelangi Hotel and Resort</em>, du promoteur sud-africain <em>Clear Ocean Hotel &amp; Resorts Limited</em>. La construction s&rsquo;étalera sur 31 arpents.</p>

<p>Contacté, Rajiv Luchmun, président du conseil de district de Savanne, indique : <em>&laquo;Le développement gagne le Sud et j&rsquo;y suis favorable. La création d&rsquo;emplois doit primer dans cette région où le chômage est un gros problème. L&rsquo;accès à la plage restera inchangé, même avec ces projets d&rsquo;hôtels.&raquo;</em></p>

AKNL : «Pas contre le développement mais...»

<p><em>&laquo;C&rsquo;est inacceptable que la moindre parcelle de n&rsquo;importe quelle plage publique soit &lsquo;déproclamée&rsquo;&raquo;,</em> martèle <em>Aret Kokin Nu Laplaz (AKNL)</em>. Selon les membres de ce mouvement, les citoyens ignorent la nature des projets immobiliers. L&rsquo;un des porte-parole d&rsquo;<em>AKNL</em>, David Sauvage, cite l&rsquo;exemple du projet du ministère de la Sécurité sociale de construire un centre pour personnes âgées à Riambel.&nbsp;<em>&laquo;Quel est l&rsquo;intérêt de bâtir ce centre sur la plage alors qu&rsquo;il existe plusieurs bâtiments vides aux alentours? Nous ne sommes pas contre la construction de ce centre ni contre le développement mais il existe d&rsquo;autres solutions que l&rsquo;accaparement des plages publiques.&raquo; </em></p>

<p>Les membres d&rsquo;AKNL trouvent également <em>&laquo;inconcevable&raquo;</em> que plusieurs projets sont réalisés sans garantir que le littoral de cette région soit géré de manière durable. <em>&laquo;A-t-on l&rsquo;assurance que les projets tels que Pelangi Resort soient respectueux de l&rsquo;environnement, du littoral et de la région ?&raquo;</em></p>

Riambel: un centre récréatif pour personnes âgées en construction

Un chantier est sorti de terre depuis trois mois à Riambel, tout près de la plage de Pomponette. Il s’agit de la construction d’un centre récréatif pour personnes âgées et handicapées. Le projet, au coût de plus de Rs 202 millions, est géré par le ministère de la Sécurité sociale.

C’est la compagnie chinoise Beijing Zhuzong Group Company Ltd Mauritius qui effectue les travaux. Ceux-ci devraient être complétés fin 2017. Plusieurs plates-formes, dont Aret Kokin Nu Laplaz, ont décrié le fait qu’une centaine de filaos ont été abattus pour les besoins du projet.

Un village écolo à St-Félix

Une parcelle de terrain côtier de l’ancienne compagnie sucrière de Bel-Air St-Félix abritera bientôt le St-Felix Eco Village. La famille Robert, qui était à la tête de cet établissement sucrier, investira dans ce projet intégré avec une forte dimension écologique.

La requête faite au département de l’Environment Impact Assessment a été approuvée par le ministère de l’Environnement le 15 octobre 2015. Il s’agit de 304 lots pour des maisons individuelles sur une superficie de 56 arpents. 

 Ce sont des maisons et appartements qui sortiront d’abord de terre. Ils pourront accueillir 7 200 personnes.

Le projet de village intégré est prévu dans un second temps. Outre les appartements et maisons, il comprend un centre commercial avec des boutiques luxueuses et des espaces bureaux sont également prévus des espaces verts et un jardin d’agriculture raisonnée. Le projet privilégiera l’installation souterraine de câbles d’alimentation énergétique et téléphonique.

Rs 3 milliards seront injectées dans la première phase. À terme, le projet devrait totaliser Rs 4,5 milliards. Le village écologique devrait générer 2 500 emplois directs et indirects.

St-Felix Eco Village sera construit autour des structures et paysages existants, tels que les vieilles cheminées ou encore la montagne Piton Savanne. Le groupe St-Felix veut construire des architectures modernes tout en restaurant les traces du passé.