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Publicité de Coca-Cola: suspendue aux lèvres de… Trisha Gukhool

21 août 2016, 20:01

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Publicité de Coca-Cola: suspendue aux lèvres de… Trisha Gukhool

Il y a un mois, le nom de Trisha Gukhool était sur toutes les lèvres. À cause d’une pub de Coca-Cola. Qui avait été momentanément censurée après une plainte de la «Gender Consultant». Que devient la jeune femme depuis que la tempête médiatique s’est calmée ? Nous lui avons posé la question.

On vous offre un Coca ?

(rires) Je n’ai rien contre, mais j’ai déjà mon «frappé», merci !

Excusez-nous, mais on n’a pas compris ce que vous faites comme métier…

Je ne travaille pour personne ! Je suis une Gender Consultant indépendante, en free-lance.

Et ça fait quoi au juste une Gender Consultant ?

Je travaille avec des organisations et des compagnies et je m’assure que leur politique et les mesures qu’elles prennent sont en adéquation avec la promotion de l’égalité du genre.

Une autre question nous brûle les lèvres. Qu’est-ce qui vous dérangeait tellement dans cette pub ?

Écoutez, c’est simple. Quelqu’un qui jette une bouteille en plastique, ça ne saute pas forcément aux yeux de tous, mais ça saute aux yeux de celui qui est «environment conscious». C’est pareil ici. Ce n’est pas forcément quelque chose que tout le monde voie. Mais le problème est bel et bien là : la pub se sert du corps de la femme dans un contexte sexuel à des fins de profits. Tout est dans la psychologie et dans les messages subliminaux qu’envoie la pub.

Ah ? Vous avez toujours une dent contre ces lèvres on dirait…

Absolument ! Ce que j’ai fait, je l’ai fait parce que je croyais en mes convictions mais aussi parce que ma pétition a recueilli 230 signatures. Autant de personnes que je ne comptais pas laisser tomber.

Vous êtes leur héroïne ?

Je fais mon devoir de citoyen et je me sers de mes compétences pour faire avancer les choses.

Et que répondez-vous à ceux qui affirment que vous vouliez vous faire un peu de pub ?

Ce sont les journalistes qui me sollicitent et non le contraire.

Tout de même, vous attendiez-vous à déchaîner une telle tempête ?

Pas du tout ! Je ne m’attendais pas que les médias s’emparent de cette affaire. Par contre, je m’attendais à une résistance de la part des autorités. Quand on parle de dignité de la femme, il y a toujours un problème.

Et que faites-vous de la réaction populaire ?

Qu’on dise ce qu’on veut de moi. D’ailleurs, malgré les attaques personnelles, j’ai également reçu beaucoup de messages de remerciements.

Des attaques ? De quelle nature ?

Des messages virulents sur mon compte Facebook, envoyés par des personnes que je ne connais pas. Certains m’ont envoyé des photos, volées de mon compte MySpace, pour me dire de balyé divan mo laport mem avan tou. Alors que certains m’ont envoyé d’autres publicités pour me prouver qu’il y avait pire.

Justement, il y a pire, non ?

Bien entendu. Mais je ne vais pas aller m’attaquer à toutes les publicités du monde, non plus ! Il fallait bien commencer quelque part.

D’accord mais pourquoi celle-là en particulier ?

Le panneau publicitaire qui m’a interpellée se trouvait à la hauteur du rond-point de Réduit. Il était énorme, imposant et l’impact qu’il aurait eu n’était pas négligeable.

Et vos proches dans tout ça ? Que pensent-ils de cet «épisode» ?

Mes parents sont extrêmement fiers de moi. Ils me répètent sans cesse que j’ai été courageuse de m’être battue pour mes convictions (un serveur arrive au même moment et lui propose un… Coca).

De temps en temps, oui, on me reconnaît. Mais on ne me dit rien de méchant par contre, j’ai droit à un sourire en coin, tout au plus.

Dites, vous pensez que le serveur vous a reconnue ? Et dans la rue, les gens vous dévisagent-ils ?

De temps en temps, oui, on me reconnaît. Mais on ne me dit rien de méchant par contre, j’ai droit à un sourire en coin, tout au plus.

S’il y a une chose qui n’a pas dû vous faire sourire, c’est le fait que le ministère ait décidé de faire machine arrière…

La ministre a fait ce qu’elle a cru bon de faire. Je ne ferai pas de commentaire là-dessus.

Est-ce que vous aviez rencontré la ministre avant toute cette affaire ?

Oui. Je ne souhaite pas m’étendre sur le sujet.

Pensez-vous que votre appartenance au PMSD ait joué un rôle dans la première décision de faire enlever la publicité ?

Pour moi, la ministre a pris cette décision parce que j’ai fait une ‘bonne’ lettre et parce que j’ai les compétences requises pour effectuer un tel constat. Je ne veux pas savoir, par contre, si mon appartenance au PMSD a joué un rôle dans cette affaire. J’ai la conscience claire, j’ai suivi la procédure qu’il fallait et je n’ai pas utilisé mes «contacts».

Et sinon, paille ou chopine ?

(rires) Chopine, anyday. Le plastique, ce n’est pas environnent friendly.