Publicité

Venezuela: l'opposition revendique la majorité lui conférant de larges pouvoirs et défie les chavistes

7 janvier 2016, 07:34

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Venezuela: l'opposition revendique la majorité lui conférant de larges pouvoirs et défie les chavistes

Désormais majoritaire au Parlement vénézuélien, l'opposition a défié d'entrée le pouvoir chaviste en investissant mercredi les trois députés anti-chavistes suspendus par la justice, revendiquant ainsi la majorité des deux-tiers (112 sièges sur 167) qui lui confère de larges pouvoirs.

Avec 112 sièges sur 167, l'opposition passe de la majorité des trois cinquièmes à celle des deux-tiers, avec laquelle elle peut convoquer un référendum, mettre en place une assemblée constituante, voire chasser le président Nicolas Maduro via une réduction de la durée de son mandat.

L'opposition s'est donné "six mois" pour faire partir le président de manière constitutionnelle.

Dans la foulée, le chef de file des députés chavistes (du nom du président défunt Hugo Chavez, au pouvoir de 1999 à 2013) et numéro deux du régime, Diosdado Cabello, a refusé de reconnaître ces trois nouveaux députés et annoncé un recours devant le Tribunal suprême de justice (TSJ).

La plus haute autorité judiciaire du pays sera un acteur-clé de la bataille institutionnelle qui s'ouvre entre le parlement d'opposition et le pouvoir chaviste en place, estiment les analystes. Or, l'opposition estime que le TSJ est acquis au chavisme, qui y a nommé de nouveaux juges fin décembre.

Au Venezuela, le chavisme demeure puissant malgré sa défaite aux élections législatives car il concentre tous les autres pouvoirs: exécutif, armée, justice.

"Nous allons saisir le Tribunal suprême de justice et introduire un recours. Les citoyens investis mercredi ne sont pas des députés", a déclaré le chaviste Diosdado Cabello. "Il n'y a pas de conflit de pouvoirs, il y a une violation de la Constitution", a-t-il ajouté.

- Crise constitutionnelle -

"Nous nous retrouvons avec une crise constitutionnelle en moins de 24 heures (...) ce qui sera voté en présence de ces députés sera considéré comme nul", a résumé un autre député chaviste, Elias Jaua.

Mercredi, la nouvelle Assemblée nationale, où les portraits d'Hugo Chavez ont été décrochés, a ouvert ses travaux avec l'investiture des ces trois nouveaux députés de l'opposition.

La veille, seuls 163 des 167 députés élus le 6 décembre avaient été investis pour cinq ans, le TSJ ayant décidé fin décembre, après un recours des chavistes, de suspendre l'élection de quatre députés dans l'Etat d'Amazonas (sud), trois opposants et un chaviste.

Les élections législatives de décembre ont vu la victoire écrasante de la coalition d'opposition (112 sièges), réunie sous le nom de Table de l'unité démocratique (MUD) et allant de la gauche modérée à la droite dure, contre 55 députés pour le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV), hégémonique depuis 1999.

"A partir d'aujourd'hui, les choses changent ici", avait prévenu mardi Henry Ramos Allup, le nouveau président de l'Assemblée, en évoquant ouvertement le départ de Maduro.

En réponse au défi de l'opposition, le président avait assuré mardi qu'il défendrait d'une "main de fer" la démocratie et la stabilité du pays et affirmé que l'opposition ne le ferait pas "reculer ni trembler", laissant présager une intense confrontation.

"Qu'ils convoquent un référendum révocatoire et le peuple décidera", a-t-il soutenu, tout en estimant que "s'ils tentent d'emprunter d'autres chemins, ce sera là encore, avec la Constitution dans la main, le peuple qui décidera".

Maduro a également promis de présenter un plan d'urgence économique, disant compter sur le soutien de l'Assemblée. Un changement de gouvernement était aussi attendu mercredi.

Le Venezuela, qui possède les plus grandes réserves pétrolières du monde, a vu son économie s'effondrer ces derniers mois au même rythme que les cours du brut. Pénuries au quotidien et inflation galopante (200% selon les experts) suscitent un mécontentement populaire qui a profité à l'opposition.

"C'est compréhensible, vu la situation du pays, qu'ils (l'opposition) veuillent sortir de l'ère Maduro mais ils doivent surtout écouter les préoccupations et s'occuper de la crise économique", souligne l'analyste Nicmer Evans.