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Heritage City: les réponses qu’aurait eues Bérenger à sa PNQ

11 août 2016, 10:30

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Heritage City: les réponses qu’aurait eues Bérenger à sa PNQ

 

 

Ce que Paul Bérenger voulait savoir par rapport au projet Highlands : (i) si des terres appartenant à la State Land Development Company (SLDC) ont été transférées à Heritage City Company Ltd, et si c’est le cas, si ces terres seront rendues à la SLDC  (ii) si des fonds publics ont été utilisés pour le projet Heritage City pour payer Stree Consulting ou pour toutes autres dépenses ; (iii) si les services de Stree Consulting ont été retenus officiellement, sanctionnés par une lettre et quelle est la teneur du contrat ; (iv) si c’est la SLDC qui a payé pour les tests géotechniques ; (v) et si la firme BDO est toujours concernée.

Ces questions devaient être posées à Pravind Jugnauth dans un contexte particulier : le projet que chapeaute Roshi Bhadain a été gelé après que Gérard Sanspeur, senior advisor de Pravind Jugnauth, est intervenu contre Heritage City. Gérard Sanspeur, critiqué par Roshi Bhadain, a par la suite obtenu le soutien de Pravind Jugnauth qui, cependant, a eu une rencontre «franche» de deux heures avec Roshi Bhadain, lundi.

On se demandait si Pravind Jugnauth allait, cette fois, désavouer publiquement le ministre des Services financiers. Mais coup de théâtre, Pravind Jugnauth confie la responsabilité de répondre à la PNQ à Roshi Bhadain. Une stratégie décidée par les deux hommes qui étaient avec leurs conseillers respectifs (Sanspeur n’était pas là) au ministère des Finances dès que la Private Notice Question (PNQ) a été circulée. La suite on la connaît : Paul Bérenger, en colère, retire sa question et maintient que c’est Pravind Jugnauth qui aurait dû répondre puisque c’est lui le ministre responsable de la SLDC. Ce qui a, pendant quelques minutes, provoqué un brouhaha dans l’hémicycle.

Au ministère des Finances, un interlocuteur nous explique que bien que la SLDC tombe sous la tutelle de Pravind Jugnauth, «il est logique que ce soit Roshi Bhadain qui réponde. Il connaît mieux le projet Heritage City puisque le Conseil des ministres lui a remis ce dossier depuis octobre 2015. Il y avait cinq questions et elles concernent toutes Heritage City. La SLDC n’est citée que dans deux questions et, là encore, sa responsabilité est indirecte puisque ces deux questions sont liées à Heritage City».

Projet abandonné

Si les réponses n’ont pas été données à l’Assemblée nationale, voici les éléments que l’express a pu recueillir du côté du ministère des Finances. Pour la première question, soit le transfert des terres de la SLDC, selon nos informations, elles n’ont pas eu le temps d’être transférées à Heritage City Company Ltd. Cela allait se faire dans les jours qui suivent mais le cabinet a décidé d’abandonner le projet.

Pour la deuxième question, nous apprenons que l’État a déjà dépensé, au total, Rs 47 millions. Stree Consulting a été payée Rs 39 millions. Luxconsult, le consultant mauricien, Rs 3,4 millions, les membres du board Rs 800 000, les travaux d’arpentage ont coûté Rs 570 000, la firme Water Research a obtenu Rs 3 millions et les annonces dans les journaux ont coûté Rs 100 000. Le tout a été payé par Heritage City Company Ltd, compagnie dans laquelle l’État est actionnaire à 100 % et dont le capital était de Rs 55 millions. Ce qui répond aussi à la partie (iv) de la question où Paul Bérenger demande si c’est la SLDC qui a payé pour les tests géotechniques.

Il est aussi vrai que les services de Stree Consulting ont été officiellement retenus pour USD 4,3 millions (Rs 153 millions environ) par le Conseil des ministres. Comme expliqué par l’express dans son édition de mercredi, 25 % de cette somme a été payée, ce qui donne Rs 39 millions. Il reste Rs 113 millions à régler. «Ce sera terriblement difficile de ne pas payer même si au final le projet a été gelé. Le consultant a complété son mandat. En y ajoutant la manière doit il a été traité, je ne crois pas qu’il nous fera de cadeaux», explique un proche du dossier.

Autre information que nous a fourni cette source au ministère des Finances, c’est que Stree Consulting était à deux doigts d’obtenir la deuxième moitié du contrat pour un montant de USD 5,2 millions (environ Rs 185 millions). En fait, le deputy sollicitor general, dans un avis légal officiel, avait proposé deux voies à Heritage City Ltd. Soit en tant que compagnie privée et n’étant pas concernée par la Central Procurement Act, elle pouvait unilatéralement décider d’octroyer cette deuxième partie du contrat à Stree Consulting. Ou elle pouvait confier cette décision à un high- powered committee qui en prendrait la décision. Heritage City Company Ltd avait opté pour la deuxième voie et c’est ainsi que le 4 août, le secretary to cabinet, le secrétaire financier, et le sollicitor general avaient recommandé le recours à Stree Consulting pour l’autre moitié des travaux. Ils avaient affirmé  que c’était «un bon deal qui représente value for money». Mais le 5 août, le Conseil des ministres a décidé de tout abandonner.

«Justifie ton salaire»

«Choisis ta plateforme et on en débattra !» C’est ce qu’a lancé Roshi Bhadain à Paul Bérenger après que la PNQ a été retirée. Voici la déclaration que fait Roshi Bhadain à l’express : «Un leader de l’opposition, qui reçoit un salaire mensuel de Rs 253 000 des deniers publics, a le devoir de poser des questions. Il a abdiqué. Il a peur d’entendre la vérité. Voilà pourquoi je l’ai traité de ‘poltron’. Ceci démontre qu’il y a eu une machination avec la bénédiction de l’opposition car celle-ci n’a pas voulu écouter la vérité. C’était une occasion en or pour Paul Bérenger de poser toutes les questions supplémentaires qui selon lui étaient pertinentes. Je lui lance un défi pour un débat télévisé, ou toute autre plateforme qui lui convient, pour qu’on discute en face à face du projet Heritage City et qu’il fasse les révélations qui lui plaisent ce jour-là